Près de quatre ans après s’être introduits dans un hémicycle du conseil régional d’Occitanie, trois individus et Emmanuel Crenne, un royaliste, ont été jugés par le tribunal correctionnel de Toulouse ce jeudi 22 mai.
« J’ai cru qu’il se passait quelque chose de grave. Nous avons entendu des cris et vu des individus pénétrer dans les lieux », raconte un vigile présent au conseil régional d’Occitanie en 2021. Ce jeudi 22 mai, trois personnes et Emmanuel Crenne, royaliste et ex-membre du groupe Front national, étaient jugés suite à une action coup de poing menée dans l’hémicycle. « Je regrette que seul monsieur Crenne soit présent. Les trois manifestants auraient dû venir », constate d’emblée la présidente du tribunal correctionnel de Toulouse.
Le 25 mars 2021, en pleine pandémie, une dizaine d’hommes pénètrent en pleine audience, alors que l’accès est filtré. Ils bousculent alors le service de sécurité pour afficher une banderole sur laquelle on pouvait lire : « Islamo-gauchistes – traîtres à la France », signée par l’Action française, un groupuscule d’extrême droite. Peu après, Emmanuel Crenne, fervent opposant à Carole Delga, accuse la présidente de la Région de « trahison envers la France en collaborant avec l’islamo-gauchisme « .
L’homme politique, jugé pour outrage, se défend. « Ce qui se dit dans un hémicycle, c’est différent d’une discussion dans la rue. Il y a un affrontement verbal. J’expliquais ici qu’elle avait été compromise en étant photographiée avec un imam controversé, Mohammed Tataïat », explique-t-il à la barre. « Ayant des origines juives, je ne peux tolérer le comportement de ce religieux », poursuit-il.
Des amendes pour ceux qui se sont introduits
Il nie avoir coordonné l’action des intrus et les avoir aidés à pénétrer dans le conseil régional. « Pourtant, lorsque la police a attrapé trois d’entre eux, les enquêteurs ont mis la main sur des conversations. Des éléments attestent que l’opération avait été minutieusement préparée », estime la procureure de la République.
« Employer certains mots par un homme lettré, ce ne peut pas être anodin. La France a une histoire, ces termes ont profondément choqué ma cliente », plaide Me Simon Cohen, représentant de Carole Delga.
La procureure requiert la relaxe. En revanche, elle demande 2 000 € d’amende, dont 1 000 € avec sursis, pour un manifestant, et 1 000 € dont 500 € avec sursis pour ses deux complices.
La décision est mise en délibéré au 3 juillet 2025.