Joueur du Bétis Séville, le Toulousain Romain Perraud va affronter Chelsea en finale de la Ligue Conférence ce mercredi 28 mai. Un club pour lequel il s’est pris de passion alors qu’il était enfant, à l’occasion d’un voyage en famille à Londres.
Ce mercredi soir à Wroclaw, en Pologne, l’histoire va faire, encore, un joli clin d’œil à Romain Perraud. Maillot du Bétis Séville sur le dos, le Toulousain de 27 ans va non seulement y disputer la première finale européenne de sa carrière, mais il va le faire face à Chelsea, le club dont il est amoureux depuis l’enfance et avec lequel il a déjà tissé certains de plus beaux moments de son parcours. L’histoire est celle d’un gamin de 10 ans, déjà fou de ballon, qui récite ses gammes à Blagnac et s’assoit le week-end dans les tribunes du Stadium de Toulouse, où il est abonné ; mais en ce début de mois de novembre 2008, c’est à Londres qu’il se trouve, en visite avec sa famille.
« On en profite pour aller voir un match, et on décide, un peu par hasard, d’aller à Chelsea », raconte le latéral gauche. Problème : sans carte d’abonné, sans connexion sur place, impossible d’acheter des places pour le match à Stamford Bridge, à guichets fermés. « Mais mon père, ce jour-là, c’est un papa qui essaye par tous les moyens de faire plaisir à son fils. » Le paternel finit par dégoter deux tickets au marché noir et s’installe avec Romain dans les travées de l’enceinte de 40 000 places de l’ouest londonien. Ce jour-là, les Blues en collent cinq à Sunderland avec un triplé d’Anelka : « C’est mon premier match à l’étranger, dans le stade d’une grande équipe… Ça me laisse beaucoup d’images, et c’est le début d’une passion pour ce club », rembobine Perraud, qui précise : « à côté du TFC, bien sûr. »
« Je me disais : mais c’est dingue »…
En grandissant, le futur joueur du Stade Brestois est bercé par les aventures de l’une des meilleures équipes européennes de l’époque, qui décroche sa première Ligue des champions en 2012. Le soir, il s’endort sous un immense poster de Didier Drogba. Plus tard, il revient plusieurs fois dans les tribunes du mythique stade anglais, notamment entre potes à l’occasion du Boxing Day, alors qu’il évolue au Paris FC. Romain Perraud a une vingtaine d’années, et ne se doute probablement pas que son histoire avec Chelsea n’en est qu’à ses balbutiements.
Le 2 juillet 2021, après deux saisons réussies en Ligue 1, il signe à Southampton, avec qui il va découvrir la Premier League anglaise. Remplaçant lors des deux confrontations face à Cheslea lors de sa première saison avec les Saints, il sera en revanche titulaire lors des deux matchs l’année suivante. Passeur décisif à l’aller (victoire 2-1 de Southampton), il est élu homme du match au retour à Stamford Bridge, où son équipe s’impose 1-0. « Déjà la première année, en étant sur le banc, je me disais : ‘mais c’est dingue’. Et la saison suivante, j’ai la famille, les grands-parents, qui sont dans la tribune, je fais cette passe décisive, c’est un moment incroyable. Le match retour arrive au mois de février et je suis élu homme du match… Mon père et ma mère étaient dans le parcage de Southampton. 15 ans plus tard, c’était complètement dingue d’être sur le terrain. Je ne sais pas comment l’expliquer, c’est le destin qui a fait les choses. Je revois les images à la fin, c’est un moment très riche en émotions, avec beaucoup de fierté. »
Boucler la boucle
L’histoire de Romain Perraud est aussi celle d’un homme qui n’a oublié ni pourquoi il aime ce sport ni le regard qu’il lui portait enfant, d’un passionné du jeu et de ses acteurs. Collectionneur de maillots, il avait récupéré celui de l’Anglais Mason Mount après avoir affronté Chelsea. Plus récemment, après avoir affronté l’Atlético de Madrid le 18 mai, il aurait aimé mettre la main sur celui d’Antoine Griezmann (« ce qu’il a fait là-bas et en Liga est exceptionnel »), mais il n’a pas pu et s’est rabattu sur celui de Conor Gallagher, formé chez les Blues. Un nouveau clin d’œil de l’histoire pour le Toulousain, qui a trouvé à Séville, sixième de Liga cette saison, où il a signé en juillet dernier, ce qu’il recherche depuis le début de sa carrière : « une très belle ville, un club à la ferveur incroyable et une belle osmose dans l’équipe. »
Avec les Andalous, il aura ce mercredi l’occasion de boucler la boucle de la plus belle des manières, même si les choses ont changé : « Maintenant, avec l’expérience, les années professionnelles, c’est différent. Tu as moins d’étoiles dans les yeux, tu as moins d’excitation, tu perds moins d’énergie. Je prends ça comme un signe fantastique, mais avec beaucoup plus de motivation et de concentration. » Aussi et surtout parce qu’à la clé, il y a un titre à décrocher. « Peut-être le premier de ma carrière… »