Attendue par les supporters du Stade Toulousain, la demi-finale du Top 14 qui oppose les coéquipiers d’Antoine Dupont à Bayonne marque le début de l’épilogue de la saison. Une rencontre pour laquelle les supporters Rouge et noir ne seront pourtant pas présents en très grand nombre.
Cette saison, le Stade Toulousain n’a plus que le championnat domestique pour briller. Ce vendredi 20 juin, les Rouge et Noir vont devoir croiser le fer avec leurs homologues bayonnais dans le cadre de la première demi-finale du Top 14. Une rencontre que les aficionados du championnat attendent avec fébrilité, impatients d’assister enfin à l’épilogue de cette saison, mais peut-être plus encore par les supporters toulousains, qui espèrent que leur équipe ira glaner un 24e titre. Pourtant, derrière cette excitation apparente, c’est un sentiment bien plus mitigé qui ressort parmi les plus fervents supporters.
« Nous sommes un peu victimes de notre propre succès »
Une organisation lourde et souvent précaire, selon « Momo », trésorier du club de supporters l’Ovalie Toulousaine. « Cela devient vraiment difficile de s’organiser », entame-t-il. Sur ce genre d’événements, lui et le président du club de supporters doivent penser à tout. De l’achat des places au déplacement, en passant par l’hôtel et l’animation, il faut être sur tous les fronts. « Pour cette rencontre, nous avons vingt-deux personnes qui vont monter à Lyon pour aller supporter le club. Les déplacements ont été prévus de longue date, mais seront individuels. Un seul abonné prendra le bus », explique-t-il.
« Nous sommes tributaires de Canal +. Généralement, nous ne savons que la semaine précédente quand et à quelle heure aura lieu le match. Au niveau de la billetterie, c’est très court. D’autant plus sur des demi-finales ou des finales », renchérit-il. « À Toulouse, c’est d’autant plus difficile que le club a des supporters dans la France entière, voire dans le monde entier. Au final, nous sommes un peu victimes de notre propre succès », analyse Momo sans concession.
« Cette année, c’est un stade qui ne parle pas à grand monde »
Un constat partagé par Jean-Marc Arnaud, président du club de supporters Le Huit. « Le nombre de supporters abonnés prêts à se déplacer est assez faible. Ça s’explique aussi par le fait que le match ait lieu un vendredi. Il faut poser un jour de repos, c’est compliqué », détaille celui qui a quand même réussi à prévoir trois bus de supporters pour monter à la LDLC Arena de Lyon. « L’année dernière, à titre d’exemple, sur la demi-finale nous avions sept ou huit bus. Cette année, c’est un stade qui ne parle pas à grand monde, c’est loin, et surtout c’est coûteux ».
« Nous sommes des riches qui devons nous déplacer »
Pour pouvoir accéder au précieux sésame, un forfait comprenant la place pour le match et le déplacement, il fallait en effet débourser la modique somme de 120 €. « On paie l’image du club. Nous sommes des riches qui devons nous déplacer. C’est une formule un peu amère, mais qui traduit un vrai ressenti d’inégalité parmi les supporters », explique Jean-Marc Arnaud. « C’est dommage, car pour les supporters de Bayonne, par exemple, qui vont venir depuis beaucoup plus loin que nous, ils payent deux fois moins. Leur forfait était à 55 € il me semble ».
« En tant que supporters, on se sent vraiment délaissés. C’est dommage, car le Stade, c’est toute notre vie. On n’a pas vocation à critiquer le club ou la Région, mais on se demande tout de même où passent les aides. C’est aussi valable sur les déplacements à l’étranger : on atteint parfois des forfaits à 680 ou 700 € pour la journée uniquement ! On ne veut pas se mettre en porte-à-faux, mais ce sont des questions qu’on se pose et que l’on va devoir mettre sur la table avec les dirigeants. Il est temps de tirer le signal d’alarme », conclut-il.
La tête déjà à la finale ?
Sur le papier, cette rencontre entre le Stade Toulousain et l’Aviron Bayonnais semble la plus déséquilibrée. Le Stade, champion en titre, va affronter une équipe plus aperçue à ce niveau de la compétition depuis quarante-trois ans et qui sera privée de plusieurs de ses cadres. Une situation qui pousse donc certains supporters Toulousains à penser déjà à la finale.
« Beaucoup sont déjà concentrés sur une éventuelle place en finale. Cela n’aide pas les supporters à venir jusqu’à Lyon pour ce match. Surtout quand on voit que la finale aura lieu une grosse semaine après la rencontre. Cela fait beaucoup d’argent à dépenser en peu de temps » explique Momo. « Au coup de sifflet final, ça va être très chaud pour avoir des places. J’espère que j’aurai du réseau » espère-t-il, confiant de la performance à venir de son équipe de cœur.