Les versions données par la mère et son fils ont fini par changer et le duo a été écroué. Après le meurtre d’un père de famille à Loubens-Lauragais, dans l’est de Toulouse (Haute-Garonne), une femme d’une quarantaine d’années et son adolescent de 16 ans ont été mis en examen. Ils sont soupçonnés d’avoir battu à mort la victime et d’avoir tenté de dissimuler leur crime pendant plusieurs jours aux yeux des autorités, relate le procureur de la République.
Dans la nuit du 9 au 10 mai dernier, vers 5h30 du matin, la compagne alerte les pompiers : son compagnon est décédé chez eux. Au médecin du Samu, la quadragénaire explique qu’ils se sont disputés « verbalement et sans violence » et que la victime, qui souffre d’une dépression, pourrait avoir succombé à « une intoxication médicamenteuse ».
Le fils de la compagne confirme qu’une dispute « sans violence » a bien éclaté ce soir-là, qu’il avait séparé les adultes avant que la victime ne prenne ses médicaments. Première version, relate le parquet de Toulouse.
« Un hématome important de la région faciale »
Le médecin du Samu refuse de délivrer un certificat de décès et une enquête en recherches des causes de la mort est ouverte. Une autopsie est alors ordonnée et elle montrera que le défunt a subi « plusieurs traumatismes » qui auraient conduit à sa mort. Loin de l’hypothèse d’une overdose par médicaments.
La victime aurait ainsi essuyé des coups à la tête, notamment au crâne. Le médecin légiste relève ainsi « un hématome important de la région faciale ». L’expert médico-légal énumère par ailleurs « une fracture costale vitale » et « une fracture du foie qui suggère un traumatisme violent ».
Les enquêteurs apprennent aussi que depuis septembre 2024, une procédure pour violences conjugales est ouverte à l’encontre de la victime : la mise en cause avait appelé les pompiers mais l’enquête n’avait pas permis de déterminer « qui était à l’origine des violences réciproques légères ». Personne n’avait déposé plainte et l’affaire avait été classée pour « infraction insuffisamment caractérisée ».
Un ami contacté avant les pompiers
Changement de braquet, c’est désormais pour « meurtre sur conjoint » que les gendarmes enquêtent. Et c’est comme cela qu’il est découvert que la mère de famille a appelé deux fois un ami dans la nuit du décès. Le tout peu de temps avant d’alerter les pompiers.
Mère, fils et ami sont placés en garde à vue. Et c’est une nouvelle version qui est servie en audition. La mère explique qu’une dispute a bien éclaté sur fond d’alcool et que son compagnon s’en est pris à elle cette nuit-là. La victime l’aurait « frappée », l’aurait menacée avec une barre de fer, elle se serait défendue en lui tirant les cheveux et en le frappant au ventre à coups de pied. Puis elle aurait perdu connaissance et n’aurait repris ses esprits que quand son fils lui aurait porté secours.
Pendant ce temps-là, toujours selon la version de la quadragénaire, détaillée par le procureur de la République de Toulouse, la victime serait partie dormir dans le lit conjugal. Elle se serait endormie dans le canapé du salon. Et ce n’est qu’au petit matin qu’elle aurait constaté que le défunt ne respirait plus.
De son côté, face aux gendarmes, le fils du couple confirme cette version de la soirée et « ses interventions pour séparer ses parents ». L’adolescent explique avoir probablement « bousculé son père ou sa mère à cette occasion ».
Ils ont nettoyé la scène de crime
Mère et fils révèlent aux enquêteurs « avoir nettoyé le sol jonché de verre cassé avant l’arrivée des secours et des débris de verre étaient effectivement retrouvés dans une poubelle du logement ».
En garde à vue, l‘ami, contacté plusieurs fois dans la nuit par la mise en cause explique qu’elle lui aurait raconté « avoir été victime de violences conjugales et avoir été protégée par son fils ». L’ami nie cependant avoir été informé du décès.
La mise en cause a elle aussi été examinée par un médecin légiste. Si elle évoque « des trous de mémoire » concernant les zones d’ombre de la terrible soirée, la mère de famille des bleus « au niveau de l’œil, de la hanche et un sur chaque cuisse ». Lors d’une perquisition, les enquêteurs découvrent une barre de fer dans le jardin et une batte de base-ball dans la chambre.
Tous mis en examen, la mère écrouée
La quadragénaire a été mise en examen pour meurtre par conjoint et modification de scène de crime ; le fils pour meurtre sur ascendant et modification de scène de crime ; et l’amour non-dénonciation de crime.
Si la mise en cause a été écrouée, le fils mineur a été placé sous contrôle judiciaire. Le parquet a fait appel. L’ami a été placé sous statut de témoin assisté.