Biomass a été lancé avec succès par une fusée Vega-C, depuis le port spatial de Kourou, mardi 29 avril 2025. Ce satellite, construit par Airbus pour l’Agence spatiale européenne (ESA), peut donc commencer sa mission de surveillance forestière, depuis une altitude de 666 kilomètres. Son objectif est de quantifier la biomasse, c’est-à-dire la matière organique riche en carbone contenue dans les forêts de la planète.
« La biomasse fournira aux scientifiques et aux climatologues des données inédites sur l’état des forêts mondiales, améliorant ainsi la compréhension du cycle climatique. Le satellite est désormais en orbite et prêt à livrer ses précieuses données », a déclaré Alain Fauré, responsable des systèmes spatiaux chez Airbus Defence and Space.
Un radar exceptionnel
Le satellite embarque même le premier radar spatial à bande P, qui permettra de fournir des cartes précises de la biomasse des forêts tropicales, tempérées et boréales. En effet, ledit radar peut pénétrer les couverts forestiers jusqu’à 40 mètres de profondeur et traverser le feuillage, et donc voir la biomasse logée dans les branches et les troncs.
« Biomass est une mission novatrice en ce sens qu’on utilise un radar, non pas pour faire de l’image, mais pour extraire de son signal une donnée biophysique », ajoute Thierry Koleck, chef de projet Biomass au CNES. En effet, pendant des années, ingénieurs et scientifiques ont planché sur des algorithmes permettant de convertir le signal radar en données pertinentes. Un véritable défi, d’autant plus que le signal peut être impacté par de nombreux paramètres extérieurs comme le vent, l’humidité ou encore les chutes d’arbres.
Biomass est équipé d’une grande antenne satellite de 12 mètres. © Airbus
Au-delà des forêts
En outre, la qualité des informations fournies par Biomass et des cartes produites par le satellite est optimisée par le réseau international GEO-TREES, dont le but est de créer un véritable inventaire forestier et surtout une banque de données mondiale et homogène. « Il s’est construit une communauté scientifique solide autour de cette mission. Dans le monde mais également en France », se réjouit Thierry Koleck.
Au-delà de cette ferveur mondiale autour de la cartographie des forêts, le satellite Biomass peut être l’objet d’autres utilisations. Grâce à son fameux radar à bande P, il pourrait par exemple révéler ce qui se cache sous les glaces ou sous le sable. Un véritable bijou technologique au service de la science.
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