« Là où il y a des enfants, le tabac doit disparaître », déclarait la ministre de la Santé dans un entretien accordé au journal Ouest-France, ce jeudi 29 mai. Dans cette optique, Catherine Vautrin a confirmé qu’il sera bientôt interdit de fumer dans plusieurs espaces publics, notamment les plages, les jardins, les abords des écoles, les abribus ou encore les équipements sportifs. Le décret, qui devrait entrer en vigueur le 1er juillet 2025, concernera l’ensemble du territoire français, y compris Toulouse.
« Vers la première génération sans tabac »
Ce décret s’inscrit dans le cadre du plan national de lutte contre le tabac 2023-2027, initié par Aurélien Rousseau. Ce programme, articulé autour de « 5 engagements forts et 26 mesures », vise à « bâtir la première génération sans tabac à l’horizon 2032″.
Dans cette même dynamique, la France a progressivement interdit la cigarette dans les lieux publics. Une étape marquante de cette évolution législative reste la loi du 1er février 2007, interdisant de fumer dans « tous les lieux fermés et couverts accueillant du public ». Ainsi, il existe aujourd’hui plus 7.000 lieux publics sans tabac en France, dont 500 plages.
Les efforts déployés ces vingt dernières années semblent porter leurs fruits : en 2023, moins d’un quart des adultes âgés de 18 à 75 ans fumaient quotidiennement en France, un chiffre qui représente « la prévalence la plus faible jamais enregistrée depuis 2000 », selon l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives.
Une réponse à un enjeu de santé publique
« Le tabac est un poison : il tue, il coûte, il pollue », rappelle la ministre de la Santé. À l’origine de 75.000 décès chaque année (soit 200 par jour) il demeure la première cause de mortalité évitable dans l’Hexagone. Et l’Occitanie n’est pas épargnée : en 2021, elle comptait 1,2 million de fumeurs quotidiens.
Catherine Vautrin insiste particulièrement sur la protection des enfants contre le tabagisme passif, un danger bien réel. D’après l’Académie de médecine, la fumée de cigarette est :
la source la plus dangereuse de pollution de l’air domestique, en raison de sa concentration élevée en produits toxiques, mais aussi parce que l’on y est exposé à tout âge et pendant des périodes beaucoup plus longues que celles où l’on subit une pollution atmosphérique extérieure ».
Chez les jeunes enfants, elle peut entraîner :
- Une irritation des yeux, du nez et de la gorge ;
- Une fréquence accrue des rhinopharyngites et des otites ;
- Un risque aggravé de crises d’asthme et d’infections respiratoires comme la pneumonie ou la bronchite ;
- Une diminution, certes faible mais significative, du développement pulmonaire.
À cela s’ajoute un coût social estimé à 150 milliards d’euros par an, sans compter l’impact écologique lié aux quelque 20.000 à 25.000 tonnes de mégots jetés chaque année en France.
Aussi, et bien que l’interdiction ne concerne pas le vapotage, Catherine Vautrin précise que les arômes seront bientôt strictement limités, et que leur taux de nicotine sera réduit, et ce afin « de briser la dépendance dès la racine ».
Une mesure qui reste à définir pour les villes françaises
Annoncée jeudi 29 mai, cette mesure doit encore se préciser dans les semaines à venir. Pour l’heure, il est prévu qu’enfreindre cette interdiction expose à une contravention de 4e classe, soit 135 euros. La police nationale et municipale seraient vraisemblablement chargées de veiller à son application. À Toulouse, la nouvelle suscite des réactions contrastées, notamment de la part d’Émilion Esnault, adjoint au maire en charge de la sécurité.
Si cette mesure devait concerner les policiers municipaux, on peut quand même déplorer l’absence de concertation en amont. C’est quand même une mission en plus », confie-t-il à L’Opinion Indépendante.
Une mission supplémentaire dont les modalités restent floues, et qui semble reléguée au second plan pour l’élu toulousain.
Je ne remets pas en cause l’utilité d’une telle mesure. Mais dans la pratique, on peut s’interroger sur le fait qu’aujourd’hui un policier ne peut pas interpeller, ni mettre une amende forfaitaire sur un vendeur de cigarettes à la sauvette devant un lycée », déplore-t-il.
Et de conclure : « La priorité des priorités restera la lutte contre la délinquance ».
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