Un souffle artistique dans une époque tendue. Dans un climat marqué par des baisses de financements pesant sur les mondes de l’art et de la culture, le WEACT #16 a choisit de ne pas fléchir. Bien au contraire : cette édition s’impose comme une « scène active de la création contemporaine » en plein cœur de la métropole toulousaine, qui offre une programmation dense, diversifiée et engagée. Du BBB centre d’art aux Abattoirs en passant par des espaces plus intimes comme La Véranda ou le Castelet, l’évènement fédère 22 structures du réseau PinkPong, tout comme des musées et collectifs indépendants.
Exposition « Retours à Beyrouth » de Gabriele Basilico à la Galerie Le Château d’Eau, 2023. © Sophie Soum
Une ville en mouvement
Le programmation se déploie sur cinq jours, du 4 au 8 juin, et investit tous les recoins de Toulouse et sa région : de Colomiers à Labège, de Blagnac à Villeneuve-Tolosane. Dès demain, mercredi 4 juin, le ton sera donné avec le vernissage des Fondations mouvantes de Néphéli Barbas au BBB centre d’art. Le rendez-vous promet une plongée introspective dans une « archéologie du futur », portée par plusieurs thèmes : la persistance, les basculements ou encore le pouvoir de la fiction.
Autre point fort du WEACT : les parcours bus gratuits, qui permettent d’enchaîner plusieurs visites en une après-midi, du Castelet au Majorat en passant par Odyssud par exemple.
Des expos pour interroger le monde
Plusieurs expositions phares s’ancrent dans les urgences sociales, politiques et écologiques. À la Galerie Le Château d’Eau, Anaïs Tondeur propose Ce que les yeux ne saisissent, un travail à la croisée de la photographie analogique et de la conscience environnementale. Elle « explore de nouvelles façons de raconter le monde, porteuses de transformations de notre relation aux autres, au vivant et aux grands cycles de la terre ».
Du côté du Castelet, Tatouages et Prisons – Des murs sur la peau donne à voir une histoire du tatouage carcéral de 1870 à nos jours. Une approche à la fois « anthropologique, historique, géographique et artistique » enrichie par une table ronde et un atelier de street art.
Anaïs Tondeur sera également exposée dans le cadre d’Une Saison Photo à Toulouse, lancée dès aujourd’hui. © Anaïs Tondeur
Familles choisies, corps visibles et zones invisibles
La thématique de la famille est aussi transversale à plusieurs lieux, comme au Lieu-Commun avec Famille de chœurs – Faire Famille, une exposition collective conçue pour Le Nouveau Printemps, jumelé au WEACT. Ici, les visiteurs explorent « les peines et les joies, parfois vertigineuses, que les relations familiales […] procurent ».
Trois expositions réalisées pour le Nouveau Printemps seront accessibles à Lieu-Commun : Enthéorie de Jérémie Danon, une œuvre des étudiants de l’isdaT et Faire Famille. © Metro, Jean-Michel Poinet & Venus hors de son-coquillage, 150 x 200cm MilenaMeyer
De son côté, Élisa Haberer à la Maison Salvan documente le travail invisible des agents de nettoyage, en interrogeant « les liens entre l’individuel et le collectif, la visibilité et l’invisibilité dans le monde du travail ». Un hommage sensible et politique aux gestes du soin quotidien.
Et ce soin se retrouve encore dans l’exposition de Clara Denidet au Pavillon blanc Henri-Molina, où « la fissure, la faille, la brèche » deviennent « l’émergence d’une forme nouvelle », mise en valeur par l’assemblage d’objets glanés, recousus, transformés.
Un week-end, mille voix
Le WEACT 2025 est aussi une fenêtre vivante et vibrante : marché de l’objet graphique à La Fôret Électrique, projections en plein air, concerts, performances immersives, et une auberge espagnole avec l’artiste Louise Aleksiejew au cœur d’un salon transformé en galerie éphémère.
Son œuvre témoigne d’un goût certain pour le parasitage des registres stylistiques plus que du détournement », résument les organisateurs.
Installée dans une ancienne halle industrielle du quartier Bonnefoy, La Forêt Électrique organise plusieurs évènements autour du 7e art. © La Forêt Électrique (Facebook)
Enfin, les talents émergents seront aussi à l’honneur avec l’exposition anniversaire des dix ans du Prix Mezzanine Sud aux Abattoirs. Les lauréates Socheata Aing, Mélodie Bajo et Clara Gaget y exposent « des projets inédits où se déploie leur univers artistique, offrant une expérience presque immersive ».
L’édition anniversaire des dix ans de Mezzanine Sud sera accessible jusqu’au 31 août 2025 aux Abattoirs. © Les Abattoirs
Une cartographie de la création
À travers le WEACT #16, le réseau PinkPong confirme sa volonté de « favoriser et promouvoir la création artistique contemporaine, de fédérer ses acteurs autour d’enjeux partagés ainsi que de faciliter l’accès et la compréhension de l’art contemporain au public le plus large ». Dans un moment où les arts visuels sont fragilisés, ce week-end toulousain offre un espace d’oxygène, de réflexion, de joie et de militantisme esthétique.
Exposition « La Couleur du Merveilleux » de Laure Devenelle à l’espace Odyssud, 2023. © Sophie Soum
Le rendez-vous est donc donné :
Toujours gratuite et ouverte à tous·tes, cette nouvelle édition offre une multitude de rendez-vous à ne pas rater. »
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