La solidarité comme priorité. Ce mardi 24 juin, les élus du Conseil départemental de la Haute-Garonne ont acté deux grandes priorités sociales pour 2025 : la lutte contre les violences faites aux femmes et le soutien à l’aide alimentaire. En débloquant plus de 550.000 euros d’aides à destination d’associations engagées sur le terrain, la collectivité affirme son rôle de chef de file de la solidarité locale. Alors qu’il se montrait profondément inquiet en octobre dernier, face aux menaces qui pèsent sur les « politiques de solidarité », en raison des baisses de dotations en Haute-Garonne, Sébastien Vincini, président du Conseil départemental, a tenu à rassurer : les aides aux structures sociales seront bel et bien renouvelées :
Dans le contexte financier inédit que traverse notre collectivité, nous préservons notre mission première de solidarité envers les plus fragiles ».
Des moyens accrus pour lutter contre les violences faites aux femmes
Depuis plusieurs années, le Département se veut un acteur de référence en matière de lutte contre les violences faites aux femmes. En 2025, il renouvelle son soutien financier à dix associations spécialisées à hauteur de plus de 227.000 euros (un montant identique à 2024). Ce financement est accompagné d’un partenariat renforcé avec les services sociaux et médico-sociaux, et la création de groupes de travail thématiques pour affiner les réponses, notamment dans les territoires ruraux.
Un soutien essentiel, comme le souligne Sébastien Vincini :
Le combat pour l’Égalité femmes-hommes commence par la lutte contre les violences faites aux femmes. C’est notre priorité ».
Cet engagement se traduit aussi par une implication directe dans l’Observatoire départemental des violences faites aux femmes, co-piloté avec la Préfecture et 200 professionnels depuis 2021.
Parmi les dispositifs concrets soutenus, on retrouve les « bons taxis », coordonnés par le CIDFF 31, qui permettent de transporter en urgence les femmes victimes de violences conjugales. Le Département figure également parmi les premiers soutiens de la Maison des femmes, inaugurée le 3 mars dernier à Toulouse et portée par le CHU, pour un accueil inconditionnel et global des victimes.
Autre nouveauté d’ampleur : le lancement, le 25 mars dernier, d’un dispositif inédit de garde d’enfants à destination des femmes victimes de violences. Ce service mobile, ponctuel et flexible permettra aux mères de confier leurs enfants en toute sécurité afin d’effectuer les démarches nécessaires à leur reconstruction. Une avancée pensée pour répondre à une urgence souvent invisible.
Les associations expertes, présentes au quotidien sur le terrain, restent nos partenaires indispensables pour mener ce combat complexe et nécessaire afin d’éradiquer ce fléau insupportable de notre société », rappelle le président du Conseil départemental.
Face à la précarité alimentaire, un maillage solidaire renforcé
L’autre volet majeur voté le 24 juin concerne l’aide alimentaire. Constatant la hausse continue de la précarité, le Département maintient en 2025 son soutien à hauteur de 325.120 euros, à destination des principaux acteurs de l’aide alimentaire en Haute-Garonne.
Les quatre grandes associations « têtes de réseau » (Restos du cœur, Restos BB, Banque alimentaire, Secours populaire) reçoivent une subvention renouvelée, tout comme les structures de proximité assurant la distribution de colis alimentaires : Aliméco, Aidons-nous, La Traversée, Les équipes de Saint-Vincent. Ce réseau complémentaire couvre l’ensemble du territoire.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : en 2024, les Restos du cœur ont distribué plus de 2,2 millions de repas dans 37 centres, la Banque alimentaire a redistribué plus de 3.600 tonnes de denrées à une vingtaine d’associations chaque semaine, tandis que le Secours populaire a aidé 31.000 personnes, dont plus de 300 étudiants chaque semaine.
Des modèles alternatifs pour une alimentation durable et équitable
Au-delà de l’aide d’urgence, le Département veut aussi favoriser des modèles alimentaires plus durables et inclusifs. Il soutient ainsi le Groupement des Épiceries Sociales et Solidaires (GESMIP), qui promeut une alimentation de qualité, locale et accessible. Au programme : circuits courts, maraîchage, et ateliers de cuisine pour reconnecter les publics avec le produit et la terre.
Mais c’est sans doute le projet Caissalim, expérimenté depuis 2023, qui incarne le mieux cette volonté de réinventer les solidarités alimentaires. Lancé par l’INRAE et 16 acteurs du territoire, le dispositif propose un accès universel à une alimentation locale et durable via des « caisses citoyennes d’alimentation ». Quatre territoires toulousains sont déjà concernés (Nord, Est, Ouest, Sud), avec un projet en développement dans le Comminges.
Le principe est simple mais novateur : chaque adhérent cotise selon ses moyens et reçoit en retour une allocation de 100 euros, utilisable dans un réseau engagé de producteurs et distributeurs. Une carte Vitale de l’alimentation en somme, pour garantir l’égalité d’accès et une juste rémunération des producteurs. Le Département a investi 30.000 euros dans ce projet en 2024 et renouvelle son soutien en 2025.
Justice sociale, justice climatique : un combat commun
Pour Sébastien Vincini, l’enjeu dépasse la seule urgence sociale :
Il s’agit de garantir un accès à l’alimentation et de promouvoir un modèle de production et de distribution plus vertueux, plus responsable pour la planète. Parce que la justice sociale et la justice climatique sont étroitement liées, nous devons rester mobilisés pour que la nécessaire bifurcation écologique ne laisse personne sur le bord du chemin ».
Une ambition qu’il rappelait, sans détour, ce lundi 23 juin, à l’occasion de la présentation de la feuille de route bifurcation écologique 2025-2030 :
L’écologie sans lutte des classes, c’est du jardinage. »
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