C’est un voyage qui ne s’est pas déroulé comme prévu. Induja, 15 ans, du patronage Don Bosco de Toulouse, est arrivée à Rome le lundi de Pâques pour un voyage de cinq jours à l’occasion du Jubilé des jeunes. Avec son groupe d’une quarantaine de membres, elle devait rencontrer le pape François ce jeudi matin. Mais lundi, l’annonce du décès du chef du plus d’1,4 milliard de catholiques à travers le monde a tout bouleversé. Et ce jeudi, en lieu et place de l’audience papale, son groupe a rejoint le Vatican pour se recueillir devant le cercueil du pape François, dans la basilique Saint-Pierre.
« C’est une atmosphère étrange. C’est à la fois très triste, choquant et bouleversant car on devait rencontrer le pape, pas le voir dans un cercueil », témoigne la jeune fille. Avec son groupe, dirigé par un prêtre, ils ont patienté trois heures dans une longue file serpentant place Saint-Pierre avant de voir la dépouille du pape François dans l’immense basilique. Une attente parfois « oppressante car avec tout ce monde, parfois on se bouscule ». Ils ont ensuite pu se recueillir devant le cercueil en bois clair ouvert du défunt pape, vêtu d’une mitre blanche et d’une chasuble rouge, les mains enserrant un chapelet.
« Il y a une forme de paix »
Le groupe de jeunes Toulousains fait partie des quelque 61.000 personnes qui ont défilé depuis mercredi matin place Saint-Pierre, selon le Vatican. Si la foule est énorme, l’atmosphère sort aussi de l’ordinaire. « C’est bizarre car c’est la première fois que je vois un corps mort. L’atmosphère est solennelle aussi, et il y a une forme de paix », raconte la jeune fidèle. Dans son groupe, « certains prennent plus à cœur que d’autres » ces bouleversements, et des discussions sont menées pour gérer l’émotion liée au décès du souverain pontife et à ce voyage qui s’est totalement transformé.
A Issy-les-Moulineaux, ce jeudi midi, c’est un autre jeune qui est sur le départ. Antoine, 24 ans, va bientôt prendre un vol pour Rome. Depuis plusieurs semaines, il avait prévu d’y passer un grand week-end pour visiter la capitale. Mais au programme, ce ne sera pas pasta caccio e pepe et monuments pluriséculaires. Le jeune homme, de tradition catholique mais qui a redécouvert la foi à 20 ans, part désormais « en pèlerinage ». « Je pars pour rendre hommage au Saint-Père, et je verrai sur place si je peux assister ou non aux funérailles samedi matin, confie le jeune homme. On verra si cela est possible. Je me laisse guider par la providence ».
« C’est le pape de ma génération »
Ce voyage impromptu pour se recueillir devant la dépouille du souverain pontife lui tient très à cœur, de par la personnalité du pape décédé. « Le pape François, c’est le pape de ma génération. Il m’a énormément touché par sa simplicité, sa volonté d’aider les pauvres, de sortir du petit milieu européen, occidental, pour s’étendre au monde entier. Je pense qu’il a réussi a touché des gens, pas que des catholiques occidentaux, avec un message universel, souligne Antoine. Et je trouve ça magnifique que des gens le lui rendent en allant en masse à son enterrement ».
S’il a connu « une grande peine » lundi, à l’annonce du décès du pape François, Antoine vit désormais « la joie et l’espérance qui est celle d’une Église renouvelée, réformée que le pape François a relancée et vitalisée ». En partant en Italie, le jeune homme souhaite désormais « remercier le pape en étant là, à Rome, comme lui a été là pour nous ».