Une violente altercation a eu lieu mercredi 21 mai dans une salle d’audience du palais de justice de Toulouse (Haute-Garonne). Avocats et policiers ont dû intervenir. Un homme a été violenté et évacué, un policier blessé. Des faits rares qui rappellent d’autres violences constatées à Bordeaux. Que s’est-il vraiment passé à Toulouse ?
Une agression violente, en plein tribunal, les faits sont rares. Pourtant, c’est bien ce qu’ont vécu plusieurs avocats présents lors de l’audience du mercredi 21 mai 2025 au palais de justice de Toulouse. Tout commence vers 17h dans la salle d’audience 4.
Une audience se tient en correctionnelle. Une dizaine de prévenus sont dans le box. Une bagarre éclate entre plusieurs personnes.
Jocelyn Momasso Momasso, l’avocat de la défense était présent. « C’était une ambiance classique, avec un peu de tension. On écoutait les débats. Je n’étais pas très loin de l’endroit où s’est passée la bagarre. Et d’un coup, je vois des coups échangés. C’était dans le sas de la salle 4. Il y avait trois personnes qui étaient en train d’en découdre avec une autre personne. Un policier très courageux était en difficulté. Donc, naturellement, je suis intervenu pour les séparer. »
Me Jocelyn Momasso Momasso avocat au barreau de Toulouse dont la toge a été déchirée lors des actes de violence • © FTV
Me Momasso Momasso s’est clairement mis en danger. Dans le feu de l’action, sa robe est déchirée. « Voilà, je vous le confirme. Je ne vais pas demander qu’on me fasse une cagnotte leetchi. Mais bon, en réalité, c’était quand même violent. »
La bagarre se poursuit dans la salle des pas perdus. La victime est blessée et évacuée par ses avocats. Cet homme de 35 ans est partie civile dans un autre volet de cette affaire jugée plus tard aux assises. Audrey Libert avocate de la victime. « Lui, il le vit comme une injustice de ne pas avoir pu assister à cette audience en toute sérénité, et d’avoir été agressé comme il l’a été, de sortir de cette salle avec le visage tuméfié, en sang, le tee-shirt complètement déchiré. Donc oui, lui, il le vit très très mal. »
Il a passé la nuit aux urgences, mais aujourd’hui, il va bien selon Me Libert qui lui avait recommandé de ne pas venir ce jour-là.
L’avocate d’un des prévenus met en doute le comportement de cet homme. Selon Maître Avyn Assa, la victime aurait eu un comportement pas vraiment irréprochable. L’accès à la salle lui aurait été refusé à plusieurs reprises par l’huissier. « Moi, ce que je veux dire et ce que je perçois, c’est qu’il a lourdement insisté, alors même que l’accès lui était refusé pour des raisons de sécurité, qu’il a envoyé effectivement des gestes aux personnes qui étaient dans le box, des bisous, des clins d’œil et qu’il filmait à l’intérieur de la salle. Moi, je ne peux pas dire s’il le provoquait ou pas, mais en tout cas, c’est ainsi que ça a été perçu. »
Le procureur de la République de Toulouse n’a pas tardé à réagir.
Ces faits émeuvent nécessairement la communauté judiciaire car ils démontrent que l’institution elle-même -même si elle n’était pas visée- n’est pas à l’abri de passages à l’acte violents en son sein.
David Charmatz, procureur de la République de Toulouse
Si des faits similaires ont bien eu lieu à Bordeaux le 19 mai dans l’enceinte de la cour d’assises de Gironde, ils sont tout de même rares. « Je souhaite rappeler que nous ne percevons absolument pas de sentiment d’insécurité dans notre tribunal, tempère Maître Avyn. Ce n’était absolument pas agréable, ce n’est absolument pas commun, on l’entend, et tous, surtout nous, à l’intérieur de la salle, mais la sécurité est assurée au quotidien. Il n’y a pas de difficultés là-dessus. »
Me Jocelyn Momasso Momasso a eu très peur, même s’il tient à relativiser. « C’était très violent. C’est inhabituel. Et je pense qu’avec du recul, ce n’est pas anodin. J’ai eu très peur pour ce monsieur qui était par terre, pour l’ambiance qui allait poursuivre le procès. J’ai eu très peur pour moi aussi. »
Maître Audrey Libert, avocate de la victime a été choquée. « Il y avait une petite fille de deux ans qui était juste à côté de l’entrée de la salle 4, qui a failli être bousculée lorsque ce flot humain est sorti de la salle. Donc oui, je ne peux pas dire qu’on n’a pas été choqué par cette scène. »
Si les avocats sont relativement unanimes pour souligner la violence et la rareté des faits, certains pointent aussi le manque de moyens.
Sur un procès qui s’annonçait tendu, il y avait seulement deux policiers dans la salle. Maître Joris Morer s’en étonne. « On s’est quand même demandé pourquoi il n’y avait pas autant de policiers qu’il devait y avoir. Deux policiers dans la salle, ce n’est pas possible pour un dossier comme ça. Il faut saluer le courage des policiers qui étaient là, mais il fallait plus de policiers que ça. Ça me choque mais les moyens de la justice sont insuffisants et on a mis en danger des gens dans la salle. »
Deux procureurs étaient là, les policiers sont finalement arrivés en force pour sécuriser la salle. Finalement, la situation a pu être gérée grâce à l’action de chacun.
La victime de 35 ans lors de l’audience du 22 mai 2025 • © FTV
Si tout n’est pas encore parfaitement éclairci sur ce qu’il s’est réellement passé mercredi, la justice soit son cours. Depuis l’agression, ce procès en correctionnelle se déroule à huis clos.
Le jugement sera rendu cet après-midi. Les avocats appréhendent surtout la future audience criminelle sur cette affaire.
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