Après l’attaque d’une fillette de quatre ans et de sa mère par deux rottweilers, le quartier attend de savoir ce que les chiens vont devenir. Pour la famille blessée dans sa chair, un retour serait un cauchemar absolu.
Dans ce petit lotissement de Revel, on profite des derniers jours des vacances de printemps jusqu’au bout. Les enfants jouent, font du vélo… Pourtant, l’ambiance est tendue chez certains voisins.
Le vendredi 11 avril dernier, vers 8 h, alors que Nezha El Massaoudi brosse les cheveux de sa fille de 4 ans avant de partir pour l’école, on sonne à la porte.
C’est sa voisine. Elle vient récupérer deux de ses rottweilers qui se sont introduits chez la mère de famille par un trou dans le grillage qui sépare les deux petits bouts de jardin, dont Nezha n’avait pas connaissance.

La propriétaire des chiens ouvre la porte de derrière, fait quelques pas à l’extérieur et appelle ses chiens. « L’un d’eux entre, attrape la tête de ma fille et l’amène dehors », relate sa mère, encore sous le choc. La mère s’interpose avant de se faire attaquer à son tour. « Un chien me mord le visage. » Elle crie, pendant que la maîtresse des molosses n’arrive pas à les arrêter. Le fils de Nezha El Massaoudi, alerté par les cris, se saisit du petit vélo rose de sa sœur pour faire lâcher les chiens.
Les voisins, alertés, contactent les secours. Avant qu’ils arrivent, une voisine entend la propriétaire marteler : « Ils ne sont pas méchants, mes chiens ». La petite de 4 ans a pourtant hérité de dix points de sutures et deux agrafes. Sa mère s’en sort avec 46 points et 40 jours d’ITT (interruption totale de travail).

Depuis, les deux rottweilers ont été saisis à titre conservatoire. Ils attendent la troisième et dernière visite d’un vétérinaire. Deux solutions sont possibles : une euthanasie, ou un retour chez leur propriétaire, auprès d’un troisième rottweiler.

Le quartier retient son souffle
« Ça a traumatisé tout le quartier », confie un voisin, qui avait déjà effectué plusieurs signalements concernant les canidés. « Ils aboyaient jour et nuit », confirme une autre voisine. « Le soir, ils voulaient rentrer mais restaient dehors. »
Tous espèrent aujourd’hui ne plus les revoir. Une soixantaine de voisins ont signé une pétition en ce sens. « Il y a des enfants partout ici. J’avais déjà dit que les chiens finiraient par attaquer. J’ai saisi le conciliateur de justice, juste avant l’attaque. »
Les riverains s’inquiètent aussi de la présence du troisième chien, qui aurait tué un chat quelques jours avant l’attaque, selon plusieurs témoignages. « On ne pouvait même plus sortir dans le jardin, ni passer la tondeuse. »
« Ma fille fait des cauchemars. Elle se réveille la nuit en me racontant qu’un chien lui a sauté dessus », s’émeut la mère, pour qui le retour des chiens est inenvisageable. « Personne ne veut qu’ils reviennent », renchérit une voisine.
En attendant la décision, le quartier retient son souffle.
Que dit la loi ?
Les rottweilers sont classés en catégorie 2. En France, il faut obligatoirement les déclarer en mairie, avoir un permis de détention et une assurance de responsabilité civile, entre autres. Le port de la muselière et la laisse sont obligatoires dans l’espace public.
En cas de saisie à titre conservatoire, le chien est détenu en fourrière municipale ou assimilé (ici, une association). Trois visites par un vétérinaire sont prévues. En fonction de son analyse comportementale, l’animal peut être rendu à son propriétaire, confié à un tiers ou euthanasié.