L’entraîneur des Espoirs du Stade Toulousain, David Mélé, évoquez dans un entretien la gestion de l’effectif avant la demi-finale de Champions Cup à Bordeaux dimanche 4 mai.
Avant la réception de Castres à l’occasion de la 22e journée du Top 14, ce samedi 26 avril au Stadium de Toulouse, l’entraîneur des « skills » et des Espoirs du club « rouge et noir » a évoqué la gestion de l’effectif avant la demi-finale de Champions Cup à Bordeaux dimanche 4 mai. Mais aussi l’adversaire, les polémiques autour du derby et la relève.
Vous avez fait beaucoup tourner la semaine dernière au Stade Français. À quoi faut-il s’attendre face au CO ? À une configuration d’équipe un peu plus proche de celle appelée à jouer contre Bordeaux-Bègles dimanche prochain la demi-finale de Champions Cup ?
On va essayer de continuer un peu à mixer. Mais je pense que certains ont besoin de temps de jeu avant l’échéance de la semaine prochaine. Donc on va essayer de voir certains joueurs qui ont besoin de matcher, d’autres d’enchaîner, de faire aussi leurs preuves pour essayer d’accrocher une place la semaine prochaine. Donc tout le monde a sa carte à jouer pour essayer de rentrer dans ce groupe qui est de plus en plus difficile à former. On peut voir qu’on a un groupe de joueurs qui est performant toutes les semaines. Peu importe qui on met sur le terrain, on arrive à avoir des résultats. Donc je pense que chacun a envie d’avoir sa place pour la semaine prochaine. Mais la priorité cette semaine, forcément, c’est de préparer ce match de Castres qui va être important pour la suite.
En termes de rythme, le fait d’enchaîner deux week-ends de repos consécutifs avant une demi-finale n’est-il pas préjudiciable ?
Il y a être mis au repos et il y a semaine sans match. Ce seront des joueurs qui ont fait toute la semaine d’entraînement. Ils se seront entraînés avec une haute intensité comme tout le groupe. C’est juste qu’il y aura une compensation sur le temps de jeu qui ne sera pas acquis ce week-end avec des séances supplémentaires pour pallier justement à ce manque de rythme et à ce manque de confrontation directe avec un adversaire.
Quand on est dans votre situation avec Paul Graou comme seul demi de mêlée valide de l’effectif, a-t-on peur de l’exposer avant les prochaines échéances ?
Quand on connaît notre situation par rapport aux demis de mêlée en ce moment, c’est toujours compliqué. On essaye de trouver la bonne solution, de le faire s’entraîner sans trop non plus lui tirer sur la corde. On sait qu’il a un rôle important, comme l’a eu Antoine (Dupont) lors des saisons précédentes. Donc on essaye de trouver la meilleure solution lui faire avoir du rythme et ne pas trop l’exposer au vu des échéances importantes qui vont vite arriver.
On a l’impression que Castres est beaucoup plus tourné vers le jeu depuis quelque temps. Est-ce aussi votre avis ?
Bien sûr. Est-ce que les Castrais sont plus tournés vers le jeu ? Je pense qu’ils en proposent beaucoup plus. Cela reste une équipe qui a une force, c’est son jeu au pied, notamment de pression. Elle arrive à beaucoup mettre l’adversaire en difficulté là-dessus. Mais malgré ça, ils essayent de tenir le ballon, de le faire vivre, sans forcément passer par des rucks à chaque fois, avec des joueurs qui savent jouer debout, qui arrivent à avoir de la continuité. Donc oui, c’est une équipe qui est beaucoup plus portée sur le jeu mais qui reste quand même avec une grosse force qui est l’occupation et le jeu au pied de pression.
Comment vous êtes-vous préparés pour faire face aux ballons portés castrais ?
Je pense que les avants, Jean (Bouilhou) et Virgile (Lacombe) (les entraîneurs des avants, NDLR), ont passé beaucoup de temps, je pense comme toutes les équipes, à étudier cette équipe de Castres. C’est vrai qu’une de ses forces reste les ballons portés. Donc je pense que techniquement, ils ont essayé de trouver la parade pour répondre du mieux possible à cette force et s’en servir pour nous aussi essayer de récupérer des ballons. Plutôt en haut qu’en bas, je ne sais pas, mais c’est vrai que je les ai entendus essayer de trouver la solution pour les contrer et pour éviter que ce soit une source d’essai ou une rampe de lancement.
On a la sensation qu’il y a eu, cette semaine, la volonté d’éteindre les départs d’incendie autour du match. C’est un derby mais ce n’est pas le match le plus important de l’année pour le Stade Toulousain ?
C’est Ugo (Mola) qui a dit ça au soir de la victoire contre le Stade Français. C’est la 22e journée, nous on est portés sur du plus long terme. On essaie de voir beaucoup plus loin. Et oui, forcément, c’est un match comme les autres, même si c’est Castres, même si c’est un match au Stadium. Donc éteindre les polémiques, je ne suis pas certain. Je pense qu’on respecte cette équipe au vu de la réception qui se fait au Stadium. On l’estime comme une autre équipe et on va essayer de s’attacher à faire un bon match contre une équipe qui, je pense, va utiliser cette notion de derby pour venir nous embêter un petit peu.
Le courrier de Pierre-Yves Revol dont parlait Ugo Mola a-t-il aidé dans la préparation ?
Non parce qu’on n’est pas là-dessus en fait. On n’a pas besoin de ça pour se préparer, pour préparer un match comme ça. Comme je l’ai dit, on a des échéances tellement importantes qui arrivent, tout le monde a envie d’en faire partie, d’apporter sa pierre à l’édifice. Et du coup, les pseudos polémiques qui ont été allumées n’ont aucune incidence sur la préparation de ce match-là. Après, les médias, ça reste une chose. Et les petites phrases qui sont lancées entre les uns et les autres, on n’y porte pas attention. Le groupe n’y porte pas attention et a envie de préparer ce match de Castres du mieux possible et de faire une belle performance devant notre public.
Êtes-vous surpris par la faculté de vos jeunes joueurs à se mettre au niveau ?
Je ne sais pas si c’est de la surprise mais en tout cas, moi, de les côtoyer au quotidien, je les connais. Je sais quelle insouciance ils ont. Je ne sais pas si on peut l’appeler comme du je-m’en-foutisme mais ils abordent un événement, que ce soit au Stade Français, que ce soit au Vélodrome, que ce soit au Stadium, comme un match de plus en fait. Et c’est ça qui est chouette à voir, notamment dans nos positions (de coach, NDLR) avec Jerome (Kaino), avec Sam (Lacombe), qui entraînons les jeunes, de voir qu’ils peuvent préparer un match sur le terrain « rocade », le terrain synthétique, de la même manière qu’ils vont préparer un match au Stade Français. Et ça, c’est super chouette à voir dans leurs yeux. Tant qu’ils auront cette insouciance, je pense qu’on n’est pas à l’abri de voir, encore une fois, de belles performances et de belles prestations.
Comment l’expliquer ?
Je pense que c’est un tout. Il y a bien sûr cette insouciance mais aussi le fait que même des joueurs cadres autour d’eux, même des joueurs internationaux, les poussent à tenter des choses. Et quand vous avez aussi un coach qui vous dit : « Tente de partout, ose faire les choses », forcément, un jeune de 18-19 ans qui monte dans une équipe une, il mettra moins le frein pour tenter des choses qu’il est habitué à tenter avec les Espoirs. Donc c’est un peu le mélange de tout ça qui fait qu’ils arrivent à performer, qu’ils arrivent à pointer le bout de leur nez en équipe une, et je l’espère pour eux y rester très longtemps.
Comment gérez-vous la frustration qui peut naître chez les jeunes qui aspirent à plus de temps de jeu ?
Je pense que les jeunes ont conscience qu’ils font partie d’un groupe élargi quand, notamment, les périodes de doublons arrivent. Quand, aux veilles de matchs importants, on essaie justement de mettre au repos certains joueurs. Donc ça, ils le comprennent forcément et il n’y a aucune frustration ou déception. Après, c’est aussi l’émulation qu’on cherche à avoir dans un groupe, d’essayer d’avoir tout le monde à 100 % pour que tous les joueurs aient envie d’en faire partie. Ceux à la fin qui devront se gratter la tête, ce sont les coachs. C’est vrai qu’on pousse à cette émulation-là mais ça donne forcément des choix difficiles à faire. Ils sont, je pense, pour 99 % des joueurs, compris, acceptés. Même si c’est dur, même si c’est frustrant parfois, même si c’est décevant parfois et que certains ne le comprennent pas. C’est la vie d’un club, c’est la vie d’un groupe, et il faut avancer. Et il faut, malgré la déception, montrer qu’ils méritent d’être sur le banc ou dans l’équipe le week-end d’après.
Que pouvez-vous dire de Simon Daroque et Nathan Llaveria, qui devraient jouer face au CO ?
Ce sont des joueurs que je côtoie tous les jours. Beaucoup, parce que je passe beaucoup de temps avec eux. Par leur poste qui me tient à cœur mais comme je le disais, ce sont des joueurs qui sont remplis de talent, remplis de qualités. Au-delà d’être des demis de mêlée, ce sont des vrais joueurs de rugby qui ont grandi dans l’ADN du Stade Toulousain, dans sa philosophie et qui ont envie de tenter des choses. Je ne sais pas s’ils seront alignés ce week-end tous les deux mais en tout cas, il me tarde au moins d’en voir un pour aussi valider toute la formation du club. Parce que bien sûr, le Stade Toulousain et l’équipe une, ça reste la vitrine. Mais tout ce qui se passe en dessous dans les catégories Espoirs, Crabos, cadets, ça bosse dur pour justement arriver à produire de tels joueurs et c’est cool pour tout le monde quand ce moment-là arrive. C’est aussi gratifiant pour tous les éducateurs qui bossent fort.