Sous le bitume du quartier Saint-Aubin à Toulouse, des fouilles liées à la ligne C du métro ont révélé des tombes antiques et le plus vieux four de potier local. Que cache encore ce chantier archéologique hors norme ?
Fin avril, les archéologues ont mis au jour pas moins de huit tombes datant de l’Antiquité tardive sur le chantier de la ligne C, dans le secteur de Saint-Aubin, à Toulouse. Ces sépultures se trouvent là où sera réalisé à terme un puits de secours, entre les futures stations de métro Matabiau et François-Verdier.

Les spécialistes s’attendaient à trouver dans le secteur des traces funéraires de nos prédécesseurs, des corps disposés dans des coffrages en bois ou sous des tuiles en terre cuite, avec aux pieds d’une défunte de la monnaie ou encore un balsamaire, un petit récipient contenant du parfum.
Artisanat et défunts hors de la ville
« Une tombe avait déjà été découverte lors du diagnostic réalisé il y a deux ans, ce qui a conduit à la prescription de ces fouilles. Dans ce quartier, c’est tout à fait normal, nous nous trouvons à 300 mètres du rempart antique situé à François-Verdier. Or à l’époque, entre le IIIe et le Ve siècle, on inhumait les morts à l’extérieur de la ville », rappelle Didier Paya, le responsable de cette opération pour l’Institut national de recherche archéologique préventive (Inrap).
Ces derniers jours, trois nouvelles tombes ont été découvertes, vraisemblablement chrétiennes, mais avec des pratiques antiques. À cet endroit, comme dans les cimetières actuels, les gens pouvaient acheter une parcelle pour y enterrer leurs morts.

Mais en creusant avec leurs truelles et pinceaux, ils sont tombés sur un vestige plus inattendu : un four de potier. « C’est le plus ancien four de potier mis au jour à Toulouse. Il date du Ier siècle et s’est effondré pendant la cuisson sur les céramiques qui étaient en train de cuire, une cinquantaine au total, certainement la production de plusieurs jours », indique Gilles Habasque, directeur environnement à Tisséo Ingénierie, en charge de la coordination des fouilles.
Des fossiles en profondeur ?
Le site recèle encore de nombreux tessons, majoritairement issus d’urnes funéraires. « On ne pensait pas avoir de l’artisanat ici, là où se trouvaient des champs. Mais étant donné que la loi romaine interdisait d’avoir de l’artisanat susceptible de mettre le feu à la ville, les forges, les fours étaient disposés hors de la cité », avance Didier Paya.

Cette zone d’activités retrouvée sous les pavés du quartier Saint-Aubin, c’est un peu les pompes funèbres de l’époque, non loin d’une ville en plein développement, qui, au Ier siècle, devait compter entre 10 000 et 20 000 personnes. Ces vestiges sont aussi certainement les derniers à être dévoilés par le vaste chantier du métro. « Les archéologues vont récupérer les découvertes et après, nous allons attaquer le terrassement, nous allons creuser à 35 mètres de profondeur. On peut toujours tomber sur des vestiges en profondeur ; sur les lignes A et B, nous avions trouvé des fossiles », se souvient Gilles Habasque.
Et pas des moindres. À 20 ou 30 mètres sous nos pieds, là où, il y a des millions d’années se trouvaient des zones marécageuses, deux carapaces de tortues préhistoriques ont été découvertes, ainsi que la mâchoire d’un rhinocéros. Qui sait si d’autres animaux du Paléolithique ne referont pas surface sous les coups des pelleteuses.