« J’ai des nouvelles fissures tous les jours. » Depuis le 9 avril 2025, Françoise*, 88 ans, ne reconnaît plus sa maison de la rue Louis Massé, dans le quartier Bonnefoy à Toulouse. Résidente du quartier depuis 24 ans, elle est aujourd’hui en colère. En cause : les travaux de la future ligne de métro C. Alors que le tunnelier creuse depuis plusieurs semaines en direction du quartier du Raisin, de nombreux dégâts sont apparus dans sa maison… mais aussi chez ses voisins.
« J’ai pensé à une secousse »
« Mercredi, vers 17 heures, j’ai voulu sortir de chez moi. En me rendant à mon portail, il était impossible de l’ouvrir. J’ai trouvé ça très curieux », se remémore Françoise, encore sous le choc.
Elle rebrousse alors chemin et remarque que sa porte d’entrée est complètement endommagée. « J’ai tout de suite pensé à une secousse, un tremblement de terre. Pourtant, je n’ai rien ressenti », confie-t-elle.
Depuis, sa maison présente de nombreuses anomalies : plusieurs portes ne ferment plus correctement, et des fissures sont apparues un peu partout sur les murs.
Aucune pièce de la maison épargnée
Dans la cuisine, deux nouvelles fissures zèbrent désormais les murs. « Je n’avais pas ça avant ! », insiste Françoise.

Dans le salon, une autre lézarde est visible au-dessus d’une porte. Mais c’est derrière celle-ci que les dégâts les plus importants ont été provoqués.
Dans la cage d’escalier, les fissures se sont multipliées aux deux étages de la bâtisse. « Avec ça, je suis devenue l’attraction du quartier… », soupire-t-elle, désabusée.
La peur que l’escalier s’effondre
« Dès que j’ai vu les fissures, j’ai compris. Mon réflexe a été de téléphoner à Tisséo mais c’était trop tard dans la journée. » Le lendemain, Françoise rappelle et « dans l’heure qui a suivi », des techniciens et experts sont venus constater les dégâts.
« Tisséo est venu poser des capteurs sur les murs. Mais moi je me demande, dans quelle mesure, avec le poids de l’escalier et les fissures, ça tient encore ? Est-ce que ça ne va pas finir par s’effondrer ? », s’inquiète l’habitante de la rue Louis Massé.

Une anomalie géologique
Contacté par Actu Toulouse, Jean-Jacques Laporte, directeur des travaux de la ligne C du métro, confirme les effets du passage du tunnelier. Le 8 avril dernier, « le tunnelier a creusé sous la rue Louis Massé ».
« On a fait face à un phénomène rare, liée à une anomalie géologique puisque le tunnelier est tombé sur une poche de sable. On a creusé plus de terre qu’on a dû combler. C’est ce qui a provoqué les fissures », explique-t-il.
Au moment des faits, la machine « a détecté l’anomalie » et aussitôt, les équipes ont réagi. « On est allés voir directement sur place, pendant que les habitants donnaient l’alerte. »
Une secousse presque imperceptible
Jean-Jacques Laporte se veut tout de même rassurant. Sur les trois maisons mitoyennes concernées par l’apparition des fissures, aucune ne présente un risque d’effondrement. « Ce ne sont que des fissures esthétiques. »
Pendant le passage du tunnelier, les détecteurs Mir (des capteurs qui fonctionnent par infrarouge pour sonder les sols, ndlr) placés sur la rue Louis Massé « n’ont détecté aucun mouvement donc c’était minime ».
Depuis les faits, Tisséo a bel et bien posé des capteurs, ou plutôt des jauges, sur les murs des maisons concernées pour « vérifier que les fissures ne s’élargissent pas ». Depuis deux semaines, « elles n’ont pas bougé », rassure le directeur des travaux chez Tisséo.
« J’attends qu’ils consolident dans les sous-sols »
Françoise est dans une situation inconfortable. En plus d’avoir des fissures aux murs, elle doit utiliser toutes ses forces afin d’ouvrir et fermer sa porte d’entrée. « On dit que ça ne bouge pas, mais je ne suis pas folle, ça bouge ! »
Sa situation est d’autant plus délicate qu’elle a vendu sa maison en viager en 2016. « Je vais devoir prévenir les nouveaux propriétaires de l’état de la maison… Ça ne m’arrange pas du tout », souffle-t-elle, contrariée. Et la colère monte : « Ce sont des incapables. Celui qui a manipulé ce tunnelier a mal fait ses calculs ».
Aujourd’hui, elle n’attend qu’une chose : obtenir réparation. « Je demande à Tisseo que tout soit refait, je ne veux plus voir de fissures. Et j’attends aussi qu’ils consolident dans les sous-sols. Je ne voudrais pas que tout s’écroule. »
Les procédures sont lancées auprès des assurances
Après le passage des huissiers pour constater les dégâts, Tisséo confirme que les assureurs ont également été dépêchés sur place le vendredi 11 avril 2025. « Nous avons bien lancé les procédures et tout ce qui va suivre se fera auprès des assurances », précise Jean-Jacques Laporte.
Il indique également que les bâtiments concernés sont anciens et présentaient déjà des fissures. « Le sol bouge et on l’a aidé à bouger plus vite. Ça a agrandi les fissures déjà présentes. Maintenant on va assumer et faire notre part pour les réparations. »
*Le prénom a été modifié.