Un match amical a viré au pugilat début avril, à Cornebarrieu. Devant le tribunal correctionnel de Toulouse, un seul prévenu et son avocat, en colère.
Le football amateur n’échappe pas aux tensions. Le jeudi 10 avril, la rencontre amicale entre Cornebarrieu et Léguevin, loin des sommets européens, a dégénéré en pugilat. « À cause d’un mauvais tacle », croit savoir Me Alexandre Martin. L’explication, houleuse, s’est poursuivie sur le parking, puis dans le vestiaire où un joueur de Léguevin a pris un coup de clef.
Plaie au cuir chevelu, plainte et enquête. « Il n’y a rien dans ce dossier. Même pas l’audition d’un seul témoin, ni de confrontation entre l’auteur présumé et la victime. Et comme elle n’est pas là aujourd’hui, on ne peut pas savoir si mon client est celui qui a frappé ! »
Me Alexandre Martin réclame « un minimum » au tribunal. « Impossible de juger en l’état. Et je ne sais même pas pourquoi cette histoire, tristement banale, arrive en comparution immédiate ». La procureur ne s’oppose pas au supplément d’information mais requiert un placement en détention.
« Le droit au procès équitable dans toute sa splendeur », s’énerve Me Martin. « Parce que les gendarmes, et le parquet, n’ont pas fait leur travail, on veut envoyer celui-ci en prison. À cause de quoi ? Depuis le 10 avril, personne ne s’est inquiété de ce qu’il devenait. Ce n’est pas sérieux ! »
En prison ? « Un arrêt de mort ! »
Et si l’avocat monte le ton, c’est aussi parce que son client n’est pas seulement un joueur, ou un supporter de foot. Son frère a été assassiné le 12 février à Colomiers. Une exécution à l’arme automatique sans aucune chance de survie pour cette figure toulousaine du trafic de drogue.
« Son frère est loin de tout ça depuis plus de quatre ans. Mais le placer en détention à la maison d’arrêt de Seysses, c’est signer son arrêt de mort », dénonce l’avocat. Dans le box, impassible, Mohamed, 20 ans, ne bouge pas.
Le tribunal a vite réfléchi. « J’ordonne un complément d’information », annonce le président Didier Suc. Mohamed demeure libre, avec un simple contrôle judiciaire. Les gendarmes vont pouvoir mieux retravailler. La prochaine audience est désormais fixée au 29 octobre.