SNCF Réseau et ses partenaires n’ont pas lésiné sur les moyens pour réparer au plus vite la voie ferrée endommagée à Tonneins après les intempéries du 19 mai. Alors que le week-end de l’Ascension approche, l’objectif est clair : rétablir la circulation des trains dès mercredi 28 mai. Un pari technique et logistique engagé dès lundi soir.
Le choc a laissé des traces. Depuis lundi 19 mai au soir, la circulation des trains est interrompue entre Bordeaux et Toulouse, à cause de l’effondrement d’un tronçon de voie à Tonneins, dans le Lot-et-Garonne. Un TGV transportant 507 passagers y a déraillé, sans faire de blessés. Mais au-delà de la frayeur vécue ce soir-là, un autre défi s’est rapidement imposé : celui de rétablir au plus vite un axe ferroviaire stratégique, alors que des milliers de voyageurs s’apprêtent à prendre le train pour le long week-end de l’Ascension.
Une plateforme ferroviaire éventrée par les pluies torrentielles
Le sinistre s’est produit à la suite d’un épisode météorologique intense. En 20 minutes, il est tombé 80 mm d’eau, soit l’équivalent d’un mois de pluie sur le secteur. Un petit ruisseau en contrebas de la voie s’est transformé en torrent, emportant la terre du remblai, la sous-couche et le ballast (ces pierres qui maintiennent les rails). Sur près de 200 mètres, la plateforme ferroviaire s’est affaissée, laissant sous la rame de tête du TGV un trou béant de plus de deux mètres.
Le train, heureusement ralenti par les conditions météo, a déraillé sans gravité. Les passagers ont passé la nuit dans un gymnase municipal de Tonneins, avant d’être acheminés par bus vers leur destination. Dès le lendemain, SNCF Réseau a lancé une cellule de crise pour évaluer les dégâts et enclencher les travaux de réparation.
Avant de reconstruire la voie, il a d’abord fallu dégager le train, immobilisé sur une portion fragilisée. Une opération délicate, menée mardi et mercredi. Pour alléger la charge sur les zones critiques, la rame a été sectionnée. Une manœuvre exceptionnelle, car les TGV sont conçus pour rester solidaires.
Des locomotives ont été utilisées pour tirer les deux moitiés de la rame vers l’amont et l’aval de la ligne. Une fois la voie dégagée, les travaux lourds ont pu commencer : terrassement, reconstitution de la plateforme, remplacement du ballast et installation de traverses neuves.
Une course contre la montre pour rouvrir le 28 mai
« C’est une course contre la montre que nous avons lancée dès lundi soir », résume Jean-Luc Gary, directeur territorial de SNCF Réseau Nouvelle-Aquitaine. Chaque jour, jusqu’à 70 personnes sont mobilisées sur le chantier. Des agents de SNCF Réseau, mais aussi six entreprises de génie civil et de travaux publics. Objectif : reconstruire intégralement les 200 mètres de voie endommagée.
La phase critique, celle du terrassement, doit s’achever samedi 24 mai. Si aucun aléa n’est rencontré, la date de réouverture visée est celle du mercredi 28 mai, juste avant les départs du week-end prolongé. Mais pour l’instant, cette échéance ne sera confirmée que samedi. « Tout dépend du bon déroulement de la phase actuelle », insiste Jean-Luc Gary.
La ligne Bordeaux-Toulouse est l’un des axes ferroviaires les plus fréquentés du Sud-Ouest. Elle accueille des TGV, des Intercités, des TER, mais aussi du fret. Son interruption totale entre Agen et Marmande affecte lourdement les mobilités régionales et nationales. Le trafic est pour l’instant entièrement suspendu, et des cars de substitution ont été mis en place.
Par ailleurs, d’importants travaux de maintenance prévus de longue date sur d’autres portions de la ligne maintiendront l’interruption du trafic ce week-end. Les circulations ne reprendront de manière fluide qu’à partir du dimanche soir, pour les retours de l’Ascension, si tout se déroule comme prévu.
Un chantier sous surveillance à cause de la météo
Sur le terrain, le chantier est sécurisé pour éviter tout risque d’accident. Un périmètre a été établi pour tenir les curieux à distance. Les pelleteuses rechargent le ballast, des rails neufs sont en attente de pose. Mais les équipes gardent un œil sur la météo : un nouvel épisode pluvieux pourrait compromettre le planning.
En 1977, un sinistre similaire avait touché ce même secteur de Tonneins. Il avait fallu près d’une semaine pour remettre en état la voie ferrée. Cette fois, le contexte est plus complexe : un train à dégager, des enjeux de calendrier, et des milliers de voyageurs concernés. La SNCF espère réussir ce pari logistique et technique, à temps pour permettre le grand départ.