Trois hommes interpellés pour un casse à Toulouse pourraient aussi être impliqués dans un vol à Auch en avril dernier, révélant ainsi une affaire de grand banditisme aux ramifications régionales.
Lundi 20 mai, à l’aube, la brigade de répression du banditisme (BRB) a interpellé trois hommes, soupçonnés d’avoir participé à un braquage spectaculaire à la veille de Noël 2024 à Toulouse. Ils auraient fait sauter à l’explosif la porte d’accès d’un distributeur bancaire de La Poste des Izards et auraient emporté 450 000 euros.
L’opération policière s’est étendue entre Toulouse, Montauban et le Pays Basque. L’enquête révèle que les suspects pourraient également être impliqués dans un vol commis dans le Gers, à Auch, chez un opticien. Un fait divers passé relativement inaperçu, mais qui, à la lumière du casse de La Poste prend aujourd’hui une autre dimension.
Bien que les suspects aient opposé un silence prudent aux enquêteurs, ils ont concédé du bout des lèvres une vague « possibilité » d’implication dans le vol gersois.
Le mode opératoire, méthodique et minutieux, évoque une équipe rodée, ce qui renforce le lien avec les antécédents judiciaires des trois suspects, déjà cités dans des affaires similaires : le casse par tunnel de Bessières en 2014 (où l’un avait été condamné) ou encore une vaste affaire de trafic de drogue via le port du Havre en 2005.
L’un d’eux s’était installé dans une commune proche de Vic-Fezensac. En début de semaine, c’est dans un hôtel du Pays Basque qu’il a été interpellé, après un week-end avec sa famille.
6 minutes pour le casse d’Auch
À Auch, le responsable d’un magasin d’optique se souvient de l’effraction, qui a eu lieu il y a moins d’un mois : une opération rapide mais d’une grande précision. Ce commerce avait été visé pour son stock de lunettes de luxe.
Le 26 avril, l’alarme de l’établissement s’est déclenchée à 6 h 14. Trois voleurs, cagoulés, gantés et armés d’un pied-de-biche, se sont introduits dans la boutique en soulevant la porte et en laissant des sacs à l’extérieur. Ils ont ensuite raflé près de 200 paires de lunettes, en majorité des solaires. Selon le responsable, le préjudice s’élèverait à près de 25 000 €.
Avant de prendre la poudre d’escampette, les malfaiteurs ont vidé deux extincteurs dans les locaux afin d’effacer leurs traces. La police d’Auch est intervenue sur place à 6 h 20. Les malfaiteurs, eux, avaient déjà disparu dans la nature.
Une enquête judiciaire qui s’élargit
Après le casse toulousain, la juridiction interrégionale spécialisée (JIRS) de Bordeaux a ouvert début janvier, une information judiciaire pour « vol en bande organisée », « destruction de biens en bande organisée par moyens dangereux », « association de malfaiteurs » et « blanchiment en bande organisée ».
Après des mois d’investigations, les trois hommes suspectés, âgés de 44 ans pour le Gersois, 57 et 63 ans pour les deux autres, ont été transférés à Bordeaux. Selon une source proche du dossier, les perquisitions menées ont permis de retrouver des lunettes provenant de la boutique auscitaine. Un élément clé dans le lien établi entre les suspects et le vol du Gers.
Pour tous ces faits, ils devraient être mis en examen. En cas de condamnation, ils encourent jusqu’à 20 ans de réclusion.
Le département du Gers, jusque-là en marge de telles affaires, se retrouve malgré lui rattaché à un fait divers relevant du grand banditisme.