championnat de France de breaking, ce samedi 31 mai à Toulouse, se tient demain vendredi une conférence sur l’histoire du hip-hop. Pionnier de ce genre chorégraphique sur Toulouse, Abdul Djouhri, danseur, fondateur de la compagnie Olympic Starz et créateur du Trophée Master, relate la genèse de ce mouvement et son développement aujourd’hui.
En amont de la 5e édition duComment l’aventure du hip-hop est-elle arrivée à Toulouse ?
Le hip-hop, né à Manhattan (États-Unis), arrive en France en 1982 avec le New York City rap. À Toulouse, cela démarre au Mirail, précisément à la Reynerie, avec des jeunes appelés « les grands frères » qui dansaient un peu partout, y compris dans des soirées, sur du disco, du funk, du smurf ou du popping. N’oublions pas qu’au départ, le hip-hop désigne un mouvement culturel lié aux quatre éléments : le breaking (plus connu sous le nom de breakdance), l’écriture (graffiti), le MCing (rap) et le DJing.

Comment vous rejoignez ce mouvement ?
J’ai suivi mon grand frère qui smurfait. À 13 ans, je commence à danser en cachette sur un morceau de linoléum déchiré de l’appartement où je vis avec mes frères et sœurs, quinze au total, dans une ambiance vraiment chaleureuse. D’emblée, j’ai aimé cette activité, même si mon père tiquait sur la pratique de la danse pour un garçon. Avec les copains, on se lançait des défis avec des jeunes d’autres quartiers.
Des initiatives vont apparaître pour booster le hip-hop, dont l’émission de Sidney sur TF1.
Pour booster le mouvement, une fois par mois dans une salle à Pech-David, nous mettions en place les soirées Zulu Funk animées par Jumbo. Mais cela restait très localisé aux quartiers entre Toulouse et Paris. Et puis, de janvier à décembre 1984, arrive l’émission H.I.P. H.O.P. de Sidney sur TF1. Ancien animateur sur Radio 7, Sidney va contribuer à populariser cette culture. Cette émission, devenue la première au monde entièrement consacrée au hip-hop, accueille de nombreuses personnalités du mouvement, dont Afrika Bambaataa, DJ américain, créateur du mouvement hip-hop et fondateur de la Zulu Nation. Mais lorsqu’elle s’arrête, tout s’essouffle. De notre côté, nous persistons. Les jeunes de la Reynerie, appelés « Olympic Juniors », deviennent des champions qui se produisent avec des groupes de battles sur les scènes internationales. Il ne reste alors que quelques rescapés à Toulouse, appelés « les breakers fous », dont je fais partie. Je fais mon premier Zénith en 2002, avec ma compagnie Olympic Starz et le Trophée Masters.

Quelque temps après, vous arrêtez pour vous consacrer exclusivement à la chorégraphie. Pourquoi ?
Le manque de soutien était difficile. J’ai eu envie de créer des chorégraphies, de raconter des histoires autour du hip-hop. À l’exemple de « La répétition », jouée partout dans le monde. En 2009, tout en continuant le Trophée Master, je deviens chorégraphe à part entière et intermittent du spectacle.
Pensez-vous qu’à l’époque, l’énergie du hip-hop a contribué à pacifier les quartiers ?
Bien sûr. Évidemment, la société était différente. Mais grâce à ce mouvement urbain, les quartiers ont été vus différemment. Danser apaisait les esprits, canalisait l’énergie et donc la violence. Le hip-hop a fait de ces jeunes danseurs des artistes à part entière, qui ont transmis un savoir-faire. Même si beaucoup ont arrêté par manque de moyens et de locaux.

En 2025, que reste-t-il de cette culture à Toulouse ?
On peut se vanter d’avoir fait connaître cette danse urbaine un peu partout. Chaque année, les Trophées Masters ont lieu, devenant un événement international qui présente les meilleurs danseurs de la planète. Ce n’est pas rien. Et puis, depuis 2025, nous avons enfin une salle « 31 cent », 5 place du Milan au Mirail, dont je m’occupe. Une initiative destinée à revitaliser les quartiers. Il y a quatre mois, nous avons été contactés par la Fédération Française de Danse pour accueillir le championnat de France de breaking. Sans oublier l’intégration de la breakdance au programme des JO de Paris en 2024. Nous sommes très fiers de tout cela.