Quand un témoin l’a trouvé, mi-avril 2025, il l’a cru mort. Baignant dans une mare de sang, abandonné dans un caniveau de Toulouse, Mohamed a réchappé au pire. Son agresseur a été lourdement condamné.
La victime gisait dans une mare de sang, face contre terre, dans le caniveau. Lorsque cet agent de Toulouse Métropole a découvert Mohamed, le 17 avril 2025, au petit matin, il l’a cru mort.
L’employé précédait le passage des éboueurs, quartier des Minimes, pour s’assurer que le camion accéderait bien à son parcours. Il alertait immédiatement les secours. « C’est ce qui a sauvé la vie de la victime », confirme la présidente du tribunal correctionnel.
Mohamed passe deux jours avec un pronostic vital engagé. Un coup de couteau lui a sectionné l’artère fémorale. Il a perdu beaucoup de sang. Il en réchappe (15 jours d’incapacité légale), mais arbore les stigmates de ce qui avait été qualifié au départ de tentative de meurtre. L’agresseur lui a ouvert la joue avec sa lame, « de la bouche à l’oreille ».
Pour une trottinette volée ?
Dans le box, Houssem, un Tunisien de 21 ans, orphelin en situation irrégulière, se fait aider d’un interprète. Alcool, cannabis, Lyrica. Sa consommation quotidienne ne l’aide sans doute pas à clarifier ses idées. Les deux hommes fréquentaient le même squat. Et l’origine du contentieux demeure aussi futile que symptomatique de leurs conditions de vie. « Vous avez déclaré avoir volé ensemble une trottinette électrique. Mohamed vous aurait reproché de l’avoir vendue sans son accord et à un prix dérisoire », déroule la présidente.
La victime rectifie cette version. « C’était ma trottinette ». Cédée pour 80 euros, « elle en valait 400 », peste le blessé lorsqu’il est auditionné par la police. Dans le box, Houssem conserve les bras croisés et le regard sombre. Fermé à double tour. Renfrogné. Il conteste tout. Il n’a jamais « planté » qui que ce soit.

Le problème, c’est qui est à la fois désigné par une demi-douzaine de témoins de l’altercation (mais pas des coups de couteau), que certains l’ont vu couvert de sang à l’heure de l’agression et qu’il était en possession du portable de la victime quand on l’a arrêté.
« Il l’a laissé pour mort »
« Ma tête tournait, tout était noir. Je sentais le sang couler sur ma joue, il m’a fouillé et volé mes deux téléphones », relate Mohamed. « Il l’a bien marqué à vie au visage. C’est scandaleux ! Il l’a laissé pour mort. Je regrette qu’il persiste à nier l’évidence », s’indigne Me Ouafaë El Abdelli, en partie civile.
« La victime a été massacrée », abonde le parquet qui réclame 4 ans de prison dont un avec sursis et une interdiction du territoire français pendant 5 ans. « Il ne se souvient pas de ce qui s’est passé. Amnésie traumatique, peur des conséquences, déni ? Je l’ignore », tente d’avancer l’avocat du mis en cause, Me Ioana Massonat.
Face à « l’extrême gravité des faits », le tribunal a condamné Houssem à 5 ans de prison (avec maintien en détention), une interdiction définitive du territoire français et celle de détenir une arme pendant 15 ans. « La peine maximale prévue par la loi ». Il doit verser 3 000 euros à sa victime à titre de provision. La facture finale s’annonce salée.