Rosa Bursztein est une jeune femme moderne – elle a à peine 35 ans – qui n’a pas sa langue dans sa poche et qui raconte avec un humour désarmant ses » errances amoureuses « … et bien d’autres choses encore ! Elle est, surtout, l’une des humoristes les plus talentueuses du moment. Rencontre avant son spectacle à Toulouse le 16 mai prochain.
Actu : Pourquoi avez-vous intitulé ce nouveau spectacle » Dédoublée » ?
Rosa Bursztein : « Ce spectacle raconte une quête amoureuse, depuis le début jusqu’aux questions de maternité et tout ce qui va avec : l’expérience d’une fausse couche. Je parle de toutes ces concessions bien nécessaires que l’on doit faire, le renoncement à un idéal romantique. Ce sont toutes ces contradictions qui font que l’on devient » double « . »
Vous interdisez-vous d’aborder certains sujets ?
R.B. : « Il n’y a pas de sujets interdits, mais un angle me passionne : celui de l’intime. Je parle de passion avec une bonne dose d’autodérision de ma famille et, surtout, de cette errance amoureuse qui faisait que j’étais longtemps célibataire et que me disais : » Mais est-ce que je suis maudite en amour ? » Cela m’a amenée à me plonger dans l’histoire des femmes dans ma famille. »
« Ce spectacle est comme un journal intime en évolution »
Comment préparez-vous vos spectacles ? Est-ce que vous » testez » vos blagues sur vos proches ?
R.B. : « Tout à fait. Je teste beaucoup en Comedy club, j’écris des bouts que je tente pour guetter les réactions, et pareil en public – car le rire n’est pas le même dans un spectacle et en stand-up.Ce que j’ai remarqué est que plus je suis personnelle, plus je touche à l’universel. Sinon, oui, mes proches, bien sûr, et je prends des petits extraits de mes chroniques sur France Inter. Cela m’aide beaucoup, car j’y aborde avec une logique d’écriture particulière des sujets de société qui me touchent. Je m’efforce de rendre amusantes ou drôles des situations qui, à la base, sont assez déplaisantes. »
Cet humour qui invite à » rire de peur d’avoir à en pleurer « , comme disait Gainsbourg ?
R.B. : « Voilà : c’est exactement ça. Ce spectacle, c’est comme un journal intime en évolution. »
Etre humoriste, c’est savoir observer, écouter ?
R.B. : « Oui, cela demande une grande curiosité, que j’avais déjà avec mon premier métier, qui était actrice. Je le suis toujours, d’ailleurs, et je suis actuellement dans une série qui passe sur Arte, » Au fond du trou « . Être humoriste, c’est rester connectée à l’actualité, pour ne jamais me retrouver hors-sol, avec des propos déconnectés ; il faut sortir de sa bulle. On a trop tendance à fréquenter les mêmes sphères, rencontrer les mêmes personnes. »
Quand avez-vous compris que vous faisiez rire ?
R.B. : « J’avais huit ans et je faisais du théâtre pour enfants : on me faisait toujours jouer le rôle du clown ! Cela m’a émancipée, m’a fait sortir des jupes de ma mère, et c’est quelque chose de très puissant, faire rire les gens. Ça rend accro… »
Qu’allez-vous proposer aux Toulousains le 16 mai prochain ?
R.B. : « J’adore Toulouse, je ne dis pas ça pour vous brosser dans le sens du poil ! J’ai toujours trouvé le rire toulousain très chaleureux et enthousiaste, il y a toujours une très bonne ambiance ! J’ai joué à la Comédie de Toulouse, mais jamais à la Cabane : j’ai donc vraiment hâte ! J’espère apporter du rire, bien sûr, mais aussi de la curiosité, de l’étonnement, des questionnements, pourquoi pas ? Et finir avec une petite émotion. Si j’arrive à faire tout cela, c’est un pari gagné ! »
« J’ai toujours trouvé le rire toulousain très chaleureux et enthousiaste »
Propos recueillis par Yves GABAY