L’histoire avait défrayé la chronique. Trois ans plus tard, 11 personnes vont être jugées par le tribunal correctionnel de Toulouse, les mercredi 21, jeudi 22 et vendredi 23 mai 2025, dans une retentissante affaire d’enlèvement et séquestration qui s’était déroulée entre la Haute-Garonne et l’Espagne. Ce qu’il faut savoir.
Il avait sauté du véhicule en marche sur l’autoroute
C’était le 28 mai 2022. Comme le rapportait Actu Toulouse à l’époque, un homme avait été retrouvé grièvement blessé dans un champ sur la commune de Maureillas-Las-Illas (Pyrénées-Orientales), à proximité de l’autoroute A9, tout près du Boulou.
L’enquête menée par la division de la criminalité organisée et spécialisée de la police nationale de Haute-Garonne avait rapidement permis d’établir que cet individu avait été enlevé en région toulousaine — sur un parking de Gagnac-sur-Garonne où il pensait retrouver une vieille connaissance, NDLR — avant de tomber dans un guet-apens. Séquestré et frappé dans un appartement à Toulouse, il avait ensuite été transporté dans un véhicule à destination de l’Espagne.
« Il était néanmoins parvenu, peu après le péage du Boulou, à sortir de la voiture en marche afin d’échapper à ses ravisseurs », rappelle David Charmatz, le procureur de la République. Comme le détaillait Actu Toulouse à l’époque, il était en effet parvenu à échapper à la vigilance de ses ravisseurs et s’était jeté de la voiture sur l’autoroute, où elle roulait « à plus de 130 km/h ». Grièvement blessé, mais en vie, le caïd des Izards était parvenu à traverser les voies, avant de s’évanouir. Inanimé, il avait été retrouvé par un témoin qui avait contacté les forces de l’ordre. Quand le trentenaire avait rouvert les yeux, il était sur un lit d’hôpital, à Perpignan, où il avait livré son improbable récit aux policiers.
Enlevé pour avoir… volé de la drogue
Une sombre affaire survenue « sur fond de trafic de stupéfiants », souligne David Charmatz. D’après nos informations, cette victime était accusée par ses ravisseurs de leur avoir « carotté » de la drogue et d’avoir voulu doubler ses fournisseurs.
L’homme enlevé avait expliqué s’être vu reprocher d’avoir hébergé un individu appartenant à un clan adverse à celui dont ses ravisseurs faisaient partie. Ces derniers l’accusaient également d’avoir volé de la drogue.
Particulièrement graves, ces faits « relèvent d’une qualification criminelle » et « seront ultérieurement jugés par la cour d’assises de la Haute-Garonne », souligne le procureur, les agresseurs présumés ayant été interpellés début 2023 pour tentative de meurtre en bande organisée, enlèvement, séquestration, actes de torture et de barbarie.
Un premier enlèvement d’un homme, séquestré en Espagne
Mais l’affaire ne s’arrête pas là. Les investigations avaient mis en évidence que ces faits avaient été précédés d’un autre enlèvement survenu quelques jours plus tôt, et qui avait été suivi, lui aussi, d’une séquestration.
Un autre homme, qui était « une connaissance de cette première victime », avait en effet été enlevé trois jours plus tôt, le 25 mai 2022, toujours à Toulouse, « après s’être rendu à un rendez-vous où il avait été accosté par trois individus qui l’avaient contraint, sous la menace d’une arme, à monter dans un véhicule ».
Le même topo. Selon le procureur, « il avait été conduit en Espagne, dans une maison où il avait été retenu durant plusieurs jours, subissant de nombreuses violences illustrées par les photographies de ses blessures prises à sa libération ».
Ses agresseurs, convaincus de son implication dans les faits de vol aux côtés de la première victime, cherchaient à savoir où se trouvaient les stupéfiants dérobés.
Toujours d’après le représentant du parquet de Toulouse, « ils avaient également contacté la première victime en lui demandant de venir en Espagne en échange de la libération de la personne séquestrée, mais elle avait refusé ». Finalement, le 30 mai 2022, la seconde victime avait été raccompagnée en France par plusieurs individus. Entretemps, son comparse avait été kidnappé à son tour…
11 personnes jugées pendant trois jours, dont trois en fuite
Pour cet enlèvement du 25 mai 2022, pas moins de 11 personnes sont renvoyées devant le tribunal correctionnel à l’issue de l’information judiciaire. Six sont placées en détention provisoire, deux sous contrôle judiciaire et trois font l’objet d’un mandat d’arrêt, « dont le présumé commanditaire des deux enlèvements, en fuite à l’étranger », souligne le parquet.
« Les prévenus ont, pour la plupart, déjà été condamnés à plusieurs reprises, notamment pour des faits en lien avec les stupéfiants », insiste David Charmatz.
Durant trois jours, ils devront cette fois s’expliquer pour des faits d’arrestation, enlèvement, détention ou séquestration arbitraire suivi d’une libération avant le 7ᵉ jour, mais aussi violences aggravées par trois circonstances (en réunion, avec arme et avec préméditation ou guet-apens). De quoi étoffer un peu plus leur joli pedigree.