À Toulouse, les températures montent et l’eau aussi… mais surtout sur les factures. Avant l’entrée en vigueur du tarif saisonnier, voulu par la Métropole de Toulouse afin de limiter la consommation en eau à une période de l’année où la ressource se fait rare, plusieurs habitants remplissent piscines, spas ou nettoient terrasses et façades à grands coups de jets d’eau. La mesure, active depuis juin 2024, sera de nouveau effective dimanche 1er juin 2025. Et les Toulousains comptent bien en profiter avant la hausse.
Un dernier plein avant la facture salée
« Ce week-end, on a rempli notre piscine en plastique, trois mètres sur deux », raconte une habitante de la Ville rose. « Pas seulement parce que les beaux jours arrivent, mais aussi pour éviter de payer plus cher avec la hausse des tarifs. On avait fait pareil l’an dernier. »
Dans son quartier, des voisins équipés d’un puits l’ont même aidée à compléter le remplissage. Mais elle nuance : « On ne se plaint pas, la piscine, c’est juste du loisir, rien d’essentiel. On pense plus aux gens pour qui les hausses de tarif ont une vraie influence sur leur consommation nécessaire et quotidienne. »
Des usages stratégiques, mais des comportements responsables
Même réflexe à Tournefeuille, où un couple a décidé de remplir son spa avant le 1er juin. « Oui, on en profite avant la hausse, mais au final ça représente quelques mètres cubes », explique-t-il.
Pour autant, ils soulignent leur prudence au quotidien : récupération de l’eau de la douche, machines optimisées, arrosage limité au potager… Résultat : une consommation annuelle de seulement 50 m³ à deux, soit deux fois moins que la moyenne toulousaine, estimée à 54 m³ par habitant selon Véolia.
« On pense que pour faire comprendre, il faut taper dans le porte-monnaie », estime le couple. « Certains ont des consommations hallucinantes, on se demande ce qu’ils font. Nous, qu’on économise deux ou trois euros, ça ne change pas grand-chose. Mais pour ceux qui ont de grosses piscines, là, ça peut faire mal. »
Un impact encore invisible sur les compteurs
Dans plusieurs quartiers, le même constat : un autre habitant raconte avoir remarqué « un festival de nettoyeurs haute pression » tout le week-end. Selon lui, « ils en profitaient clairement avant la hausse ».
Véolia, de son côté, n’a pas relevé de flambée inhabituelle de la consommation sur le week-end des 24 et 25 mai. « Pas de pic symptomatique, ni d’évolution anormale par rapport aux années précédentes », précise l’opérateur.
« Pas d’évolution anormale par rapport aux années précédentes. Et puis, les consommations dépendent aussi du temps : s’il fait beau, il va y avoir besoin de plus d’arrosage. » De son côté, Eau de Toulouse Métropole botte en touche et explique « ne pas avoir de données aussi précises sur une journée ou un week-end » – et ce malgré le télérelevé des compteurs d’eau.

Un tarif qui grimpe pour l’été
Depuis la délibération du 4 avril 2024, Toulouse Métropole a instauré un tarif saisonnier pour inciter à une consommation plus raisonnée en période estivale. À partir du 1er juin 2025, le prix de l’eau passera ainsi de 2,58 euros à 4,40 euros le m³, soit une augmentation de 42 %. Cette hausse s’appliquera jusqu’au 31 octobre, avant de revenir au tarif habituel durant l’hiver.
Une mesure qui fait grincer des dents du côté de l’opposition, certains dénonçant une tarification pour le profit au bénéfice de sociétés privées. Eau de Toulouse Métropole, de son côté, se défend :
« On va encaisser sur cinq mois 42 % de plus, mais on encaissera 30 % de moins les sept autres mois. Ce qu’on récupère l’été, on le reverse l’hiver. Et si, à l’inverse, les gens consomment toujours autant, les bénéfices iraient au renouvellement des réseaux », expliquait déjà Robert Medina, vice-président de Toulouse Métropole, à l’été 2024.
200 000 m3 économisés l’an passé
L’an dernier, cette politique avait permis une baisse estimée de 1,5 % de la consommation entre juin et octobre, soit environ 200 000 m³ économisés, durant un été particulièrement pluvieux.
Cette année, la saison estivale démarre avec un débit de la Garonne largement au-dessus des seuils critiques, et plusieurs précipitations en mai, limitant pour l’instant toute pression sur la ressource.