Qui ne connaît pas la rue Saint-Rome à Toulouse ? Simple axe de passage entre Esquirol et la place du Capitole, ou véritable lieu commercial, elle est au centre du tumulte de la Ville rose. Mais s’il y a quelques années, elle était un passage obligé des sorties shopping, Saint-Rome est quelquefois oubliée en 2025. Est-elle toujours aussi attractive ? Quelles sont ses problématiques ?
Une rue qui ne séduit plus
Commerces qui ferment, d’autres qui ouvrent : la rue Saint-Rome et son prolongement rue des Changes se font le spectacle d’un véritable chassé-croisé commercial depuis plusieurs années maintenant. Flying tiger (objets en tous genres) ou encore Monop’daily (un petit Monoprix) sont les dernières fermetures en date. Mais alors pourquoi ce phénomène est-il accentué ces derniers temps ?

« La rue Saint-Rome n’est clairement plus assez attractive pour les commerçants et pour les clients. Divers problèmes sont en causes et créent un tout qui n’attire plus », affirme Sandrine Rossignol, présidente de la Fédération des commerçants à Toulouse.
Une problématique clairement identifiée par la mairie : « Par rapport à il y a 20 ans, la rue est moins ‘la rue des marques’ comme elle pouvait l’être », relate Olivier Arsac, élu en charge du commerce.
Une rue jugée comme « sale »
Une baisse d’attractivité de la rue autant pour les commerçants que pour les riverains qui serait donc liée à plusieurs aspects. Le manque de propreté est particulièrement relevé par la fédération des commerçants :
« Il y a un réel problème de poubelles dans cette rue. Des conteneurs bondés, qui restent là toute la journée. Une problématique qui entraîne des odeurs. Ajouté à cela les boîtes de nuit de la rue avec les personnes qui urinent sur les pavés… ». Bien souvent, « la marie manque de personnels. Et le peu de personne qui travaille fait ses tâches rapidement », complète la directrice de la Fédé. Une situation donnant cet aspect « sale » à la rue.

De son côté, Olivier Arsac explique : « dernièrement, j’ai eu beaucoup de rencontres avec la Fédération pour trouver des solutions et modifier tout cela. Nous faisons des opérations coup de propre par exemple. Et de manière régulière, ce sont des coups de Kärcher® à 7 h du matin pour qu’il n’y ait pas d’odeur ».
Des incivilités à répétition
Autre problématique et pas des moindres, les incivilités. Rappelons l’action commune menée par la Fédé et la mairie, dont Actu Toulouse vous parlait en avril dernier. Il s’agissait du délogement de personnes sans domicile fixe qui stagnaient devant un local de la rue.
Bagarres, occupations de territoire, vols chez les commerçants, la rue est bien lotie en termes d’incivilités. « On n’a pas de solution miracles, si ce n’est d’utiliser la vidéo surveillance et envoyer des équipes pédestres », relate l’élu.
Une situation qui pour les professionnels reste difficile à vivre au quotidien
Les locaux aussi en cause
Et les loyers commerciaux n’arrangent rien. Comme dans d’autres rues du centre-ville, les loyers commerciaux sont en hausse, voire trop élevés pour les professionnels. « Je m’en remets à ce que j’entends chez les commerçants, les loyers sont trop chers. Sur certaines cellules, les bailleurs peuvent en demander trop, ne permettant pas à certaines marques de s’y installer », complète Olivier Arsac.

Ajouté à cela une concurrence démentielle : « La rue Saint-Rome ne dispose pas de cellules commerciales très grandes. Les magasins ont d’assez petite surface, empêchant les grandes enseignes de s’y implanter, car il n’y a pas assez de place », ajoute Sandrine Rossignol. En effet, pour les grands magasins, zones de vente, de stockage, d’espace personnel, coin repas et toilettes sont obligatoires. « On se retrouve donc avec des petites boutiques qui sont toutes sur la même offre et ont du mal à vendre ».
« C’est donc un mélange de tout cela, une conjoncture, qui baisse considérablement l’attractivité de la rue », concède la directrice de la Fédé.
Une mesure majeure
Mais la mairie et la Fédé ne se laissent pas pour autant abattre face à ce constat. « Quand on aime une ville et que l’on travaille pour ses commerces, on se bat », assure la directrice. Travail en commun, discussions et idées qui aboutissent à des projets.
« Saint-Rome, c’est une rue de vitrine au départ, pas du tout portée vers les commerces de bouche, de banque ou autre. Mais depuis quelques années, différentes enseignes s’implantent », explique l’élu. Restaurants, donuts, tacos… l’essence même de la rue de prêt-à-porter a changé. Par la même occasion, « les personnes qui fréquentent la rue changent aussi et ne sont pas portées vers le commerce ».
Pour contrer cette tendance et rapporter une réelle attractivité commerçante, « dans le nouveau Plan de Sauvegarde et de Mise en Valeur du territoire, applicable dès janvier 2026, nous avons créé une nouvelle clause. Il s’agit d’un nouveau linéaire, qui interdit toute activité bancaire, d’agence de voyages ou de commerce de bouche surface alimentaire de s’installer dans la rue », complète Olivier Arsac.
Concrètement, les commerces qui n’entrent pas dans ce nouveau linéaire, mais qui sont déjà implantés, pourront continuer à exercer leur activité et vendre leur fonds de commerce à une activité similaire. Mais cette nouvelle clause empêche tout nouveau changement d’activité pour les autres ou nouvelles arrivées contraires.
Quand il y a de belles vitrines, on veut préserver cette âme. On utilise ce linéaire pour protéger le commerce de détail et bloquer l’arrivée de nouvelles enseignes dissonantes.
Saint-Rome n’est pas la seule
Une situation qui se déroule rue Saint-Rome, mais qui n’est pas pour autant isolée du reste de la ville, comme tient à le souligner Olivier Arsac : « Il y a un peu plus de rotation dans cette rue commerciale, mais c’est assez généralisé à la ville entière. Ce que je mesure, c’est que pour l’instant, il n’y a pas un taux de vacances plus important qu’ailleurs dans le centre. On n’a pas constaté une explosion de ce taux, donc tout reste relatif », explique Olivier Arsac.

Une situation corrélée avec l’effondrement de l’immeuble ?
Les Toulousains ne sont pas sans se souvenir du drame qui avait touché la rue Saint-Rome une nuit de mars 2024. Fameuse nuit ou l’immeuble situé au numéro 4 de la rue s’était effondré. On suivit l’inquiétude et la baisse de fréquentation de la rue. Alors un an plus tard, la question d’une corrélation entre cet évènement et la baisse d’attractivité de la rue peut se poser.
Mais pour Oliver Arsac, les deux ne sont aucunement liés : « le phénomène de l’immeuble n’est pas du tout corrélé aux problèmes des commerces. L’immeuble n’a pas changé la fréquentation de cette rue qui est restée identique. C’est davantage une question de panier moyen qui change ». Un avis partagé par la fédération des commerçants.