
AFP
GILETS JAUNES – Privés de manifestation pendant les deux mois de confinement, des gilets jaunes avaient appelé à un retour dans la rue ce 16 mai, premier samedi du déconfinement. Quelques centaines d’entre eux se sont rassemblés à Toulouse, Montpellier, Nantes ou Paris, malgré des interdictions formulées par les préfectures.
À Toulouse et Nantes, qui avaient connu de fortes manifestations en 2018 et 2019, les gilets jaunes ont tenu de petits regroupements épars en centre-ville en début d’après-midi, en présence d’importantes forces de police, qui ont procédé à des verbalisations. Même situation à Bordeaux, ancien bastion du mouvement, où une partie des 150 gilets jaunes venus manifester ont déambulé par petits groupes dans le centre historique avant leur dispersion sans incident, selon la préfecture de la Gironde.
Dans la capitale de l’Occitanie, quelques dizaines de commerçants soutenus par le maire LR Jean-Luc Moudenc ont manifesté en riposte à ces appels lancés par les gilets jaunes. Le rassemblement, qui a réuni pour l’essentiel des représentants d’associations de commerçants, a donné lieu à plusieurs échanges tendus avec quelques gilets jaunes et militants anticapitalistes, comme le montrent des vidéos du quotidien La Dépêche.
“Nous sommes là pour dire qu’il est irresponsable de la part des gilets jaunes de manifester avec les risques de contamination et irresponsable de bloquer les commerces, qui sont sous assistance respiratoire”, a affirmé à l’AFP Philippe Léon, d’une association de commerçants du centre-ville.
“L’enjeu est de nous laisser nous refaire une santé, nous laisser travailler, de pas faire peur aux clients”, a souligné Jean-Marc Martinez, président de la Fédération des commerçants de Toulouse à l’origine de l’action.
Des tensions à Montpellier
La police a ensuite demandé la dispersion des commerçants ―venus masqués mais ne respectant pas tous la distanciation physique― conformément à un arrêté préfectoral pris jeudi pour interdire tout rassemblement sur la voie publique de plus de 10 personnes.
Une manifestation gilet jaune prévue en début d’après-midi devant l’hôpital Purpan a par ailleurs été annulée, faute de garanties du respect des mesures sanitaires, selon la principale page Facebook du mouvement à Toulouse. Sud Santé et la CGT du CHU de Toulouse s’étaient dissociés de cet appel, après une première manifestation commune lundi, le jugeant “contreproductif” pour les revendications des soignants.
Un arrêté préfectoral avait également été pris jeudi pour interdire un “rassemblement non–déclaré et organisé par le mouvement des gilets jaunes” à Montpellier. Le préfet de l’Hérault avait mis en avant “les circonstances particulières liées aux mesures nécessaires pour faire face à l’épidémie de Covid-19 dans le cadre de l’état d’urgence sanitaire, ainsi que l’existence de risques de trouble à l’ordre public et à la sécurité publique”.
La mobilisation a finalement été un peu plus importante qu’à Toulouse. Environ 350 gilets jaunes se sont regroupés sur la place de la Comédie, rapidement encerclés par les forces de l’ordre. Dans un mouvement de foule, des membres des forces de l’ordre ont asséné des coups de matraque sur des manifestants. Un femme a été blessée à la tête, nécessitant l’intervention des pompiers, a constaté une journaliste de l’AFP.
En début de soirée, sept personnes avaient été interpellées: cinq pour “entrave à la circulation d’un tramway”, une pour “participation à un attroupement malgré les sommations” et la dernière pour “violence sur personne dépositaire de l’autorité publique”, selon une source policière.
À Paris, la préfecture de police a indiqué en fin d’après-midi avoir procédé à 10 verbalisations et deux interpellations sur la place de la République, rappelant que “les rassemblements de plus de 10 personnes sont interdits”.
Ils étaient 300 à Lyon en bord de Rhône. Si une majorité d’entre eux portait des masques, la distanciation sociale était difficile à respecter pour beaucoup. Les manifestants, parmi lesquels beaucoup de jeunes gens habillés en noir, n’ont pu remonter les quais en direction de la place Bellecour, barrés par un cordon de policiers et de gendarmes.
À Saint-Nazaire, quelque 130 personnes, gilets jaunes et “figures de l’ultra-gauche nantaise” se sont rassemblées en début d’après-midi et près de la moitié a été verbalisée pour non respect de l’interdiction de manifester, selon la police.
Pour Christophe Castaner, “dans cette période où nous devons accompagner la reprise économique et une forme de liberté pour nos concitoyens, ceux qui veulent entraver de commerce, doivent comprendre que ce n’est pas forcément le moment de s’exprimer ainsi”.
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