Classé « Monument historique » depuis peu, le Concorde n°1 exposé au musée Aeroscopia à Blagnac attire toujours plus de visiteurs. Mais pourquoi cet emblème de l’aviation française fascine-t-il autant ?
Le 5 mai dernier, la ministre de la Culture Rachida Dati a officialisé le classement du Concorde n°1, exposé au musée Aeroscopia de Blagnac, au titre des Monuments historiques. Une reconnaissance inédite pour un avion, et un hommage rendu à ce fleuron de l’industrie aéronautique franco-britannique.
Une aventure industrielle franco-britannique
Depuis l’ouverture du musée en 2015, le Concorde n°1 est installé aux côtés du Super Guppy et de l’A300 B. Longtemps stationné devant l’usine Airbus à Colomiers, puis brièvement accessible à Saint-Martin-du-Touch, l’avion a retrouvé une place de choix au musée de l’aéronautique. Ce modèle d’essai fait partie des 20 Concorde construits.
Ce n°1 est unique puisqu’il a servi aux essais de certification pour garantir la sécurité des passagers. À Aeroscopia, il est possible de monter à bord pour voir le cockpit, le poste de l’ingénieur d’essai et la cabine passagère de l’époque.
Les visiteurs ne cachent pas leur émotion face à ce mythe : « Le Concorde, c’est la France », souffle l’un d’eux. « C’est magnifique », ajoute un autre. « Un bijou technologique, un avion gracieux, impressionnant à voir. C’était un emblème de la France. » Preuve que le Concorde fascine encore, plus de vingt ans après la fin de ses vols.
Une aventure industrielle franco-britannique
Né d’un partenariat inédit entre la France et le Royaume-Uni en 1962, le Concorde visait un objectif ambitieux : relier l’Europe et les États-Unis en un temps record. « Vers la fin des années 50, beaucoup pensaient que l’avenir du transport serait le supersonique », explique le guide du musée.Le premier vol d’essai a eu lieu à Toulouse en 1969. Le Concorde n°1 exposé au musée a joué un rôle central dans la phase de tests et de certification, ouvrant la voie aux vols commerciaux.

Un emblème français
Avec sa vitesse de croisière de Mach 2.2 (environ 2 100 km/h) et son vol à plus de 15 000 mètres de haut, le Concorde dépassait tout ce que proposaient les autres compagnies. Aucun autre pays, pas même les États-Unis, ne disposait d’un avion de ligne supersonique. L’appareil a transporté trois présidents français en mission : Pompidou, Giscard d’Estaing et Mitterrand. « Le Concorde était une arme diplomatique », rappelle Lord Matthew.
En 2003, les vols commerciaux cessent définitivement, après le crash de Gonesse en 2000 qui fit 113 morts. « C’est dommage que certains en aient gardé une mauvaise image à cause du crash », regrette un visiteur. Malgré sa puissance et son prestige, le Concorde consommait trop, émettait beaucoup et devenait difficile à défendre face aux enjeux écologiques.

Le classement de ce Concorde n°1 comme Monument historique donne une nouvelle vie à cet emblème de l’aviation française. Il garantit sa préservation grâce à des aides spécifiques, notamment pour l’Académie de l’Air et de l’Espace, et offre une nouvelle visibilité au musée Aeroscopia, gardien d’un patrimoine aéronautique au passé glorieux.