Les pharmacies du nord de Toulouse sont régulièrement victimes de vols à l’étalage. Les rayons dermocosmétiques sont des cibles préférentielles. Les officines alertent sur ce phénomène.
« En l’espace de 2 minutes 30, on a perdu 1 800 € » explique Marie*, incrédule. En janvier dernier, celle qui gère une pharmacie du nord de Toulouse a assisté impuissante au cambriolage de son magasin. « Il y a toujours eu des vols » rembobine la jeune femme, « mais depuis quelques mois, c’est en augmentation. Et puis, un vol de cette ampleur, on n’en avait jamais eu chez nous ». « Je connais au moins six pharmacies à qui c’est arrivé récemment » poursuit-elle. « Ce qui choque, c’est que ces voleurs sont bien connus, parfois même visibles sur les réseaux, et pourtant rien ne bouge alors que tout le monde connaît leurs noms ».
Entre 10 000 € et 20 000 € de pertes par an
Justine*, dont la pharmacie se trouve à quelques kilomètres de celle de Marie, observe les mêmes difficultés : « C’est devenu un véritable métier de voler » lâche-t-elle consternée. « Chaque semaine, on a des produits qui disparaissent. Le problème, c’est qu’on ne s’en rend compte qu’après coup, lors du facing des rayons (la mise en place des produits, NDLR), ou sur les images de vidéosurveillance. Il arrive aussi que nous réussissions à les arrêter à temps… mais il faut vraiment être très attentif » détaille-t-elle. « On est impuissantes, on peut juste subir ». En tout, ces vols représentent entre 10 000 € et 20 000 € de pertes par an selon la gérante.
« Ce sont des produits dont on entend beaucoup parler sur internet »
Pour arriver à de tels montants, les produits sont ciblés de façon précise. Et selon les deux gérantes, il y a une véritable « mode » du vol : « Ce sont surtout des produits dermatologiques et dermocosmétiques qui disparaissent. Des produits coûteux, petits et surtout, qui sont mis en avant sur les réseaux sociaux » explique Justine. « Ce sont des produits dont on entend beaucoup parler sur internet. Je pense que c’est comme cela qu’ils sont ciblés » conclut-elle.

« Les voleurs ne sont pas vraiment punis »
Concernant le profil des voleurs, Chawki, vigile dans un centre commercial qui prête main-forte à Justine, estime qu’il n’y a pas de récurrence : « Je vois passer de tout. Il y a des femmes, des hommes, des jeunes, des moins jeunes… Il n’y a pas de profil type pour les vols relativement peu coûteux. Par contre, quand il s’agit de vol de grandes quantités, ce sont souvent des groupes de personnes qui vendent ensuite les produits à l’étranger » détaille-t-il.
Bien souvent, les voleurs sont d’ailleurs des récidivistes : « Une fois identifiés, on fait attention aux profils connus. Mais aujourd’hui les voleurs ne sont pas vraiment punis. Les amendes ne les découragent pas et parfois, ils ne peuvent même pas payer car ils sont étrangers ou insolvables. Ils s’en moquent » concède-t-il.
« Il s’agit surtout de produits de première nécessité »
Dans d’autres pharmacies, c’est un tout autre type de produits qui sont visés. « Pour nous, il s’agit surtout de produits de première nécessité » explique la gérante d’une pharmacie de quartier. « On voit des gens voler du dentifrice, du lait pour bébé, des couches… On a toujours eu des vols, mais la situation économique actuelle a quand même fait grimper leur nombre ».
Explosion des violences commises à l’encontre des pharmaciens en France
Les vols et braquages à l’encontre des pharmacies se sont développés un peu partout en France sur ces dernières années. Avec cette augmentation, les violences commises à l’encontre des pharmaciens ont aussi explosé selon les chiffres de l’Ordre National des Pharmaciens :
- 536 déclarations d’agressions ont été portées à la connaissance de l’Ordre, soit une augmentation de 12 % des agressions déclarées par rapport à 2023 et de 77 % en 5 ans.
- 64 % des agressions sont des atteintes aux personnes (injures, menaces, agression physique), 11 %, des atteintes aux personnes et aux biens et 25 % des atteintes aux biens seuls.
- 32 % des pharmaciens déclarant une agression disent avoir porté plainte, un taux équivalent aux années 2023 et 2022, avec seulement 13 %, pour les seules atteintes aux personnes.