Accostée en pleine rue à Toulouse par un inconnu lui lançant une insulte raciste, Lucie, 20 ans, a choisi de réagir en filmant son agresseur. Son témoignage, partagé sur les réseaux sociaux, intervient quelques jours après une autre agression à caractère raciste dans la Ville rose.
Samedi soir, en plein cœur du quartier animé des Carmes, Lucie, 20 ans, rentre paisiblement d’une soirée lorsqu’un homme se positionne face à elle. Il lui lance une insulte raciste : « ching chang chong ». Elle et son ami restent figés. « On était sous le choc », souffle la jeune femme. Mais très vite, Lucie reprend ses esprits et décide de ne pas se laisser faire.
L’influenceuse, suivie par plusieurs dizaines de milliers d’abonnés, qui vit à Toulouse depuis un peu plus d’un an, court le rattraper. « Je voulais qu’il me répète ce qu’il venait de dire, face à une caméra », raconte-t-elle avec calme. Dans la vidéo qu’elle a publiée plus tard sur ses réseaux sociaux, on entend l’homme confirmer ses propos : « Oui, je t’ai bien dit ça à toi. Je sais que c’est raciste. »
La publication de la vidéo a suscité une avalanche de réactions, dont plusieurs messages affirmant que l’homme serait militaire. « Certains de ses collègues m’ont écrit, affirmant qu’il allait porter plainte contre moi, pour me faire peur », glisse-t-elle.
« Ce n’était pas possible de ne rien dire… »
La jeune femme, aux origines chinoises, indique qu’elle « voulait l’afficher publiquement ». « C’est la première fois que ça m’arrive ici, à Toulouse. Avant de m’y installer, j’avais vérifié qu’il y avait une petite communauté asiatique. » Lucie n’en est pas à sa première confrontation avec le racisme. Elle en a subi les premières marques dès l’adolescence. « Au collège, des gens tiraient leurs yeux quand ils me voyaient, disaient que je mangeais du chien », se souvient-elle.
Cette fois-ci, Lucie a encore pensé qu’il valait mieux ne rien dire, comme lui ont appris ses parents. « Mais ce n’était plus possible, si on laisse passer à chaque fois, rien ne changera », dénonce-t-elle.
Ce témoignage prend une résonance particulière, survenant à peine quelques jours après une autre agression raciste survenue à Toulouse. Début mai, la streameuse sud-coréenne Jinnytty, en visite dans la Ville rose, s’était fait violemment insulter en pleine rue. L’homme avait frappé son téléphone, l’avait traitée de « sale pute » et probablement de « sale Chinoise ». La scène, filmée en direct, avait provoqué une vive émotion sur les réseaux.
« J’avais vu la vidéo. Ça m’avait fait mal au cœur. C’était gratuit, d’une violence absurde », confie Lucie. « Mais jamais je n’aurais pensé que quelque chose de similaire m’arriverait à mon tour, quelques jours plus tard. » Ce dimanche, elle a déposé plainte.