Les jeux de rôles, synonymes d’évasion et de divertissement, peuvent représenter un danger pour les personnes psychologiquement fragiles, qui s’attachent trop à leur alter ego. La psychiatre toulousaine, Marion Barreau, analyse cette tendance.
Le jeu de rôle, même s’il est un bon outil d’évasion et de socialisation, peut également donner lieu à certaines dérives qu’il convient de comprendre et d’expliquer. Selon la psychiatre Marion Barreau, « le jeu doit rester un jeu, avec un cadre défini et les personnages n’existent pas en dehors de ce cadre ». C’est le respect de cette limite qui garantit une pratique plus saine et équilibrée.
Parmi les dérives possibles, la plus fréquente reste la perte de repères, notamment observée chez les joueurs engagés dans des campagnes très longues ou émotionnellement denses. Une difficulté à distinguer la fiction de la réalité. Marion Barreau précise que, « soit la personnalité fragile du joueur, soit un temps trop long dans l’immersion du jeu, peut pousser le participant à s’imprégner de son personnage même en dehors des parties ». Cette confusion peut s’accompagner de troubles comme l’anxiété, la dépression ou encore la dissociation.
Un autre risque est l’attachement pathologique à un personnage fictif. « L’attachement exagéré à un personnage fictif relève d’une fragilité psychopathologique sous-jacente. Phénomène que l’on peut retrouver également dans l’attachement pathologique à certains personnages de séries », explique Marion Barreau.
La dépendance au jeu de rôle est également une dérive possible. « On peut parler de dépendance au jeu quand, comme pour toute addiction, le joueur ne peut pas se détacher du jeu, au détriment de sa vie réelle. S’il désinvestit sa vie familiale, sociale ou encore professionnelle », souligne la psychiatre.
Marion Barreau met en garde contre le phénomène de transfert, lorsque le joueur fait trop référence à son personnage en dehors du jeu. Elle affirme que, « le jeu de rôle est une affaire de joueurs qui se retrouvent pour incarner des personnages que l’on crée. Naturellement dans ce cas, le cerveau sait différencier le réel de l’imaginaire, sauf dans certaines pathologies psychiatriques ».
Pratiqué avec modération, le jeu de rôle reste avant tout une activité sûre et ludique.