Mythique formation casablancaise, Nass El Ghiwane enflammera la Halle aux Grains de ses mélopées maghrébines samedi soir avec force instruments traditionnels et poésie.
Depuis plus d’un an, le groupe Nass El Ghiwane (littéralement « Gens de la chanson », terme inspiré d’une ancienne confrérie religieuse) visite les scènes européennes avec un succès qui transcende la vie de leur communauté marocaine d’origine. La musique de ce groupe fondé dans un bidonville de Casablanca à l’orée des années 1970 séduit, emporte, émeut. Il faut dire qu’ils accompagnent la vie du Maghreb musical et (donc) au-delà de la plus belle et intense des manières depuis un demi-siècle.
Logique, donc, qu’ils aient hérité du surnom de « Beatles marocains » puis de « Rolling Stones de l’Afrique » lancé par le réalisateur Martin Scorsese. Ce dernier maîtrise le sujet : il a réalisé en 2008 le film documentaire « Shine A Light » consacré aux Stones et a utilisé la musique de Nass El Ghiwane pour la bande originale de « La Dernière tentation du Christ » (1988) aux côtés de musiciens aussi prestigieux que Peter Gabriel, Youssou N’Dour, Nusrat Fateh Ali Khan et d’autres…
Réalité sociale
Aujourd’hui, Omar Sayed, Chifa Abdlkrim, Rachid et Hamid Batma assurent la pérennité de cette troupe incontournable du paysage culturel marocain. La cause ? Le maniement fin d’une poésie engagée, d’une langue pétrie d’ironie et de colère portée par des chœurs puissants, qui évoque la situation du pays, de sa jeunesse, de sa culture en mêlant musique, arabe, berbère, africain et andalou. La réalité sociale dépeinte dans leurs chansons parle au plus grand nombre, d’autant que les styles se mélangent, de l’Aïta (châabi marocain) au Melhoun (poésie populaire écrite en arabe maghrébin) en passant par le Gnawa dont la pratique est commune à Essaouira et d’autres nuances mélodiques ou textuelles.
Le public adhère à leur façon de dépeindre le monde tel qu’il le vit et à leur art d’utiliser les instruments traditionnels tels que le s’nitra (banjo sans frettes (armatures métalliques de certains instruments de musique à cordes et à manches tels que les violes de gambe, le luth, la théorbe…), le gumbri (basse acoustique utilisée dans la musique gnawa du sud marocain), le bendir et la tbilla, percussions utilisées par les paysans. Après leur passage au Casino de Paris cette semaine, les voici donc à Toulouse pour une soirée qui devrait faire date.