Les mouettes et goélands, ces oiseaux très critiqués à Toulouse, font partie de l’écosystème depuis des années. Entretien avec Mathieu Bergès, ornithologue et chargé d’étude faune pour l’association Nature en Occitanie.
Les mouettes et les goélands sont devenus, au fil des années, un emblème de l’écosystème toulousain. Mathieu Bergès, ornithologue et chargé d’étude pour l’association Nature en Occitanie, précise : « Ils sont là depuis les années 1970, de façon totalement naturelle. »
Des volatiles tout à fait intégrés à leur environnement
« C’est une espèce erratique qui utilise les grands cours d’eau, les grands axes, comme la Garonne, le canal du Midi, pour se déplacer », explique Mathieu Bergès. À Toulouse, ce sont le goéland leucophée et la mouette rieuse les stars. « On retrouve principalement le goéland », souligne-t-il.L’Occitanie offre un climat favorable à ces oiseaux, notamment l’hiver. « Il y en a parfois un millier sur Toulouse et ses alentours, car le climat est plus doux que sur les côtes ou les îles », explique l’ornithologue. Très présents au Bazacle, ils « profitent des bâtiments industriels à toit plat, c’est leur dortoir et aussi un lieu de reproduction », détaille-t-il.
La Ville rose est aussi une source de nourriture dont ils ne se privent pas. « Ce sont des animaux opportunistes, qui ont compris que là où il y a de l’humain, il y a à manger. » Il ajoute qu’ils « se nourrissent de déchets humains, auprès des centres d’enfouissement. Ça peut avoir un réel impact sur leur santé. »
Des perturbateurs de l’écosystème ?
À Toulouse, ces animaux dérangent et peuvent être perçus comme nuisibles. Mathieu Bergès relativise : « Le terme nuisible est souvent employé par l’être humain, pour lui-même. C’est une vision anthropocentrée de l’animal, qui n’a aucune valeur écologique. »Par leur présence ancienne, mouettes et goélands ne perturbent pas la chaîne alimentaire, dans laquelle ils « ont leur place ». « Ils se nourrissent de manière totalement naturelle, sans impact négatif sur l’écosystème », rassure l’ornithologue.
Leur nombre évolue normalement, assure Mathieu Bergès. « Ce ne sont pas des espèces qui explosent mais qui sont stables depuis des années. » Il affirme qu’à Toulouse, il n’y a qu’une « dizaine de couples reproducteurs mais on aperçoit beaucoup d’individus non reproducteurs. »