Sous le pont de Blagnac, un étrange dispositif vient de prendre place dans les eaux de la Garonne. Il s’agit du tout premier système automatisé de collecte de déchets flottants, conçu par la start-up toulousaine Plastic Vortex. Une innovation discrète mais puissante, qui pourrait changer la donne dans la lutte contre la pollution plastique fluviale.
Le principe est simple mais redoutablement efficace : un barrage de 300 mètres de long, équipé d’une jupe en caoutchouc de 40 cm qui guide les déchets flottants vers un convoyeur motorisé, lequel les remonte automatiquement toutes les 30 minutes dans une benne installée sur la berge.
« Tout est automatisé, tout se passe sur la rive, même l’analyse des déchets », précise Anthony Coulon, directeur technique et cofondateur. Grâce à des capteurs connectés et une plateforme numérique, les équipes peuvent surveiller à distance le fonctionnement de l’installation.

Résistant aux crues et respectueux du fleuve
Conçu pour résister aux crues, le système est muni d’un mécanisme de sécurité : le barrage se soulève pour laisser passer les objets encombrants comme les pneus ou les troncs d’arbre, tandis que les déchets organiques sont identifiés puis relâchés dans le courant.
Assemblé dans un atelier à Tournefeuille par une trentaine de sous-traitants, ce prototype avancé mêle acier galvanisé, mécatronique et ingénierie fluviale. Une pièce maîtresse de 250 kg dotée d’un flotteur génère un effet vortex pour aspirer plus efficacement les déchets en surface.
De l’idée à l’expérimentation
Le projet, lancé en 2017, voit enfin le jour après huit années de développement. À terme, l’équipe ambitionne d’installer 31 barrages stratégiquement répartis à travers le territoire français pour intercepter jusqu’à 70 % des déchets qui finissent dans les océans.
« Cela représenterait 175 tonnes de déchets par an, soit environ 9 millions de bouteilles plastiques », avance Patrick Thaunay, cofondateur chargé du développement commercial.
Une entreprise à mission
Plastic Vortex est une société à mission, inscrivant dans ses statuts l’objectif de « protéger les écosystèmes fluviaux et océaniques en préservant la biodiversité ». Outre la collecte, l’entreprise mène aussi des actions de sensibilisation et cherche à exploiter les meilleures filières de valorisation des déchets.
Avec 500 000 euros levés (entre subventions, capitaux propres et prêts solidaires via la Nef, BPI ou Crealia), la start-up prépare déjà l’industrialisation de son dispositif. Un partenaire industriel est recherché pour déployer la solution en France et à l’étranger.
Une alternative européenne à Ocean Cleanup
Alors que des initiatives similaires existent en Asie – comme Ocean Cleanup – Plastic Vortex se démarque avec un système breveté, totalement automatisé et riverain, déjà soutenu par l’agence de l’eau, la région Occitanie ou encore Inddigo, devenu actionnaire minoritaire.
Pour l’instant, le système cible les macro-déchets plastiques. La pollution chimique n’est pas encore prise en compte, mais pourrait faire l’objet de futurs développements. L’inauguration de Plastic Vortex devrait avoir lieu dans le courant de l’été.