« Un territoire d’innovation et de luttes ». Âgé de 50 ans, Vincent Garel préside le comité régional du tourisme et des loisirs (CRTL) depuis 2020. Maire du village d’Aiguefonde (Tarn), il est également conseiller régional.
Président du PRG Occitanie et premier vice-président national, le Tarnais a souhaité partager avec L’Opinion Indépendante ses constats, propositions et sa position pour les élections municipales à venir.
Héritier du plus ancien parti politique de France, le PRG s’inscrit dans la continuité d’un courant républicain profondément ancré dans l’histoire politique du Midi rouge, celui des combats laïques, des conquêtes sociales, et de la défense des libertés publiques.
Élu local engagé, Vincent Garel considère que l’Occitanie, définie comme « territoire d’innovation et de luttes », mérite d’être racontée « autrement » : dans sa complexité, ses fractures, mais aussi ses « formidables » dynamiques.
Élection du pape, meurtre d’Aboubakar Cissé…
Alors que la vie du nouveau pape commence au Vatican, l’année 2025 marque l’anniversaire des 120 ans de la loi sur la séparation des Églises et de l’État. L’occasion pour le président du PRG Occitanie de rappeler son attachement à la laïcité.
Adoptée en 1905, cette loi fondamentale pose les bases d’une République laïque, garantissant la liberté de conscience et le libre exercice des cultes, tout en affirmant la neutralité de l’État en matière religieuse.
Pourtant, au lendemain de la mort du pape François, le gouvernement a annoncé la mise en berne des drapeaux sur les bâtiments publics du pays le jour des funérailles, le 26 avril dernier. Une mesure symbolique qui faisait suite à plusieurs initiatives locales.
S’il ne remet pas en cause l’homme, ni son action, Vincent Garel estime que « le président de la République n’avait pas à se faire le relais d’un hommage religieux obligatoire, imposé à tous, croyants ou non ».
Après le meurtre sauvage d’Aboubakar Cissé dans une mosquée du Gard, le conseiller régional a souhaité exprimer sa « profonde indignation » face à la multiplication récente d’actes de haine qui défigurent notre République ».
Contrairement à François Bayrou qui a qualifié d' »ignominie islamophobe » l’assassinat du jeune Malien, le maire d’Aiguefonde préfère parler d' »acte anti-musulman » considérant que le qualificatif éloigne parfois de la réalité de l’acte.
La première chose à laquelle il faut s’attacher c’est le souvenir de la victime, la compassion pour la famille et la fermeté des lois républicaines ». De ce point de vue, les Radicaux ont toujours été constants », a insisté l’élu local.
Pour rappel lors du rassemblement en hommage à Aboubakar Cissé à Paris le 27 avril dernier, le député PS Jérôme Guedj a été la cible d’insultes antisémites. Deux jours plus tôt, deux personnes ont été agressées par le groupuscule d’extrême-droite Patria Albigès à Albi.
Autant d’attaques « qui révèlent que la haine s’insinue même là où l’on prétend défendre la justice » et « qui s’inscrivent dans une stratégie de terreur politique de l’extrême-droite », a précisé le premier vice-président du PRG.
Ouverture, proximité, équilibre et créativité
Le 3 mai dernier, dans un entretien accordé au JDD, le Premier ministre a avancé la possibilité de « s’adresser directement aux citoyens » sur le redressement des finances publiques. Une piste qui a provoqué le scepticisme de Vincent Garel.
Ce que je crains c’est que ce soit une fois de plus les plus précaires qui soient touchés. On ne parle plus du tout de la façon dont la fiscalité est répartie dans ce pays, des choix budgétaires qui ont été faits depuis 2017″, a déploré le conseiller régional.
Et d’ajouter : « Avant de s’en remettre aux Français, il faudrait que le gouvernement essaie de proposer un projet de budget pour 2026 plus équilibré que celui pour 2025 en rediscutant sur les recettes et la façon dont elles sont réparties ».
En février dernier, le locataire de Matignon avait déjà soutenu l’idée d’une possible consultation sur les retraites, avant d’être recadré par Emmanuel Macron, en visite au Portugal : « La Constitution est claire dans ses termes, et j’aurai à m’exprimer au bon moment ».
Tandis que 87 % du territoire national est considéré aujourd’hui comme un désert médical, le maire d’Aiguefonde a salué l’adoption de la proposition de loi transpartisane initiée par Guillaume Garot (PS) visant à réguler l’installation des médecins.
Si cet « outil supplémentaire » devrait permettre un accès plus direct à la médecine générale et spécialisée, « il ne résoudra probablement pas complètement le manque de médecins », a indiqué l’élu local, qui pointe surtout la formation santé.
Au niveau régional, l’Occitanie a mis en place, dès juillet 2022, le salariat des médecins au sein de centres de santé ouverts principalement dans les territoires ruraux. « Une solution qui fait aujourd’hui ses preuves », a affirmé le premier vice-président du PRG.
Face aux dysfonctionnement dont pâtissent aujourd’hui élèves et équipes pédagogiques, Vincent Garel plaide pour une nouvelle répartition des enseignants, un grand plan de recrutements, ainsi qu’un travail sur la notion de « parentalité ».
Les Radicaux ont toujours considéré que l’École publique laïque était un investissement pour les générations futures. Faire des économies sur ce sujet c’est prendre le risque de briser une chaîne de savoirs/valeurs qui serait préjudiciable pour le pays », a-t-il affirmé.
Le 3 mai dernier, Emmanuel Macron a annoncé le lancement d’une nouvelle convention citoyenne sur « les temps de l’enfant » au moins de juin 2025. Le but, trouver des consensus pour améliorer le quotidien des élèves et celui des familles.
Si le principe peut sembler prometteur, le conseiller régional a le sentiment que « nous n’avons pas avoir la même notion de l’urgence » et qu’une telle initiative « va demander un immense travail préparatoire ».
En pratique, un panel de Français tiré au sort sera chargé d’auditionner des experts et d’ensuite émettre des avis sur l’organisation des journées scolaires des mineurs. La question du nombre de semaines de vacances sera également abordée.
Pour attirer en France les chercheurs étrangers, notamment américains au moment où les États-Unis multiplient les annonces chocs, la France va investir 100 millions d’euros « supplémentaires ». « Une bonne idée sur le principe », a confié le maire d’Aiguefonde.
Face à la menace russe et au risque de désengagement américain, l’élu local a souligné la nécessité de maintenir la compétitivité de l’industrie de la défense et renforcer notre capacité de défense. À ce titre, la Région Occitanie a annoncé la mobilisation de 200 millions d’euros.
Initié en février dernier par la collectivité, un travail partenarial est en cours avec le ministère des Armées, l’Agence de l’innovation de défense, le coordinateur de la BITD en région, le cluster PRIMUS (composé de 56 entreprises occitanes) et les clusters et pôles de compétitivité.
Dans l’hypothèse où les velléités de Vladimir Poutine s’avèreraient plus grandes que ce qu’elles sont aujourd’hui, il faut que l’Europe soit capable de montrer qu’elle est unie, forte. Et pour être forte, il faut s’y préparer », a expliqué le premier vice-président du PRG.
Pour répondre aux crises politiques, sociales, écologiques et économiques auxquelles la France fait face, le parti de centre-gauche travaille sur la mise à jour de son programme dans l’hypothèse où les élections législatives arriveraient assez vite.
Parmi les principaux points de réflexion, la mise en place d’une TVA modulée, une réforme de la politique de l’eau, ou encore une nouvelle répartition de l’effort fiscal pour financer notre modèle social.
Au niveau des cotisations, on peut imaginer par exemple qu’il y ait des bonus pour certains secteurs d’activité, sous la forme de réduction de charges, moyennant des augmentations de salaires », a exposé Vincent Garel.
Et de mettre l’accent sur des projets concrets développés par le Région Occitanie pour soutenir le pouvoir d’achat des familles : rentrée scolaire la moins chère de France, gratuité des transports en train et en voiture…
Enfin, à un an de l’échéance municipale, le conseiller régional appelle à l’union de la gauche (sauf LFI) dès le premier tour. Union qui pourrait créer dans certains territoires des « espoirs de reconquête ».
Il y a des volontés de rassemblement qui se font jour par le travail militant porté par les élus sur les territoires. C’est notamment le cas à Albi, Béziers, Nîmes et Toulouse », a fait savoir le maire d’Aiguefonde.
Avant de conclure : « Les Radicaux se positionnent toujours dans un esprit d’ouverture, de proximité, d’équilibre et de créativité. C’est d’ailleurs dans cet esprit que la présidente de Région Carole Delga a créé la majorité régionale ».
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