En novembre 2023, les services de l’État ont été alertés par l’association Saint-Simon-Environnement (Toulouse) sur des dépassements de seuils réglementaires en dioxines, furanes et polychlorobiphényles (PCB) dans des œufs de poules domestiques d’un particulier, dans le quartier du Mirail à Toulouse.
Par la suite, cette association a procédé à des analyses qui ont confirmé une contamination ubiquitaire (généralisée) des sols et des œufs de poules d’élevages domestiques par des polluants organiques persistants (POP) à Paris et dans les départements de la petite couronne.
L’Agence régionale de santé (ARS) Occitanie a financé une étude de caractérisation des 35 molécules de dioxines, furanes et polychlorobiphényles possédant des valeurs sanitaires dans les denrées alimentaires.
Un enjeu de santé publique pour tous
Une enquête environnementale a aussi été réalisée afin d’étudier le poulailler et les pratiques des propriétaires. Les résultats de ces démarches sont les suivants:
Les PCB sont qualifiés de « polluants organiques persistants« , car ces composés se dégradent lentement dans les milieux et s’accumulent dans les chaînes alimentaires jusqu’à devenir toxiques. Régulièrement appelés « polluants éternels », ils ont une durée de vie longue dans l’environnement et demeurent présents plusieurs décennies après l’arrêt complet des émissions.
Les POP sont issus des processus de combustion liés aux activités humaines (métallurgie, sidérurgie, incinération, combustion de bois), aux activités individuelles (chauffage au bois, brûlage de déchets verts, barbecue) ou sont d’origine naturelle (incendies). Ces molécules se stockent dans les corps gras tels que la viande, le poisson, le lait et les œufs pouvant alors être consommés.
Santé publique France a montré, en 2021, qu’avec une imprégnation qui augmente avec l’âge et l’indice de masse corporelle, tout le monde est impacté. L’exposition aux dioxines se fait à plus de 90 % par les aliments, principalement d’origine animale. Ces dernières années, la tendance de l’imprégnation est à la baisse à l’échelle populationnelle.
L’ensemble des habitants est concerné, car l’exposition aux POP s’étend tout au long de la vie. En raison de leur nature de perturbateurs endocriniens, les POP sont susceptibles d’interférer dans le développement de l’enfant, ainsi que dans le fonctionnement des systèmes nerveux, immunitaire et sexuel.
Le public particulièrement sensible est constitué des enfants, des femmes enceintes et des femmes allaitantes.
L’ARS donne ses recommandations
L’ARS Occitanie considère que les œufs issus des poulaillers toulousains peuvent être consommés si les mesures de prévention suivantes ont été mises en place :
- ne pas construire un poulailler à partir de matériaux anciens ou recyclés, sources potentielles de polluants ;
- donner les aliments dans une mangeoire et non directement sur le sol ;
- choisir un aliment adapté aux besoins des poules (en demandant conseil auprès des professionnels) et en quantité suffisante ;
- nettoyer régulièrement le poulailler ;
- ne pas répandre de cendres (barbecue, cheminée) dans le jardin ;
- prévenir les contaminations microbiennes des œufs en ne consommant que les œufs non fêlés et stockés à la même température sans aucun lavage, et en se lavant les mains après tout contact avec les poules et les œufs.
Afin de réduire le risque de surexposition aux polluants organiques persistants, en particulier pour les publics sensibles, l’ARS rappelle qu’il est recommandé de varier son alimentation ainsi que ses sources d’approvisionnement alimentaire.
Qu’ils soient en ville ou à la campagne, tous les particuliers propriétaires de poules sont invités à respecter les bonnes pratiques définies par la Direction générale à la santé dans la nouvelle édition du petit guide de l’autoconsommation en toute sécurité.
>> À LIRE AUSSI : Ramonville Saint-Agne : le maire réagit suite à l’ordonnance du Tribunal administratif de Toulouse