Un anticorps de nouvelle génération pour un traitement plus efficace. Alors que le congrès mondial de la recherche sur le cancer vient de s’achever à Chicago, une étude toulousaine apporte un nouvel espoir. Elle se base sur l’immunothérapie, qui représente depuis une décennie une avancée majeure dans le traitement du cancer. En s’appuyant sur la capacité du système immunitaire à reconnaître et détruire les cellules cancéreuses, elle a en effet offert des résultats spectaculaires à certains patients.
Toutefois, son efficacité reste inégale et laisse encore de nombreux malades sans réponse thérapeutique satisfaisante. Un nouvel espoir se dessine alors avec le développement d’anticorps optimisés. Ces travaux, menés par l’Institut de pharmacologie et de biologie structurale -IPBS (CNRS/Université de Toulouse), ont été dévoilés ce mardi 3 juin dans la revue Cell Reports Medicine.
L’immunothérapie : une révolution encore incomplète
L’immunothérapie est un traitement révolutionnaire du cancer basé sur l’utilisation d’anticorps dirigés contre les molécules appelées PD-1 et CTLA-4″, rappellent les chercheurs.
Ces molécules agissent comme des freins sur les lymphocytes T, les cellules tueuses de notre système immunitaire. En les inhibant, les traitements actuels cherchent à réactiver la réponse immunitaire contre les cellules tumorales.
Mais ce mécanisme, bien que prometteur, ne suffit pas toujours. Comme le rappellent les scientifiques :
Il est donc urgent d’améliorer l’efficacité de l’immunothérapie afin que le traitement puisse profiter à un plus grand nombre de patients. »
Les vaisseaux HEV : une clé de l’efficacité immunitaire
Un des enjeux majeurs de l’immunothérapie réside dans l’accès des lymphocytes T aux tumeurs. Pour cela, certains vaisseaux sanguins spécifiques, appelés HEV (High Endothelial Venules), jouent un rôle crucial.
Ces vaisseaux sanguins atypiques sont essentiels car ils permettent aux lymphocytes T de pénétrer dans la tumeur. »
Le traitement proposé par l’équipe scientifique toulousaine repose justement sur ce levier. En augmentant la proportion de vaisseaux HEV, les nouveaux anticorps optimisés facilitent l’entrée des cellules immunitaires dans la tumeur, un facteur déterminant pour une réponse thérapeutique efficace.
Des anticorps anti-CTLA-4 de seconde génération
Le cœur de cette avancée repose sur la modification d’anticorps anti-CTLA-4 existants. Contrairement à l’ipilimumab, anticorps de première génération déjà utilisé en clinique, les nouveaux anticorps ont été « modifiés pour améliorer leur efficacité ».
Les résultats précliniques sont prometteurs :
En utilisant des modèles de souris humanisées, les scientifiques ont démontré que ces anticorps anti-CTLA-4 de seconde génération augmentent la proportion de vaisseaux HEV. »
Cette action permet un « recrutement plus important de lymphocytes tueurs dans les tumeurs », y compris dans les cancers dits « froids », connus pour leur résistance aux traitements par anticorps anti-PD-1 seuls.
Vers une nouvelle ère thérapeutique
Des milliers de patients bénéficient déjà des traitements à base d’anticorps anti-PD-1, seuls ou en combinaison avec les anti-CTLA-4 de première génération. L’arrivée prochaine de ces nouvelles molécules pourrait bien changer la donne.
Comme le soulignent les auteurs, « à terme, l’utilisation d’anticorps anti-CTLA-4 optimisés de seconde génération […] pourrait permettre d’améliorer l’efficacité du traitement par immunothérapie. » En particulier, ils pourraient offrir une réponse thérapeutique aux patients aujourd’hui insensibles aux traitements existants.
Cette avancée, encore en phase d’expérimentation, laisse entrevoir un avenir où l’immunothérapie serait accessible à un plus grand nombre de malades et efficace contre un spectre élargi de cancers.
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