Crève-cœur pour certains, page tournée pour d’autres. La deuxième phase de la démolition de l’immeuble Gluck, l’un des plus grands de la ville, a démarré ce mardi 29 avril 2025 dans le quartier de La Reynerie, au Mirail à Toulouse. Celui qui avait déjà largement grignoté va disparaître d’ici peu. Reportage.
D’un immeuble… à un square et un gros projet urbain
Il n’en restera plus que quelques miettes d’ici deux mois. Le chantier de déconstruction mécanique des deux dernières ailes de l’immeuble Gluck (ailes C et D), qui logeait autrefois 208 habitants, a démarré à 7 heures mardi 29 avril matin. En juillet 2025, l’ensemble des travaux devraient se clôturer pour laisser place à un tout autre chantier donnant lieu à un autre paysage : le square Galia doté d’équipements sportifs.

Et plus globalement, « une transformation profonde de la Reynerie prévue pour fin 2030 », avait mentionné il y a quelques mois Serge Jacob, secrétaire général de la préfecture de la Haute-Garonne, à Actu Toulouse. Au programme : pôle sportif, îlots de fraîcheur, aires de jeux et logements dernier cri.
Un projet qui n’a pas fait l’unanimité
Le projet avait fait longuement polémique, que ce soit auprès des locataires qu’il a fallu reloger, de l’opposition à Toulouse qui ne cesse de regretter ces destructions, ou encore du collectif Défense pour le Mirail qui reproche notamment au bailleur social Les Chalets d’utiliser un permis de démolir délivré par la Mairie de Toulouse en 2021 « alors que deux ans plus tard un commissaire enquêteur a demandé que l’immeuble Gluck ne soit pas démoli », et surtout : qu’une réhabilitation de l’immeuble aurait été préférable.
Que sont devenus les habitants de l’immeuble ?
Le bailleur social Les Chalets affirme que 8 ménages sur 10 (soit 83 %) ont été relogés dans la Ville de Toulouse, dont un peu plus de la moitié au Grand Mirail. La très grande majorité des locataires a conservé un logement au sein du parc social des Chalets (80 %), environ 20 % étant pris en charge par un autre organisme du territoire.
Mais l’immeuble Gluck, à l’image des trois autres résidences Grand d’Indy, Messager et Poulenc du quartier, tous sortis de terre dans les années 70 sous l’impulsion de l’architecte Candilis, est jugé vétuste par les pouvoirs publics (le projet est porté par Toulouse Métropole et ses partenaires ; des bailleurs sociaux, des collectivités territoriales, et l’État via l’Agence Nationale de Renouvellement Urbain, NDLR). Les quatre barres verticales sont donc vouées à disparaître. Soit 862 logements démolis, suivis de la construction de 1 206 logements neufs, traversants ou en angle, et notamment sociaux. Objectif principal ? Relancer l’attractivité du quartier et tendre à une certaine mixité sociale.
Deux ailes d’immeubles cassées
La première grande pierre de ce projet de renouvellement urbain a donc démarré avec la démolition de l’aile E de l’immeuble Gluck en juillet 2024. Cette année, entre la fin avril et le début du mois de juillet, ce sont les cages 11 à 16 qui seront grignotées de haut en bas.

Un démantèlement en toute sécurité, insiste d’ailleurs le propriétaire et gestionnaire Les Chalets. D’une part parce qu’il est désormais entièrement inhabité, contrairement à la première phase de démolition. Mais aussi parce que « le démantèlement est facilité par la structure (de l’immeuble, NDLR).
Les ailes de l’ancien tripode s’articulent en effet autour de doubles murs qui assurent une fonction de joint de dilatation. Par ailleurs, un périmètre de sécurisation est mis en place autour de la zone de travaux, avec la pose de palissades et l’adaptation du cheminement piéton », indique le bailleur.
Un chantier de deux mois 5 jours sur 7
Pour autant, le quotidien des habitants de la Reynerie sera chamboulé. Pendant près de deux mois, ils vivront tous les jours de la semaine, de 7h à 17h du lundi au jeudi et de 7h30 à 16h le vendredi, au rythme des engins de chantier.
« Les opérations seront effectuées au moyen d’une pelle mécanique à grand bras télescopique de 42 mètres, équipée d’une pince hydraulique à béton. Un système de brumisation viendra éliminer les émissions de poussières en suspension », détaille Les Chalets.

Les quatre étages les plus élevés seront démolis par écrêtage, au moyen d’un robot télécommandé à l’intérieur du bâtiment. « Une tour d’étaiement installée sur la façade en pignon viendra par ailleurs limiter la projection d’éventuels gravats », renchérit le bailleur. Ces derniers seront évacués au fur et à mesure du chantier pour être revalorisés ou réemployés.
Des adaptations pour la partie mitoyenne de l’immeuble
Pour ce qui est de l’aile D, qui se trouve être mitoyenne avec l’immeuble voisin Petit d’Indy, elle sera équipée d’écrans de protection sur ses balcons les plus proches du chantier et d’une bâche sur la toiture. « Un passage protégé sera mis en place pour les riverains, aux entrées 17 et 18 de Petit d’Indy », indique Les Chalets.
L’ensemble du site sera sécurisé nuit et jour. Des équipes anti-intrusion assureront le gardiennage 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24. La surveillance est de rigueur. Sur place, déjà, à une extrémité du chantier, un tag indique « Le Mirail vivra ! Stoppons les destructions ».

Quand du côté de l’opposition Alternative Municipaliste Citoyenne (AMC) portée par les Insoumis, on dénonce une aberration financière et écologique, doublée de « démolitions qui impactent la vie des gens et les liens sociaux qui ont mis des années à être construits », déclare Jamal El Arch, élu à la métropole.
Durant toute la durée du chantier, les riverains ont la possibilité de s’informer auprès d’Allô Chalets via le numéro de téléphone : 05 81 425 425.