Un préavis de grève vient d’être déposé par des personnels paramédicaux (infirmières puéricultrices et auxiliaires de puériculture) du service de réanimation pédiatrique et de néonatale du CHU de Toulouse. Les soignants dénoncent une « dégradation alarmante » de leurs conditions de travail.
Un service de pointe
« On se mobilise parce qu’après plusieurs rendez-vous avec la hiérarchie, on n’obtient pas satisfaction, souffle Pauline, l’une des infirmières puéricultrices du service. On a le sentiment que si on ne fait pas ce mouvement, on va continuer à galérer dans le service. »
1100 enfants accueillis chaque année
Le service de réanimation pédiatrique et néonatale est situé à Purpan, à l’hôpital des enfants. Un service de pointe, qui accueille en soins intensifs des enfants de 0 à 18 ans venus de toute l’ex-région Midi-Pyrénées, dans des situations d’extrême urgence. 1100 enfants y sont accueillis chaque année par les 102 auxiliaires de puériculture et infirmières puéricultrices qui travaillent autour des 22 lits du service.
Un service dit « normé ». Son fonctionnement est balisé par des textes de lois qui définissent l’encadrement par enfant : soit une puéricultrice pour deux enfants en réanimation néonatale et une puéricultrice pour deux enfants en réanimation pédiatrique et une auxiliaire de puériculture pour 4 enfants. Et ce 24 h/24 et sept jours sur sept.
« Au CHU de Toulouse, on a décidé d’aller au-delà de ces normes, souligne Sarah Viguier, directrice du site Purpan et du pôle pédiatrie. On a rajouté deux puéricultrices en journée et deux auxiliaires de puériculture, pour des missions spécifiques comme la logistique et l’accueil. Et toute absence est remplacée, c’est la règle. »
Des recrutements réclamés
Mais depuis plusieurs mois, des soignants signalent leur épuisement.
« On se retrouve très régulièrement avec pas assez d’auxiliaires de puériculture en poste, assure Pauline. Il y a des renforts avec le pool de l’hôpital des enfants, mais il n’y a pas que le service réanimation à soulager. Et puis le CHU de Toulouse prône la mobilité entre les services, mais la réanimation, c’est vraiment très spécifique. Pour nous, il faut recruter six équivalents temps plein d’auxiliaires de puériculture pour pouvoir bien fonctionner. »
Les personnels paramédicaux de la réanimation pédiatrique réclament aussi l’embauche de leurs collègues en CDD.
« L’épuisement s’installe »
On est très au courant des restrictions budgétaires dans le domaine de la santé. Mais là on tire sur la corde, l’épuisement s’installe. Le sentiment du travail mal fait nous ronge. Et avec lui, la peur : celle de ne plus pouvoir garantir la qualité et la sécurité des soins pour nos jeunes patients. Heureusement qu’on a les retours positifs des enfants et des familles.
Rencontres avec la direction
La direction du CHU de Toulouse a rencontré à plusieurs reprises les équipes de réanimation pédiatriques et néonatales. « On comprend les inquiétudes de cette équipe qui se donne à 300 %, souffle Sarah Viguier. La réanimation pédiatrique, ce n’est pas n’importe quelle équipe, ce sont des professionnels extraordinaires, vraiment des experts. »
Le CHU de Toulouse s’est engagé pour le moment au recrutement de deux équivalents temps plein d’auxiliaires de puéricultrice « de manière imminente » et fait part de son intention « de maintenir un dialogue régulier, ouvert et constructif et de soutenir l’ensemble des professionnels ».
Une vidéo devenue virale
Pour faire connaître leur combat, infirmières et auxiliaires de puéricultrices ont tourné une vidéo publiée sur les réseaux sociaux. Partagée par des personnalités influentes, comme la romancière Virgine Grimaldi dont l’un des enfants est passé en réanimation (dans un autre hôpital), elle est vite devenue virale.
Localement, les infirmières et auxiliaires de puériculture se mobiliseront mercredi prochain. En grève, elles continueront tout de même à travailler. Un rassemblement est tout de même prévu à 9 heures, devant l’hôpital des enfants.