l’angoisse des conducteurs de plus de 70 ans face à l’hypothèse d’un contrôle médical obligatoire

Faudra-t-il bientôt passer une visite médicale pour conserver son permis ? Le sujet fait débat. Des visites pourraient être instaurées tous les 5 ans à partir de 70 ans. Les personnes âgées sont dans le viseur, même si elles s’avèrent minoritaires dans l’accidentologie d’après la Sécurité routière.

Le débat sur le permis de conduire à vie est ce qu’on pourrait appeler « un serpent de mer ». À chaque accident mortel impliquant une personne âgée, le sujet est évoqué. Deux propositions de loi pourraient aboutir à l’instauration d’une visite médicale de contrôle pour les plus âgés.

Le député MoDem Bruno Millienne a déposé fin juillet 2023 une proposition de loi à l’Assemblée nationale. Objectif : imposer une visite médicale de contrôle pour les conducteurs de plus de 75 ans.

La Commission européenne étudie de son côté un permis réservé aux conducteurs seniors, âgés de plus de 70 ans. Le permis serait renouvelable tous les 5 ans, sous réserve de la réussite d’un examen médical et/ou de cours de remise à niveau du code de la route.

« Ne plus conduire, je ne l’envisage pas, réagit Louis Arnaud, un conducteur à la retraite. C’est une perte de liberté certaine. Ne plus conduire… vous vous rendez compte : tous les jours, on utilise la voiture« .

Envisager une vie sans permis à devoir limiter ses déplacements, pas facile quand on est un retraité en milieu semi-rural et que la conduite, en plus, est une passion. « On ne sait pas, ces visites médicales, qu’est-ce qu’il va en être. On se tiendra en forme pour pouvoir être apte » assure encore Louis Arnaud.

Un texte de loi est actuellement à l’étude. Son but, conditionner le renouvellement du permis à l’aptitude de conduire. Cette aptitude serait mesurée par des tests effectués tous les 15 ans par un médecin agréé.

Moins de personnes âgées au volant pour diminuer l’accidentologie ? Telle est l’idée. Mais la Prévention routière doute de la pertinence du projet de loi et demande son retrait.

« Aujourd’hui, elle n’a pas prouvé son efficacité, argumente Christel Fabre, directrice de la Prévention routière Occitanie. Elle a été déjà mise en place dans un certain nombre de pays. Il y a certains pays qui rétropédalent, par exemple la Suisse ».

« La capacité à conduire ne dépend pas de l’âge, mais de la pathologie. Donc c’est une question de santé et conduite, et pas une question d’âge. Ensuite, en France, il existe déjà des dispositifs pour les personnes qui sont atteintes de pathologie qui les rendraient inaptes à la conduite ».

Dans l’esprit de beaucoup d’automobilistes, le texte ne concernerait que les conducteurs âgés. Mais en fait, il pourrait être destiné à un public plus vaste, potentiellement dès 33 ans.