Après la décision judiciaire permettant la reprise du chantier de l’autoroute A69, le directeur général d’Atosca, maître d’œuvre et futur concessionnaire, parle du deuxième semestre 2026. Les opposants dénoncent une opération de communication. Il va falloir selon eux au moins deux ans de travaux.
La reprise du chantier de l’A69 a été autorisée par la justice mercredi 28 mai. Les entreprises préparent la reprise des travaux qui devrait avoir lieu autour du 15 juin prochain. Depuis une semaine, les principaux opérateurs se sont attachés à rappeler les salariés qui avaient été mobilisés sur d’autres chantiers.
Martial Gerlinger, directeur général du maître d’œuvre et futur concessionnaire Atosca, a expliqué mardi 04 juin à l’AFP qu’il fallait du temps pour remettre à niveau les équipements de protection de l’environnement et les équipements d’assainissement.
« Ce sont des travaux qui, après ce premier inventaire, vont démarrer en gros mi-juin. À côté de cela, il y a une procédure qui est lancée pour réactiver la venue chez nous de l’ensemble du personnel concerné qui a été démobilisé (…) sur un délai d’à peu près trois mois, c’est-à-dire qu’on sera de nouveau à plein effectif (environ 1.000 salariés, NDLR) sur cette autoroute et en pleine activité pour fin septembre à peu près ».
Le chantier s’étend sur 53 km et traverse 20 communes. • © REMY GABALDA / MAXPPP
« Sur le planning, en gros, c’est une triple peine, déplore-t-il face à nos confrères de l’AFP. On a le décalage de trois mois d’arrêt complet. Le deuxième décalage, c’est la reprise, la remobilisation (…) Et la troisième peine, c’est qu’on est à la mauvaise période pour intervenir. Les terrassements, il faut faire ça en été, pareil pour les enrobés. (…) On est en train de caler la date avec l’État, et il y a encore un travail sur le planning, mais quoi qu’il arrive, [la mise en service de l’autoroute, NDLR] sera au-delà de mi-2026, ce sera plutôt au deuxième semestre 2026″.
Or, les défenseurs de l’environnement, opposés au projet, dénoncent une communication fallacieuse. Le porte-parole du collectif « La Voie est libre » parle de « fable sur l’avancement des travaux destinée à faire pression sur la Cour d’appel ».
« Expliquer que le chantier va reprendre et qu’il n’aura que 6 mois de retard par rapport à la livraison de fin 2025, c’est complètement faux puisqu’ils avaient déjà, de toute façon, beaucoup de retard (…). Sur une infrastructure comme ça, avant de la mettre en service, il y a une phase de réception de quatre mois par l’État. Il intervient sur le chantier pour valider les infrastructures. Donc quand on parle de fin des travaux, ça ne signifie pas mise en service ».
Pour LVEL, la date annoncée par le directeur d’Atosca voudrait dire que les travaux se terminent au printemps, un planning qui ne colle pas selon le collectif.
« Quand on termine les travaux, ça veut dire qu’on a terminé tous les travaux de signalisation, de péage, d’aire de repos… Et donc avant ça, il faut avoir terminé tous les travaux de chaussée. Les travaux de chaussée, ça dure six mois. Ça, c’est le contrat de concession qui le dit. Les travaux se termineraient au printemps 2026 ».
« Ça veut dire qu’ils démarrent les travaux de chaussée en novembre ou en décembre. Or, on ne fait pas des travaux de chaussée en hiver, poursuit le porte-parole de LVEL. Ce n’est pas une bonne idée. C’est Marial Gerlinger lui-même qui l’a affirmé. Et avant de faire la chaussée, il faut qu’on ait terminé tous les travaux de terrassement et les ouvrages d’art. Or, il reste 50% des terrassements et 30% des ouvrages d’art à réaliser ».
Manifestation contre une usine à bitume au départ de Saint-Germain-des-Prés, où doit être construite une des usines. • © EMILIE CAYRE / MAXPPP
Le collectif LVEL avance ainsi que la fin des travaux n’aura pas lieu avant le deuxième semestre 2027.
Martial Gerlinger d’Atosca ne doute pas que la justice décide de la reprise des travaux. Il estime que le sursis à exécution obtenu par l’État avec l’appui de sa société, prouve que la décision signifie que, pour la cour administrative d’appel, il n’y a pas de doute sur l’autorisation environnementale permettant de réaliser le chantier. Il estime qu’une fois cette décision acquise, « on a tous les feux verts à nouveau, comme on les avait eus jusqu’à présent ».
Avant cette décision du tribunal administratif, on avait eu tous les feux au vert ». À chaque fois, on gagnait tous les référés, à chaque fois tous les appels (des écologistes) au Conseil d’État ont été rejetés. Donc, on a à nouveau les conditions pour retravailler et je pense que vu l’attente, ça nous conduit nécessairement à redémarrer. »
LVEV s’inscrit en faux à nouveau. Pour son porte-parole, Atosca veut rassurer le public et la justice sur les délais, mais l’enjeu serait pour la société de finir l’autoroute rapidement « pour se faire dédommager par l’État ». « Il n’y a plus aucune logique d’avancement performant, optimisé, etc. Là, ils vont trouver tous les moyens possibles pour faire pression sur la Cour d’appel et terminer coûte que coûte ».
Les travaux, qui s’étendent sur 53 km, ont démarré en mars 2023. Le chantier est à l’arrêt depuis le 27 février dernier. La décision définitive de la Cour d’appel concernant l’autorisation environnementale devrait être rendue en 2026.
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