Jugé en avril pour avoir poignardé un homme dans une épicerie de nuit toulousaine en décembre 2024, Moussa, un Tunisien de 21 ans, a été condamné à 18 mois de prison. Il a affirmé avoir agi sous l’effet de la peur, accusant la victime d’agressions passées.
Dans le box des prévenus, il flotte dans un polo vert trop grand pour sa silhouette nerveuse. Moussa, Tunisien de 21 ans, aux sourcils broussailleux et à la barbe soigneusement taillée, le nez aquilin tranchant, comparait ce jour devant le tribunal correctionnel de Toulouse pour des faits de violence à l’arme blanche.
Le 1er décembre 2024, peu avant l’aube, sur la route d’Albi, une épicerie de nuit devient le théâtre d’un coup de sang. Sur les images de vidéosurveillance, Moussa entre avec sa compagne. Il ressort seul. Puis revient, cette fois pour planter une lame dans le corps d’un homme. La victime n’est pas un inconnu : il est le meilleur ami de l’ex-conjoint de la compagne de Moussa. Un mois plus tard, le 22 janvier, il est interpellé.
Assisté d’un interprète, Moussa raconte sa version d’une voix gênée. Il évoque son arrivée en France, alors qu’il était encore mineur, et sa plongée rapide dans le trafic de stupéfiants. « L’homme que j’ai blessé, c’était mon employeur à l’époque », affirme-t-il. Mais le récit prend une tournure plus sombre : Moussa accuse la victime de l’avoir agressé sexuellement, en le filmant, après avoir refusé de le payer. « Dans l’épicerie, il m’a dit : « Tu ne te souviens pas du jour où on t’a baisé ?” », raconte-t-il, en baissant le regard. « Il m’avait déjà agressé dans le passé. J’étais alcoolisé, j’avais peur. Alors j’ai agi. »
Un récit que Me Nicolas Raynaud de Lage, avocat de la partie civile, balaie d’un revers de main. « Le tribunal fait face à quelqu’un qui raconte une histoire qui n’a ni queue ni tête. Il a voulu jouer les justiciers dans une affaire sans preuves. » L’avocat rappelle que rien, dans le dossier, ne vient étayer les accusations portées contre la victime.
« C’est rien, 18 mois ! »
Même prudence du côté du ministère public. Le procureur note « des zones d’ombre » et appelle à se concentrer sur les éléments tangibles. Il requiert deux ans d’emprisonnement et une interdiction du territoire français pendant cinq ans.
En défense, Me Cynthia Hamiche dresse un tout autre portrait de Moussa : celui d’un jeune homme cabossé, à bout de nerfs. « Au moment des faits, monsieur est une cocotte-minute prête à exploser », dit-elle, en évoquant les agressions que son client aurait subies.
Le tribunal tranche : 18 mois d’emprisonnement, assortis d’une interdiction de séjour en Haute-Garonne pendant deux ans. Dans la salle, sa compagne, soulagée, esquisse un sourire. Elle lui envoie des baisers du bout des doigts, avant de lancer, avec un éclat de voix : « C’est rien, 18 mois ! »