Les 12 et 13 mai, la justice toulousaine examinera un dossier lourd de conséquences pour Tisséo, l’autorité organisatrice des transports en commun de l’agglomération. En toile de fond : des soupçons de favoritisme, un marché public à plus de 4 millions d’euros, et un fils bien placé.
Alors que Toulouse rêvait d’une troisième ligne de métro pour désengorger ses artères, un autre réseau, bien moins public, semble s’être tissé dans l’ombre des appels d’offres. Ce jeudi, le procureur de la République a confirmé que Tisséo Collectivités – l’autorité organisatrice des transports en commun – sera jugée les 12 et 13 mai prochains pour favoritisme. Dans le box des prévenus, le syndicat mixte, son ancien directeur général, son président Jean-Michel Lattes, ainsi que trois entreprises, dont la société de conseil lyonnaise Algoé.
Les faits remontent à 2015. Un marché public de 150 000 euros par an, destiné à accompagner la création de la troisième ligne, a été renouvelé sans mise en concurrence. À la place, 66 bons de commande, toujours pour Algoé. Coût final de l’opération : 4,32 millions d’euros. Soit treize fois le budget initial. Un emballement dénoncé en 2019 par la Chambre régionale des comptes, à l’origine du signalement au parquet. L’enquête révélera un fait troublant : au moment où Algoé obtenait le marché, son dirigeant acceptait de recruter le fils de Jean-Michel Evin, alors directeur général de Tisséo.
« La justice doit aller au bout »
Jean-Michel Lattes, mis en garde à vue, a vu son nom associé à certains documents clés. Mais l’élu, défendu par Me Jacques Levy, plaide la transparence : c’est lui qui aurait alerté la justice une fois les irrégularités découvertes. L’ancien DGS, poussé vers la sortie, porte l’essentiel du soupçon. « Il est important que la justice aille au bout », a déclaré Lattes, visiblement affecté, lors de l’assemblée des élus de Tisséo le 5 février dernier.
Le procès attendu lundi et mardi prochain devra démêler les responsabilités : favoritisme délibéré ou dérive administrative à huis clos ? Derrière les chiffres et les procédures, c’est aussi une certaine idée de la gouvernance publique qui se retrouve sur le banc des accusés. Car si la ligne C est bien censée fluidifier les trajets des Toulousains, les chemins empruntés pour la construire, eux, semblent avoir pris un sérieux détour.