Pour une cigarette refusée, un soir de janvier 2023, à Toulouse, Miloud a failli mourir. Six coups de couteau dont quatre à la tête. L’homme dans le box de la cour d’assises clame son innocence.
Un homme luttant pour sa vie, la gorge transpercée. L’affaire qu’examine la cour d’assises de la Haute-Garonne jusqu’au mercredi 21 mai 2025, pourrait être le symbole d’un des fléaux toulousains : les agressions nocturnes au couteau. D’autant qu’au regard des conclusions de l’enquête de police, cette tentative de meurtre, serait purement gratuite.
Jeudi 12 janvier 2023, vers 1 h 15 du matin, place du Marché aux Cochons, à Toulouse. Un jeune homme ensanglanté déboule de l’avenue des Minimes. Aux témoins qu’il aborde en titubant, il confie dans un râle avoir été agressé, quelques dizaines de mètres en amont, avenue des Minimes. « Est-ce que je vais mourir ? », souffle Miloud, 22 ans à l’époque. Le trio improvise un garrot avec sa veste et lui comprime la jugulaire sectionnée. Lui sauvant sans doute la vie avant que les secours ne prennent le relais.
« Six coups assénés dont quatre à la tête »
La victime s’en sort avec 21 jours d’incapacité légale et la sensation d’avoir flirté avec le néant. Aux enquêteurs, il raconte qu’en sortant d’une soirée arrosée à Jeanne-d’Arc, il a été abordé par un inconnu. L’examen de la vidéoprotection le confirme. L’homme réclame une cigarette qu’il n’a pas. Miloud décrit son agresseur. Un Maghrébin « au teint clair », 1,85 m, yeux globuleux, cheveux mi-longs bouclés, accent étranger. Il lui a crié plusieurs fois « Arrête ! ». En vain.
Vêtu de noir de pied en cap et chaussé de baskets blanches, l’assaillant assène « six coups de couteau dont quatre à la tête », souligne l’avocat général. Dans le genou de la victime, il tourne même la lame après l’avoir plantée. Avant de quitter la scène, capuche relevée, le pas tranquille, sans paniquer. Sur les images, la forme évanescente adresse même un salut furtif aux hommes stationnés place du Marché aux Cochons. Les connaissait-il ?
L’enquêteur principal entendu ce mardi par la cour décrit une scène « d’une violence inouïe et gratuite. On vit dans une société où, pour une cigarette refusée, on peut prendre des coups de couteau », soupire-t-il. Les investigations désignent un suspect : Oussama A.
« À 1 000 %, c’est pas lui ! »
Célibataire, sans enfant, il n’a jamais vécu que de petits boulots. Les chantiers, les marchés, la restauration… Le mis en cause a quitté l’Algérie à 23 ans pour une meilleure vie. De ce côté-ci de la Méditerranée, son existence tient en deux acronymes : SDF et OQTF. Aucun domicile connu et une obligation de quitter le territoire français. Il se dit champion de kickboxing dans son pays natal. Et vendait des cigarettes de contrebande dans la Ville rose pour subsister.

Les investigations techniques, notamment la téléphonie, permettent de le situer à proximité des lieux du crime, ce soir-là. Il occupait l’appartement d’une connaissance, Abdellatif. Il lui a d’ailleurs passé plusieurs appels dans la nuit, car la police l’entendait comme témoin : il est l’un de ceux qui ont sauvé la victime ensanglantée. Par un autre (curieux) hasard, Oussama et Abdellatif se sont retrouvés… compagnons de cellule à Seysses pendant un an. « À 1 000 %, c’est pas lui ! ». Parole de codétenu.
Sur planche photographique, Miloud a pourtant désigné Oussama A. comme son assaillant. « Un flash », précise l’avocat de la partie civile, Me Jocelyn Momasso Momasso. Dans le box, comme en garde à vue, l’accusé défendu par Me Guillaume Conry et soudé à son interprète, maintient sa ligne de défense : il est étranger à cette attaque sauvage.
Verdict attendu mercredi
Les débats se poursuivent devant la cour d’assises de la Haute-Garonne. Le verdict est attendu ce mercredi 21 mai 2025.