Un orage supercellulaire a dévasté la pépinière Bauduc, joyau horticole du Fauga. 100 % des cultures ont été touchées. Entre solidarité et résilience, l’exploitation familiale refuse de baisser les bras.
Il aura suffi d’une dizaine de minutes pour anéantir des mois de travail et bouleverser l’histoire d’une exploitation centenaire. Lundi 19 mai, en fin d’après-midi, un orage supercellulaire d’une rare violence a frappé Le Fauga et ses environs. Un phénomène météorologique aussi bref qu’apocalyptique, avec des grêlons de la taille d’une balle de golf. Parmi les plus touchés, la pépinière Bauduc, pilier horticole de la commune depuis six générations, a vu 100 % de ses cultures impactées.

Un paysage défiguré
« Hier, en voyant tomber la grêle, on a compris qu’on était en train de tout perdre », souffle Fabienne Bauduc, la gérante. « Mais le pire, c’était ce matin, une fois les grêlons fondus. C’était apocalyptique. » Avec son fils Pierre Brion, elle tente encore de mesurer l’ampleur des dégâts. Sur les 16 hectares de plein champ et les 4 hectares de cultures en pots, plus de 40 000 plantes ont été touchées, dont 15 000 prêtes à être vendues ce printemps et la saison prochaine.

Feuilles broyées, fleurs pulvérisées, troncs blessés par l’impact des grêlons, pots éclatés : « C’est du jamais vu », lâche Pierre. « Les plantes ont été hachées menu. Même les gros oliviers et sujets plus rustiques n’ont pas été épargnés. » La scène laisse peu de place au doute : la pépinière, qui s’apprêtait à entrer dans une saison clé, se retrouve brutalement à l’arrêt.

Solidarité et combativité
Face au choc, la solidarité s’est manifestée sans attendre. La fédération horticole Verdir, des paysagistes, des confrères… De nombreux partenaires ont pris contact dès les premières heures pour proposer leur aide. « C’est bon de se sentir soutenus dans ces moments-là », confie Pierre.

À la pépinière, les 13 salariés sont à pied d’œuvre. Il faut nettoyer, réparer les systèmes d’irrigation, estimer les pertes, tenter de sauver ce qui peut l’être. Un traitement à la bouillie bordelaise pourrait permettre de conserver quelques plantes pour l’automne. L’ombrière a protégé une partie des hortensias, et les filets ont tenu bon. Une zone accueillera prochainement des plantes fournies par les partenaires, pour conserver le lien avec la clientèle locale.

Le magasin, lui, reste fermé jusqu’à nouvel ordre. Les pertes s’annoncent considérables : plusieurs centaines de milliers d’euros, sans qu’un chiffrage précis ne soit encore possible.
Un coup dur, mais pas un coup de grâce
Deux ans plus tôt, un système mutualisé de lutte anti-grêle avait été abandonné. Depuis, la pépinière est restée sans protection. « C’est un coup dur, le plus dur qu’on ait connu », admet Fabienne. Mais dans le regard embué de larmes, une étincelle de détermination persiste.

« On a tenu six générations, on ne va pas plier aujourd’hui », affirme Pierre. Le message est clair : la pépinière Bauduc, malgré la violence du choc, ne compte pas tirer un trait sur son avenir.