Tirs à l’arme de guerre sur un immeuble au Mirail : la famille qui a échappé au drame témoigne. Une enquête est ouverte à Toulouse, alors que la peur et l’incompréhension gagnent les habitants d’un quartier déjà sous tension.
Dans son appartement situé aux étages, allée de Bellefontaine, Omar prend soin de son épouse. Alitée depuis dimanche matin, elle reste sous le choc. La nuit précédente, une rafale d’arme automatique tirée depuis le pied des tours a fracassé le silence du salon familial.
Une nuit de terreur dans un appartement paisible
Un projectile, d’une puissance de destruction exceptionnelle, a traversé leur logement à une vitesse fulgurante. Il était un peu plus de 5h15, dimanche, lorsque le vacarme d’une arme de guerre a glacé le sang des habitants du quartier du Mirail, réveillés en sursaut. Omar, artisan, a immédiatement pressenti qu’un événement anormal s’était produit : « J’ai entendu le choc, je ne pensais pas que la balle avait tout traversé. » Il découvre alors l’ampleur des dégâts dans son salon.
Stupéfait, il montre les stigmates du calibre 7.62 qui a traversé l’appartement comme s’il s’agissait d’une motte de beurre. La balle a perforé volet, double vitrage, a rebondi sur le plafond, avant de percer deux murs et un placard ! Elle a fini sa course dans des vêtements. « La police scientifique a finalement retrouvé le projectile dans les habits pliés », commente Omar. Sa télévision, récemment achetée pour 2 000 euros, est fichue, « demain j’appellerai l’assurance en espérant qu’ils me remboursent. »
« Je veux partir d’ici »
« Je ne comprends pas, ils ont tiré trois rafales sur la façade… On se croirait dans un film d’action ! Pourquoi ? » s’interroge Omar, accablé par cette violence absurde. Par miracle, personne n’a été blessé. Cette famille sans histoire, qui compte plusieurs enfants, est « seulement » traumatisée. « Je veux partir d’ici. Je tiens à ma vie et à celle de ma famille », explique-t-il. Il rappelle avoir fait une demande de relogement dès 2017.

Depuis les faits, Omar échange beaucoup avec ses voisins, eux aussi bouleversés. « Tout le monde est choqué. Imagine : tu es chez toi, tu n’as aucun problème avec personne, et on tire à l’arme de guerre dans ta maison. » Il réclame des mesures de sécurité : « Ils doivent impérativement installer des caméras dans ce secteur. Il y a l’école, le terrain de foot… » Convaincu que les tireurs ne viennent pas du quartier, il lâche : « C’est calme ici. Le commissariat est juste en face. »
Pourquoi avoir tiré sur des habitations ?
Pourquoi un ou plusieurs individus ont-ils tiré à l’arme de guerre sur un immeuble habité par des familles étrangères, pour la plupart, à toute rivalité liée au narcotrafic ? Le parquet de Toulouse a ouvert une enquête pour violences avec arme. Les enquêteurs explorent plusieurs pistes : intimidations sur fond de guerre de gangs, rendez-vous entre bandes rivales qui a mal tourné, ou encore geste inconscient d’un individu isolé ayant tiré en l’air. Un expert souligne : « Il faut garder en tête que ces armes de guerre, lors d’un tir, provoquent un recul important qui peut déstabilisé un tireur débutant ou mal entraîné. »
« Il y avait naguère un point de deal impasse Richard, mais on l’a démantelé » souligne une source policière qui n’exclut toutefois pas la thèse des représailles ou du règlement de comptes. Sur la façade de la tour allée de Bellefontaine, trois impacts de balles sont encore visibles sur les murs. Heureusement, ces projectiles-là n’ont pas traversé.