Les travaux de l’A69 entre Toulouse et Castres sont suspendus, et entre Verfeil et Castres, les automobilistes doivent composer avec un trajet devenu de plus en plus éprouvant. Mélange de routes à vitesses variables, circulation dense et chantier permanent, le parcours est devenu un véritable casse-tête, à la fois dangereux et frustrant pour les usagers comme pour les habitants.
Le trajet entre Verfeil et Castres, sur la RN 126, ressemble de plus en plus à une épreuve. Une succession de changements de vitesses, d’aires de travaux, de routes étroites et de zones de chantier semble s’être immiscée dans le quotidien de ceux qui l’empruntent.
Ce mardi matin, veille d’une journée cruciale pour l’avenir du chantier de l’A69 et alors que le soleil se fraye un chemin jusqu’au bitume qui s’assèche, le trajet se dessine déjà comme une sorte d’épreuve d’endurance. On passe de 80 km/h à 90, puis à 70, avant de se retrouver à 50 km/h à l’entrée d’une commune ou d’une zone de travaux, pour repartir à 110 sur un tronçon de deux voies… une gymnastique permanente. La fluidité du trafic est mise à rude épreuve par ces changements incessants de limitation, ces giratoires qui se succèdent et les ralentissements liés aux chantiers.
Travaux et terre séchée
La RN 126, qui avait déjà la réputation d’être une route mal adaptée aux camions et aux utilitaires, relève aujourd’hui bien plus du parcours du combattant que d’un simple itinéraire à emprunter quotidiennement, comme sont pourtant contraints de le faire des milliers d’usagers. Dans chaque virage, des véhicules se croisent. Dans chaque ligne droite, d’autres se doublent, avec la lourde présence des poids lourds qui brassent une poussière à couper au couteau et salissent la chaussée dès qu’il pleut. La densité du trafic est élevée, surtout en matinée, quand les travailleurs sont tous de sortie, à l’instar de Julien, camionneur croisé à l’entrée de Saïx, qui avoue avoir de plus en plus de mal à supporter les contraintes liées au chantier. « C’était déjà compliqué, mais maintenant, c’est pire. »
Sur la route, c’est un décor de chantier permanent. Les panneaux signalétiques annonçant des dangers à venir se succèdent et les plots de signalisation orange jalonnent les bords de route où des lignes provisoires ont été tracées au sol à la va-vite, comme un avertissement constant des travaux qui ne semblent jamais se terminer. Le spectacle de la terre séchée s’étend sur des kilomètres, créant un paysage défiguré par des montagnes de terre et des ponts partiellement achevés, comme les vestiges d’une promesse non tenue.
« Ça rend les gens nerveux »
Parfois, le regard s’attarde sur un engin de chantier à l’arrêt, abandonné là, au bord de la route. Il semble faire partie du décor. Fabrice, électricien qui travaille dans le secteur de Puylaurens, exprime avec une pointe de lassitude ce qu’il vit au quotidien. « C’est clair que c’est fatigant de travailler au milieu de tout ça. On se déplace beaucoup et on se rend compte qu’on doit être d’autant plus vigilants sur la route à cause des travaux qui rendent les trajets plus dangereux, plus encombrés. Et ça rend les gens nerveux. Il y en a qui doublent n’importe comment, encore pire qu’avant. »

Françoise, restauratrice à Saïx, observe la tension qui monte parmi les habitants. « Les gens en ont marre, franchement. Cette route n’est pas faite pour voir autant de voitures et de camions défiler. Il est temps que les travaux aillent au bout et se terminent parce qu’on étouffe. » La frustration est palpable, accentuée par des trajets plus longs, plus fatigants, et des risques accrus.
« Ce serait une bêtise de laisser ça comme ça »
Jean-Pierre, retraité venu des Landes, s’accorde une pause avec son épouse au café de Soual. « Personnellement, je ne connaissais pas du tout ce coin du Tarn, et je trouve ça dommage », dit-il après avoir éprouvé le trajet. « On a suivi de loin le débat sur la construction de l’autoroute. On a compris que les gens d’ici la voulaient, mais que les défenseurs de l’environnement étaient contre. Peu importe tout ça finalement, maintenant que le chantier est commencé, ce serait vraiment une bêtise de le laisser comme ça, à l’abandon, et de ne pas le terminer. »

La patience des habitants semble avoir atteint ses limites. « On étouffe un peu », répète Françoise, comme pour appuyer le portrait d’une région prise en étau entre le projet d’une autoroute qui n’en finit pas et un quotidien de moins en moins supportable.