Vendredi 30 mai il ferraillait sur les courts de « Roland ». Spécialiste du double (N°54 mondial, meilleur classement), le fiston de l’ancien joueur, entraîneur et recruteur du Tef (Dominique Arribagé) dit ne vivre que pour la petite balle jaune. Licencié au Stade Toulousain Tennis Padel, le gaucher de 24 ans (1m91-87kg) ne cache pas ses ambitions. Avant le tournoi, Théo nous en avait longuement parlé. Avec la bénédiction du père qui ne rate pas un seul match de sa progéniture !
Vous avez débuté le football au TFC à l’âge de 6 ans, le tennis à Balma 4 années plus tard ; à 12 ans, vous privilégierez le jeu de raquette. Pourquoi ?Globalement, déjà, je ne me voyais pas finir, entre guillemets, derrière un bureau ; j’aspirais à être sportif. Je ne savais pas dans quel sport, mais je savais intérieurement que je serais professionnel. Et si je voulais avoir un bon niveau, c’était mon but, il fallait faire un choix. À 12 ans, j’ai tranché : le tennis « matchait » avec ma personnalité.
Qu’est-ce que vous adorez, comme vous dites, dans le tennis ?C’est un sport individuel, alors cela peut paraître assez paradoxal puisque je me suis spécialisé dans le double (sourire). N’empêche : le côté hyper tactique où tu dois essayer de trouver des solutions pour contrer ton adversaire, la dimension physique également avec le fait de courir après la balle et multiplier les courses. Puis…

Oui…La compétition. Je m’en nourris. Au foot, c’est un match par semaine ; là, au tennis, plus jeune, je pouvais jouer jusqu’à 3 tournois la même semaine, me retrouver à disputer 10 matchs en huit jours ! Le sport, je ne vis que par ça. D’ailleurs, ado, j’ai touché un peu à tout : du volley, du hand – vice-champion de France, bon UNSS, mais quand même ça compte (il rigole)… Oui, j’étais plus à l’aise dans le sport qu’à l’école, c’est clair et net. J’avais aussi une fratrie de sportifs avec la natation pour ma sœur et le foot pour mon frère. Ce sont de faux jumeaux, je suis leur aîné d’un an et demi.
Votre père n’était pas chagriné que vous renonciez au ballon rond…Non, franchement. Lorsqu’il a stoppé sa carrière, il s’est mis au tennis disons sérieusement : classé 15, pas mal. Il aime beaucoup. Bref, je n’ai jamais eu de pression sur le fait de choisir un sport ou l’autre ; j’ai toujours pu faire ce que je voulais.
Vous jouez de temps en temps ensemble ?Bien sûr. Après, je considère aujourd’hui son niveau pas assez fort pour me renvoyer des balles… Du coup, on joue au padel. On fait des matchs à 2 contre 1, mon frère et mon père contre moi. Si je suis un peu entamé physiquement, ils y arrivent ; ils ont gagné le dernier match, d’ailleurs. En revanche, si c’est un contre un, papa ne gagne même pas un jeu !
Avec Dominique, il paraît que vous débriefez chaque match tous les deux…De toute façon, c’est simple, je pense que c’est la personne qui suit le plus ma carrière. Après chaque partie, que je perde ou que je gagne, c’est la première personne que j’appelle. C’est un petit rituel entre nous deux. Plus ou moins court si je suis énervé. Mais papa se débrouille pour regarder toutes mes rencontres.
Quel est votre style de jeu ?Je ne suis pas un fan du fond du court, je fais beaucoup de services/volées. J’adore monter au filet, ce qui va très bien avec le double, justement, cependant pour lequel je n’ai opté que tardivement. Il y a trois ans environ.
Et il y a déjà un gros résultat avec l’ATP 250 de Buenos Aires à la mi-février. Racontez-nous.Sur terre battue, ma surface de prédilection. Avec mon nouveau partenaire, régional de l’étape : Guido Andreozzi qui me rend 10 ans. Avant le tournoi, j’avais un bon pressentiment. Je lui disais : « Guido, écoute, on peut vraiment gagner ce tournoi, à condition de croire en nous. » Résultat : on a joué à un niveau assez incroyable toute la semaine, Guido a fait un énorme match au premier tour contre ses compatriotes qui jouent la Coupe Davis, Gonzalez/Molteni. Il avait tous ses proches dans les gradins et, à chaque point, ils se levaient, c’était dingue. Mon meilleur souvenir : Guido était ému. À titre de comparaison, c’est comme si moi je gagnais Roland-Garros. Au fait, on va faire Wimbledon. Puis l’US Open. Il n’y a pas de qualifications pour les doubles quand tu es dans le cut pour faire simple.
Quels sont vos objectifs à court, moyen et long terme ?Pour la saison je dirais intégrer le top 30, ce serait pas mal.
C’est élevé, non ?D’accord, j’ai des ambitions débordantes, c’est toujours un peu tabou en France. Or je ne me mets aucune limite – dès cette année. Jusqu’à la gagne d’un Majeur, pourquoi pas… L’on sait qu’on peut perdre contre tout le monde mais également gagner tout le monde. Il n’y a pas une équipe où on se dit que ce n’est pas jouable. Tout peut se passer, en double on est très proches. De toute façon, plus tard, c’est ça : remporter des Grands Chelems. Devenir N° 1 mondial. Voilà, c’est osé. Peut-être que je n’y arriverai jamais, en tout cas ce sont les buts que je me suis fixé.
Les voyages, la course au prize money… tout ça ne doit pas être évident à appréhender ?Je joue en moyenne 45 semaines par an, partout sur la planète, deux à trois avions par semaine je suis obligé. Je sais que je n’ai quasiment jamais de semaines de relâche. Les semaines off, c’est quand je suis blessé. Aujourd’hui, je n’ai pas le million mais par rapport à avant où je perdais de l’argent, là je commence à bien me débrouiller. À gagner ma vie.
Quel était votre modèle de joueur ?Je n’en idolâtrais pas 150, mais il y a toujours eu Rafa. Ah, Nadal. Sa dimension athlétique, son mental, hallucinant. J’avais des posters dans ma chambre, Rafa et les Français Monfils et Tsonga. Rafa, j’ai eu le plaisir de le jouer l’été dernier, au mois de juillet, sur un de ses tout derniers tournois avant les JO. Il faisait la paire avec Casper Ruud. Moi j’étais avec le Russe Roman Safiullin. Et on a perdu au super tie-break 12 à 10 après avoir eu une balle de match… Moment magique. Assurément.
On y revient : cette filiation de sportif de haut niveau avec votre père a été déterminante dans votre parcours ?Oui-oui, c’est sûr. Je pense que si mon père n’avait pas été sportif professionnel, j’aurais vu les choses différemment. Je n’aurais pas été comme ça. Ce côté gagneur, c’est de famille ! Papa est mauvais perdant.