Amine Rachad, artiste numérique et compositeur, transformera l’Arc de Triomphe à Paris pour le Nouvel An avec son mapping innovant. Ses créations, mêlant technologie et art, naissent dans ses studios, à Toulouse. Rencontre.
Comme Batman avec sa Batcave, Amine Rachad dispose de studios cachés… au sous-sol du centre artistique Lieu Commun, à Bonnefoy. Il faut ouvrir une porte dérobée et descendre un escalier pour dénicher cette pièce capitonnée, dans laquelle deux gros bureaux se font face. L’un est pour l’image, l’autre pour la musique. Le Toulousain de 46 ans est en effet à la fois artiste numérique et compositeur. Il travaille actuellement sur le mapping de l’Arc de Triomphe, à Paris, pour la soirée du Nouvel An. Sur ses écrans, il dessine deux séquences de 30 secondes pour le show final du 31.
Le monument s’y décline dans un romantisme XXL, il se couvre de fleurs énormes puis se transforme en une architecture du futur, aux courbes organiques. Ses créations s’animeront juste avant minuit et le grand feu d’artifice. Un moment de grande visibilité ! C’est la deuxième année consécutive qu’Amine crée du mapping pour l’Arc de Triomphe. Le dernier soir de 2024, il avait joué deux heures lors d’une performance inédite en temps réel.

Véritable pointure dans son domaine, ce « geek » préfère se définir comme un « new media artist ». Il fait du mapping depuis dix ans et il a tout appris par ses propres moyens – « Je passe la moitié de ma vie à regarder des tutos », sourit-il. Il travaille avec des institutions ou des agences de création, dont certaines pour le luxe, des musées ou dans le milieu de la musique, pour des scénographies et des performances visuelles. Il vient de livrer cinq tableaux de décor animés pour l’émission « La France a un incroyable talent » (M6). L’été dernier, il a réalisé un projet pour Cartier à Istanbul. Récemment à Toulouse, on l’a vu prendre possession de l’écran immense de la salle Dolby, au Pathé Wilson, lors d’une soirée techno immersive d’un nouveau genre, où il avait allié mapping, technologie 3D en temps réel et Intelligence artificielle générative.
Des œuvres contemplatives, immersives et interactives
L’arrivée de l’IA en 2022, l’a boosté dans ses créations. « Je l’ai complètement intégrée. Elle augmente mes capacités », se félicite celui qui vient d’être sélectionné par le ministère de l’Économie et des Finances pour être ambassadeur IA auprès des PME. On lui doit aussi l’installation « Réminiscences futures », exposée dans un container du Quai des savoirs, lors de l’expo « IA : Double Jeu », qui avait rencontré beaucoup de succès. « Le public est hyper prêt mais les collectivités sont encore frileuses. C’est un art ludique, accessible, moins intimidant que la peinture par exemple, estime-t-il. J’utilise tous les outils – son, espace, lumières, pixels – pour créer des œuvres contemplatives, immersives et interactives, et de l’émotion. » Il adore aussi faire de la médiation culturelle, notamment avec les jeunes, pour partager son approche.
DJ, producteur et directeur artistique, il a fait partie du trio infernal « Le Catcheur, La Pute & Le Dealer », aux côtés de Mick Athias et JiF. « J’étais le Catcheur ! » Leurs soirées burlesques trash, dont il composait la musique, ont fait le tour du monde pendant cinq ans. « C’était vraiment rock’n’roll… » Ses projets musicaux actuels se partagent avec le DJ percussionniste Max Tenrom, avec lequel il a créé Karmaâ, un duo afro house à vocation multiculturelle, qui se produit régulièrement au café Ginette. Il joue par ailleurs souvent dans les soirées hard techno Koalition au Bikini. Depuis sa Batcave où pixels et beats se répondent, Amine Rachad poursuit en toute discrétion son travail, qui éclaire aussi bien les monuments que les dancefloors.























