« Une catastrophe sociale en cours ». Le 13 avril dernier, le ministre de l’Économie Éric Lombard a annoncé que le pays allait devoir réaliser « un effort supplémentaire de 40 millions d’euros » l’an prochain, un engagement « très considérable ».
Il sera réalisé « essentiellement » sous la forme d’économies, mais « ça peut être aussi une augmentation des recettes liées à la croissance », a précisé le patron de Bercy sur BFM Politique, refusant de qualifier cette politique « d’austérité ».
Pourtant, après l’annonce par Donald Trump de droits de douane sur tous les partenaires commerciaux, le ministre de l’Économie refusait d’envisager « de nouvelles coupes dans les dépenses publiques qui auraient un impact négatif sur l’économie, les entreprises et les Français ».
À rebours de ce discours, Éric Lombard a également annoncé son souhait que la contribution différentielle sur les plus hauts revenus appliquée en 2025, qui fixe un taux minimal d’imposition de 20 %, soit « pérenne », dans « un souci d’équité ».
Une mesure qui « toucherait quelques dizaines de milliers de contribuables » qui « ne devra en tout état de cause pas pénaliser l’outil de travail ni l’investissement dans notre économie », a assuré le cabinet du patron de Bercy.
Réagissant à l’annonce du ministre de l’Économie, le député LFI de Haute-Garonne Christophe Bex juge que « c’est tout notre héritage commun qui est désormais en grand danger, et en premier lieu notre Sécurité sociale ».
« Les députés ne peuvent pas tenir sans un soutien populaire inédit »
Dans sa quête de 40 milliards d’euros d’économies pour 2026, le gouvernement explore plusieurs pistes, dont le renforcement des jours de carence en cas d’arrêt maladie. De son côté, la Cour des comptes propose de moduler les remboursements de soins selon les revenus des assurés.
Lors de la conférence des finances publiques menée par François Bayrou le 22 avril dernier, la ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin a pointé une hausse préoccupante des arrêts maladie.
L’objectif sous-entendu étant de réduire le recours aux arrêts de travail jugés excessifs, afin d’augmenter le temps de travail effectif des Français. Des propos réitérés dès le lendemain sur TF1.
Ceux qui travaillent et qui ont un contrat ne travaillent pas moins que les Allemands, sauf qu’on a beaucoup plus d’arrêts maladie. Et les arrêts maladie, aujourd’hui, ont augmenté, pour la facture collective, de 25 % depuis la fin du Covid », a déclaré Amélie de Montchalin.
Or, en Allemagne, les salariés malades ont droit au maintien du versement de l’intégralité de leur salaire pendant six semaines. Ce n’est qu’ensuite que l’assurance maladie publique intervient. La charge pour l’État n’est donc pas la même.
Si un rapport de l’OCDE publié en décembre 2023 confirme que la durée moyenne des arrêts maladie est plus longue en France qu’en Allemagne (15 jours contre 10), il n’établit pas de distinction claire entre secteur public et privé.
En France en revanche, d’après un rapport de l’Inspection des finances, les salariés du privé ont été absents 11,7 jours en moyenne en 2022, contre 14,5 jours dans la fonction publique. Un phénomène que la ministre du Travail impute notamment à « un management vertical ».
Concernant le remboursement des soins selon le revenu des assurés, une telle réforme, si elle venait à se concrétiser, provoquerait (sans doute) une forte opposition politique et marquerait un tournant majeur pour le système social français.
La Sécurité sociale a été arrachée à l’issue de la Seconde Guerre Mondiale par la mobilisation populaire et avec l’appui du ministre du travail de l’époque, le communiste Ambroise Croizat. C’est un héritage à défendre, à protéger, à chérir », insiste Christophe Bex.
Avant de poursuivre : « En tant que député, j’alerte sur la catastrophe sociale en cours. Pour résister, les députés ne peuvent pas tenir sans un soutien populaire inédit. Il nous faut envoyer un signal fort le 1er mai ».
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