Un choix « inexcusable ». Le 7 mai dernier, le président intérimaire de la Syrie Ahmed al-Charaa s’est rendu à l’Élysée pour sa première visite en Occident, une semaine après les affrontements entre les forces loyalistes et des combattants de la minorité druze (près de 1.000 morts).
Emmanuel Macron a salué son homologue syrien d’une poignée de mains dans la cour d’honneur du palais présidentiel, en présence de la garde républicaine, ont constaté nos confrères de l’AFP. Un acte particulièrement critiqué.
Ancien leader du Hayat Tahrir al-Cham, une branche d’Al-Qaida en Syrie, Ahmed al-Charaa a également dirigé le Front Al-Nosra, organisation classée comme terroriste par l’ONU. Il n’est normalement pas autorisé à voyager, mais les Nations Unies ont fait une exception.
S’il jure avoir abandonné le djihadisme, le président syrien par intérim est suspecté par le renseignement américain de ne pas avoir renié son passé, relate Europe 1. Les États-Unis seraient en effet sceptiques sur le retournement qu’aurait effectué l’ex-djihadiste.
Pour le député européen RN Julien Leonardelli, « rien ne peut excuser le fait qu’Emmanuel Macron accueille sans scrupules à Paris, un héritier d’Al-Qaida ». Et d’ajouter : « Un jour ou l’autre, il devra rendre des comptes aux Français, en commençant par les familles de victimes ».
« Assurer la protection de tous les Syriens sans exception »
Lors d’une conférence de presse commune, après un entretien de plus de deux heures, Emmanuel Macron a demandé à son homologue syrien de « tout mettre en œuvre pour assurer la protection de tous les Syrien sans exception ».
Le locataire de l’Élysée a aussi dit qu’il devait « s’assurer que les auteurs » des récentes violences soient « poursuivis et jugés ». Il a même plaidé pour que l’Union européenne « sanctionne systématiquement les auteurs de ces crimes ».
De son côté, Ahmed al-Charaa a assuré que la sécurité des Syriens est « la première priorité ». Il a également martelé qu’il n’y aurait « pas de place pour les confrontations confessionnelles » en Syrie, et a estimé avoir « prouvé » être « un partenaire fiable pour la lutte contre le terrorisme ».
En jeu, la levée des sanctions imposées au pouvoir de Bachar al-Assad, qui pèsent lourdement sur l’économie du pays, exsangue après 14 ans de guerre civile, avec, selon l’ONU, 90 % des Syriens vivant sous le seuil de pauvreté.
Le chef de l’État français a plaidé pour une « levée des sanctions » économiques européennes dès juin, et a appelé les États-Unis à en faire autant, quitte à refaire le point régulièrement pour voir si Damas tient ses engagements.
Il a aussi estimé que Washington devait retarder « au maximum » le retrait annoncé de la moitié de leurs militaires déployés en Syrie dans le cadre de la coalition contre les jihadistes du groupe État islamique, rapportent nos confrères de France 24.
Pour rappel, Ahmed al-Charaa a pris le pouvoir après que son groupe Hayat Tharir al-Sham a mené une offensive éclair qui a renversé l’ancien président de longue date Bachar al-Assad, en décembre dernier.
Membre de la minorité alaouite en Syrie, il a fait régner la terreur pendant 24 ans, après avoir succédé à son père Hafez al-Assad. Depuis 2011, le pays était frappé par une guerre civile qui a fait environ 500.000 morts.
Parmi les évènements les plus meurtriers, une attaque chimique, imputée au régime par les États-Unis, et qui aurait causé plus de 1.000 morts près de Damas en août 2013, tandis que de nombreux morts sont recensés via les attaques aériennes menées régulièrement par l’armée syrienne.
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