Une réponse humaine à un fléau encore trop présent. À l’hôpital Paule de Viguier, le CHU de Toulouse vient de franchir une nouvelle étape dans son combat contre la maltraitance infantile. L’UAPED 31, unité de référence en région pour l’accueil et la prise en charge des enfants victimes ou potentiellement victimes de violences, bénéficie désormais de nouveaux locaux optimisés. Cette initiative s’inscrit dans une ambition globale d’améliorer l’accueil, la protection et l’évaluation médico-psycho-sociale des mineurs victimes, le tout dans un cadre apaisé et adapté.
Une unité de référence au cœur du dispositif régional
Créée en partenariat avec la Justice et l’Agence Régionale de Santé, l’UAPED 31 s’impose comme un pôle de référence pour l’Occitanie Ouest. Elle prend en charge des mineurs de moins de 15 ans victimes de violences physiques, psychologiques, sexuelles, ou exposés à des négligences graves et à des situations familiales délétères.
L’unité agit aussi bien en amont qu’au cours d’une procédure judiciaire, selon des modalités très encadrées. Son fonctionnement repose sur une approche pluridisciplinaire, et mobilise pédiatres, psychologues, éducatrices, assistantes sociales et professionnels de la justice. Cette équipe soudée, coordonnée par le Pr Yves Chaix et le Dr Audrey Cartault, veille à « limiter le stress lié à la multiplication des rendez-vous » et à « proposer un accompagnement adapté ».
L’UAPED 31 regroupe une équipe pluridisciplinaire composée de deux pédiatres, deux éducatrices, deux psychologues, deux assistantes sociales et d’une secrétaire médicale. © CHU de Toulouse
Des locaux pensés pour les enfants
L’innovation majeure de ces nouveaux locaux est la création d’une salle d’audition baptisée « salle Mélanie », mitoyenne des bureaux des principaux intervenants. Ce dispositif unique permet aux enfants d’être entendus par les enquêteurs dans un cadre rassurant et médicalisé, tout en réduisant les déplacements et la charge émotionnelle.
La nouveauté est la mise à disposition, à côté des bureaux des principaux intervenants […] d’une salle d’audition permettant le recueil de la parole de l’enfant par les enquêteurs dans un environnement pédiatrique », précise le Pr Chaix.
Salle Mélanie. © CHU de Toulouse
Une psychologue accompagnera systématiquement l’enfant durant l’audition initiale, tandis qu’un second enquêteur et un professionnel hospitalier assisteront à l’enregistrement dans un local technique adjacent. Un dispositif d’enregistrement audio-visuel sécurisé est prévu, complété par une vitre sans tain permettant de former d’autres professionnels, sans perturber la procédure.
Une montée en puissance face à une réalité préoccupante
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : entre 2003 et 2024, le nombre de dossiers traités par l’UAPED est passé de 79 à 429, avec une nette accélération ces dernières années. En 2024, l’unité a ainsi géré 93 réquisitions judiciaires, dont 42 auditions filmées, et évalué 201 situations en amont d’une procédure.
Cette hausse s’explique notamment par une meilleure organisation territoriale, un repérage plus efficace grâce aux formations et à une « libération de la parole en général », selon le Pr Chaix. Ce dernier souligne par ailleurs qu’auparavant, certaines auditions n’étaient tout simplement pas réalisées.
Une mission au-delà des soins
L’UAPED ne se limite pas à la prise en charge immédiate. L’unité intervient également dans la formation des professionnels de santé et la coordination des acteurs impliqués dans la lutte contre les violences faites aux enfants. Elle collabore ainsi avec les services du CHU, la justice, le conseil départemental, les associations ou encore les centres ressources pour auteurs de violences sexuelles.
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