Elle est censée être la première pierre du SERM et du futur RER toulousain… La ligne Auch-Toulouse, la plus prisée de l’agglo avec près de 10 000 voyageurs par jour, et qui dessert notamment la gare de Colomiers, peut-elle réellement disparaître ? Comme Actu.fr vous l’expliquait il y a quelques jours, des travaux sont nécessaires sur cette ligne ferroviaire qui est aussi « l’une des plus vétustes d’Occitanie », mais un bras de fer oppose l’État et la Région sur leur financement… au point que la SNCF a assuré que son avenir était menacé dès 2026. Comment imaginer qu’elle disparaisse alors que dans le même temps, Colomiers s’apprête à devenir un grand pôle d’échanges multimodal de l’ouest de la Métropole, en accueillant aux portes de la gare… le terminus de la ligne C du métro ?
Une « profonde inquiétude » venue du Gers
C’est le président du Conseil départemental du Gers, Philippe Dupouy, qui a, le premier, sonné l’alerte fin avril : « J’ai récemment été destinataire des échanges de courriels entre Monsieur Alain Castanier, préfet du Gers et Madame Catherine Trevet, directrice territoriale Occitanie de SNCF Réseau, concernant la suspension des investissements sur la ligne ferroviaire Toulouse-Auch », avait écrit l’élu au ministre des Transports, lui faisant part de sa « profonde inquiétude à ce sujet ».
La direction de SNCF Réseau alerte que, faute de réalisation des travaux indispensables programmés initialement cette année 2025, les circulations ferroviaires pourraient être suspendues fin 2026, la voie étant actuellement exploitée sous couvert d’une dérogation.
« Un contresens absolu » pour les maires de l’ouest toulousain
Quelques jours plus tard, la Région Occitanie s’inquiétait à son tour de la situation, assurant au passage que ce n’était pas elle qui avait « demandé de suspendre les travaux », mais bien l’État, tout en promettant qu’elle « ne lâcherait rien ».
Entretemps, le député (PS) Arnaud Simion et quatre maires de l’ouest (Colomiers, Léguevin, Pibrac et Brax) se sont fendus d’un communiqué dans lequel ils s’offusquent de « la suspension des investissements prévus pour 2025 » sur cette ligne, alors même que « la situation de la voie nécessite des travaux urgents, comme l’a rappelé SNCF Réseau ». Et ils regrettent que « le Projet de loi de finances pour 2025 prévoit une baisse de 800 millions d’euros de la dotation à l’AFITF (Agence de financement des infrastructures de transport de France), ce qui réduit directement les capacités de financement ». Sans parler du besoin « d’équité territoriale », ces élus estiment que la suspension des travaux est un « contresens absolu ».
Alors que l’arrivée du métro à Colomiers en 2028 est une véritable marche dans la transition socio-écologique, la menace de la suspension de la ligne Toulouse-Auch est un contresens absolu face aux défis qui sont devant nous.
Une interruption « inconcevable » pour Karine Traval-Michelet
En comité syndical de Tisséo, mercredi 7 mai 2025, Karine Traval-Michelet, maire (PS) de Colomiers, en a remis une couche : « Nous avons appris que la ligne Toulouse-Auch pourrait potentiellement être interrompue dès janvier faute de financements de l’État », a-t-elle attaqué. « Or, c’est la ligne support du TER, dont on parlait du doublement en vue d’aller rechercher les voyageurs à Brax et Pibrac, dans la perspective du pôle d’échanges multimodal et du terminus du métro à la gare de Colomiers ».
Il est inconcevable que cette ligne puisse s’interrompre, qui plus est en janvier. Et on nous l’apprend de façon presque informelle !

« Une régression du réseau » ferroviaire, selon Jean-Michel Lattes
Interrogé par la maire de Colomiers sur ce dossier, le président de Tisséo Jean-Michel Lattes n’a pas mâché ses mots, répétant à plusieurs reprises : « C’est ahurissant ».
Je suis complètement ahuri par cette décision [de suspendre les travaux voire de menacer la ligne, NDLR]. Faire cela à un moment où on est en train de développer les trains du quotidien et le SERM, c’est inconcevable.
« On n’est plus dans le développement du réseau, mais dans sa régression », a encore tancé Jean-Michel Lattes.
« Tout notre projet à Colomiers est remis en cause »
C’est d’autant plus incompréhensible pour le président de Tisséo que la future station de métro située aux portes de la gare SNCF sera un terminus et un navire amiral de la ligne C, qui doit entrer en service fin 2028.
Tout notre projet à Colomiers est remis en cause par cette décision, car on a longuement travaillé sur l’intermodalité à la gare. Alors que le président de la République annonce 100 millions sur le SERM, comment peut-on annoncer derrière la fermeture de cette ligne ? Cela interroge…
« Je n’irais pas jusqu’à dire que nos investissements n’ont servi à rien, mais Tisséo serait très impacté par cette décision, et doit réagir », a insisté Jean-Michel Lattes. « Nous devons mettre en avant l’incohérence que cela représente par rapport au terminus de la ligne C dont on affaiblit d’un coup l’intérêt ».
À l’unisson, les élus de Tisséo (de tous bords politiques) ont annoncé le prochain envoi d’un courrier à l’État et à la SNCF, pour « que chacun assume ses compétences ».